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Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du MNLA : «Rien ne bloque le retour de l’Etat à Kidal…»

Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Mahamadou Djéri  Maïga, ex-chef rebelle du Nord et non moins actuel vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla)  apporte des éclaircissements  sur certains sujets qui défrayent la chronique depuis une semaine. Il s’agit, entre autres, de la nomination du député RPM, Oumar Sididjè Traoré alias «Gaucher»  comme conseiller spécial du président du Mnla, la célébration du 6 avril comme date anniversaire de ‘’l’indépendance’’ de l’Azawad et le retour de l’Administration à Kidal.

L’installation des autorités intérimaires, la mise en place du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), le retour de l’Etat et des forces armées et de sécurité dans la région de Kidal et l’instauration d’un climat de confiance entre les différentes parties signataires de l’accord connaissent des difficultés.  Cette situation d’incertitude dans le processus de mise en œuvre de l’accord ne laisse aucun  acteur indifférent. C’est  ce que le vice-président du Mnla a compris  en décidant de briser le silence pour clarifier la position de son mouvement et appeler les autres signataires de l’Accord, notamment le gouvernement, au respect des engagements. Pour Mahamadou Djéri Maïga, le Mnla, à travers la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), n’a autre calendrier que la mise en œuvre de l’accord et cela souffre de certaines mauvaises volontés. «Notre volonté d’aller à la paix et l’unité nationale s’est traduite par la tournée de Bilal Ag Achérif dans les différentes bases du Mnla pour sensibiliser et unifier le mouvement qui  fait l’objet d’une tentative de division  de ceux- là qui ne veulent pas de la mise en œuvre de l’Accord».

Parlant de la mise en œuvre de l’accord, notre interlocuteur a été on ne peut plus clair.  «Depuis la signature de l’accord, le Mnla n’a posé aucun acte allant dans le sens de la        division. Nous sommes républicains et nous respectons nos engagements vis-à- vis du gouvernement et la communauté internationale. C’est pourquoi, nous exigeons l’exécution correcte du chronogramme du mois d’avril. On ne va plus nous distraire en disant que telle partie n’a pas honoré son engagement. La CMA ne sera pas responsable du blocage et j’ai informé la Minusma et le gouvernement lors d’une réunion».

Aux dires de Mahamadou Djéri Maïga, le respect du chronogramme du mois d’avril  constitue pour les responsables de la CMA des mesures de confiance. Le chronogramme du mois d’avril porte essentiellement sur la mise en place du MOC à Kidal et à Tombouctou, l’identification des combattants à travers une commission tripartite (gouvernement-Plateforme-CMA) et l’installation des autorités intérimaires dans certains cercles des régions du Nord.  « Notre bonne volonté ne souffre d’aucun doute. Nous avons accepté de donner les armes lourdes pour le MOC de Gao, nous acceptons également la mise en place du MOC de Kidal et de Tombouctou.  Nous exigeons des autorités intérimaires de  prendre en compte certaines dimensions du processus  parce que nous tenons  au respect de la date des élections pour éviter d’autres difficultés. Mais après, c’est dire que c’est la CMA qui refuse. Nous, on ne refuse rien. Il faut que le peuple le sache. Chaque fois qu’on signe des papiers, dès la signature jusqu’à l’expiration du chronogramme, on n’est plus consulté. Je pense que ces difficultés sont derrière nous depuis l’arrivée de l’actuel Premier ministre. Puisque toutes ses actions s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’accord  et nous sommes à sa disposition pour mettre fin à cette situation qui n’a que trop duré».

Selon lui, l’exécution correcte de ces différents points permet non seulement de créer la confiance entre les parties,  mais également  de mener la réflexion sur quel type d’arme le Mali doit avoir  et surtout définir les modalités d’un retour des déserteurs dans les rangs des FAMa.

Profitant de ce cadre d’échange, Mahamadou Djéri  Maïga met quiconque à défi de prouver toute opposition  du Mnla à un retour de l’Etat dans la région de Kidal. «Rien ne bloque le retour de l’Etat à Kidal. En tout cas pas le Mnla ou la CMA. Si on avait un gouvernement qui se souciait de la mise en œuvre de l’accord, aujourd’hui on n’allait plus parler de l’Accord. Avec l’actuel Premier ministre, on a compris que le gouvernement est dans la logique de respecter ses engagements et on verra avec le temps qui bloque le processus. Désormais, un observateur indépendant  travaille avec  les acteurs et produira un rapport pour situer les responsabilités. Depuis combien de mois le gouverneur est à Kidal et il bénéficie de notre accompagnement. Malgré nos efforts,  rien ne bouge pour soulager les populations. Nous avons demandé au gouverneur de faire venir les services sociaux de base et les directeurs régionaux des différentes structures de l’Etat. Jusqu’à l’heure où je vous parle, rien n’est fait. Au lieu d’accuser le Mnla ou la CMA, il faut situer la responsabilité. Ils ne veulent pas venir à Kidal sinon le Mnla n’est nullement un blocage. Le Premier ministre était sur le terrain il a vu la réalité. En ce qui concerne l’armée  malienne, l’Accord fixe les conditions de son retour. Notre responsabilité historique est engagée, il faut mettre fin aux décisions unilatérales, le peuple doit voir les parties main dans la main pour construire la paix et l’unité nationale».

Le message d’apaisement

La fin de la semaine dernière a été marquée par deux faits dans la région de Kidal qui ont alimenté le débat autour du Mnla. Il s’agit de la célébration du 6 avril comme date anniversaire de l’indépendance de l’Azawad et la nomination du député RPM, Oumar Sididjè Traoré alias Gaucher  en qualité de conseiller  spécial du président de Mnla.

Suite à la polémique née de ces deux événements, le vice-président du Mnla a décidé de prendre le devant pour éviter tout amalgame et surtout donner des précisions sur la nomination  du député. Selon lui, le bureau exécutif du Mnla n’est nullement impliqué dans la célébration du 6 avril. «Depuis la signature de l’accord, le Mnla est resté fidèle         à son engagement. Nulle part, le Mnla n’a parlé d’indépendance ou autre chose qui va à l’encontre de l’Accord ou de l’unité nationale. Le peuple doit nous accorder le crédit et nous juger sur les faits. Aujourd’hui nous sommes dans la logique de construire un Mali uni dans la paix. S’il y a des gens qui fêtent le 6 avril, c’est à titre individuel et non  un mot d’ordre du Mnla ou de la CMA ».

Parlant de la nomination du député, Mahamadou Djéri Maïga  a indiqué que le Mnla de  2011 est différent de celui de 2018. Il n’est plus le même Mnla qui a proclamé l’indépendance mais plutôt le Mnla qui a signé l’Accord  et  qui se bat avec les autres frères du Mali pour servir la nation. Ce Mnla a besoin d’avoir toutes les bonnes volontés pour faire de l’Accord une portée nationale, ce n’est nullement le cas d’être contre la paix. La porte est ouverte à tous les citoyens dans la mesure où on ne parle plus de guerre ou d’indépendance mais du Mali. Dans cette logique de paix, pourquoi  ne pas solliciter les volontés surtout ce cas précis. C’est un  élu de la  nation, donc sa voix porte. Cela doit montrer aux Maliens que c’est le Mnla du Mali qui peut même se transformer en parti politique dans l’avenir».

Nouhoum DICKO

Le Prétoire

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