Soupçonné de connivence avec Guo Star, dans « l’affaire des surfacturations » sur les équipements militaires, l’ex-chef de cabinet d’IBK, aujourd’hui ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, sera bientôt convoqué par le juge du tribunal de première instance de la commune III du district de Bamako. Du moins, si l’on en croit une source proche du dossier.
Depuis que le rapport de la Cour suprême, sur les facturations et l’achat du Boeing présidentiel, a été remis au tribunal de première instance de la commune III pour instruction, les « enfants gâtés du régime » ne dorment plus que d’un œil.
Au rang de ceux-ci, Mahamadou Camara, surnommé « Mahamadou La Gaffe » au lendemain de son fameux tweet dans lequel, il traite les Maliens « d’aigris » et de « petits calomniateurs ». Arrivé dans l’entourage d’IBK par le sillage, voire le sillon de Karim Keïta, fils du président de la République, il s’est vu bombardé chef de cabinet du Chef de l’Etat.
A ce poste jugé stratégique, il se croyait investi de tous les pouvoirs. Dans une correspondance, intitulée « Mandat N°001 D.CAB-PR » en date du 05 novembre 2013, Mahamadou La Gaffe s’adressait au ministre de la Défense en ces termes : « Je soussigné Mahamadou Camara, directeur de cabinet du président de la République, certifie que Mr Sidi Mohamed Kagnassy et toutes les sociétés qu’il représente sont mandatés par la présidence de la République du Mali pour traiter avec tout fournisseur ou intermédiaire que ce soit, des affaires d’équipements des forces de défense et de sécurité maliennes ».
En d’autres termes, Mahamadou Camara, actuel ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, donne à travers cette correspondance, carte blanche à Mr Kagnassy pour s’occuper des « affaires d’équipements des forces de défense et de sécurité maliennes ». Comme il l’entend. Avec, à la clé, des surfacturations estimées à plusieurs dizaines de milliards de nos francs. La suite, on la connaît.
Avec à leur tête le FMI et la Banque mondiale, les partenaires techniques et financiers montent au créneau. Et réclament un audit des contrats sur les équipements militaires ; mais aussi, sur l’achat du Boeing présidentiel. Avant de suspendre tous les programmes budgétaires destinés au Mali. Du moins, jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur ces deux marchés controversés.
C’est ainsi que, courant juin, le Premier ministre, Moussa Mara, à travers une correspondance confidentielle, sollicite la section des comptes de la Cour suprême pour l’audit de conformité et de régularité de l’achat de l’avion présidentiel et du marché des équipements militaires. Parallèlement, le Bureau du Vérificateur général est saisi des mêmes dossiers. Mais cette fois-ci, à la demande des partenaires techniques et financiers.
Mais coup de théâtre : les deux rapports d’audit aboutissent à la même conclusion. Ils y ont décelé des surfacturations à la pelle. Surfacturations qui sont passées de 29 à 38 milliards CFA. Lors de la conférence de presse, tenue le 22 septembre, le chef de la mission d’évaluation du FMI, Christian Josz a indiqué que le montant des surfacturations, sur le contrat des équipements militaires, est passé de 29 à 38 milliards CFA. Une somme qui se décline comme suit : 29,3 milliards CFA au titre de la fraude et 9,3 milliards CFA au titre des transactions.
Outre ces surfacturations, le Vérificateur général relève que le marché des équipements militaires a été attribué, de gré à gré, à la société Guo Star, dirigé par Sidi Mohamed Kagnassy, de surcroît, conseiller spécial du président de la République.
Entre-temps, ce dernier a été relevé de son poste. En catimini. Mais ce geste est loin d’avoir calmé les ardeurs du FMI et de la Banque mondiale ; lesquelles exigent, désormais, que les auteurs de ces magouilles soient arrêtés. Et traduits devant la justice
Pour rassurer les partenaires techniques et financiers de la volonté du gouvernement et du président de la république de lutter contre la corruption et la délinquance financière, le Premier ministre a indiqué, dans la presse la semaine dernière, que toutes les personnes impliquées dans ces surfacturations répondront de leurs actes devant la justice. Avant de préciser que le dossier des surfacturations aurait été transmis au tribunal de première instance de la commune 3. Et les procès prévus pour novembre prochain.
Pourquoi le chef de Cabinet d’alors d’IBK, aujourd’hui ministre de la Communication et de l’Economie Numérique, a t-il donné carte blanche à Sidi Mohamed Kagnassy pour gérer le marché des équipements militaires à sa guise ? En a t-il tiré un quelconque bénéfice ou avantage ? Autant de questions auxquelles Mahamadou La Gaffe devra répondre devant le juge d’instruction du tribunal de première instance de la commune III. Ce sera dans les semaines à venir. Du moins, si l’on en croit une source proche du dossier.
Oumar Babi