Si Salomé Dembélé a commencé à chanter en accompagnant son père qui était un célèbre instrumentiste, elle a véritablement appris à maîtriser sa voix dans les différentes chorales d’églises qu’elle a fréquentées. Dès l’âge de 14 ans, elle a intégré la chorale de la célèbre église de Mandiakui. Elle y a appris que sa voix est de la gamme du soprano. Elle Poursuivra son apprentissage au sein de cette chorale, puis intégrera l’église de Ba Antoine à Bamako à partir de 1999, année de son arrivée dans la capitale.
Cette catholique affirmée croit en sa bonne étoile. A Bamakao, elle a travaillé avec certains groupes de musique moderne et des cantatrices en tant que choriste. C’est en ce moment qu’elle a découvert qu’elle pouvait créer son propre groupe afin de se lancer dans une carrière solo.
Son orchestre, créé il y a quelques années, est constitué d’un balafon, de deux Tamans, des trois guitares : bass, solo et accompagnement et d’une batterie. Ce qui lui a permis de sortir huit morceaux composés par son oncle François Koïta. Quant à l’arrangement, c’est Dieudonné Koïta qui s’en est occupé.
Entre autres morceaux, on peut citer « Basuwaso », « Lo han a lè zozo », « Dabu O’oo », « Pan mi han dosi », « Wa’ura wa bore na », « Mignan bun le ». C’est ce dernier morceau qui a servi à lancer l’album à travers un joli clip diffusé depuis quelques semaines sur les différentes télévisions de la place.
Cela lui a réussi bien, car elle a remporté en 2017 le prix « Talent de la Cité » de la Fondation Festival sur le Niger. Une compétition qui regroupe plus de deux cent jeunes artistes de toutes les régions du Mali. Ce prix lui a permis de bénéficier d’une série de formations. Elle a aussi effectué plusieurs tournées à travers le pays et en Europe.
Salomé Dembélé est invitée depuis l’an dernier par des musiciens du Danemark dans un projet consistant à la création d’un groupe de femmes dont elle assure le lead vocal. Elle y propose cinq chansons dont trois dans sa langue maternelle et deux autres dans différentes langues. Baptisé « A Fau », ce groupe participera à une série de concerts au Danemark et en Europe à partir du début du mois de septembre. C’est après cette tournée que sera lancé le premier album.
Quant à sa propre musique, en plus de l’orchestration exceptionnelle, Salomé Dembélé n’économise pas son énergie sur une scène. Elle tire parfois assez sur ses cordes vocales pour montrer tout son talent de la maîtrise des techniques de chant. Sûrement sa maîtrise de la scène a aussi énormément contribué à rehausser le niveau de ses prestations. Dans une occupation scénique millimétrée qui met en valeur chacun des membres du groupe, Salomé Dembélé véhicule des messages très forts, pour notre société.
Son objectif est simple : contribuer à la valorisation de la musique de son ethnie. Pour elle, cette musique mérite une meilleure place non seulement sur le plan national, mais aussi sur l’échiquier continental. Elle est actuellement à la recherche de producteur pour son futur album.
A son actif déjà plusieurs singles et un album sorti, il y a deux ans, sous le titre : « Han Na Senuma » qui est un hommage à la femme. Elle est venue naturellement à la musique à travers son père. Salomé Dembélé est une jeune artiste où une jeune voix soprano et vibrante qui commence à figurer dans les hit parades. Elle est l’auteur d’un clip avec son titre Migan Goundé qui passe sur les radios et sur les différentes chaînes de télévision de notre pays.
Née à Kèra dans la Commune de Tominian, il y a une trentaine d’années du célèbre joueur de Taman, Victorien Dembélé et de Béatrice Diarra. Salomé a commencé comme choriste de son père. Ce dernier a établi sa réputation avec les sept Tamans qu’il jouait en même temps tout en chantant et dansant. Après avoir conquis tout le pays bobo, il s’est fait connaître à Bamako, à Ouagadougou (Burkina). Il a effectué aussi plusieurs tournées en France.
Kurukan Fuga MYTHE ET RÉALITÉ
Kurukan Fuga est une élévation de bowal, une vaste clairière s’étendant sur 32 ha. Il est situé entre le village de Keniélen à l’ouest et la ville de Kangaba, au cœur du Mandé à 90 km de Bamako. Le voyageur qui arrive dans cette cité historique du Mali le dépasserait, s’il n’est pas très vigilant. Malgré les balises, en forme de mur et pierre, l’espace est presque entièrement occupé par les champs de cultures.
C’est sur ce site historique que Soundjata Keïta, après sa victoire sur Soumangourou Kanté, roi du Sosso, lors de l’épique bataille de Kirina en 1235, fit convoquer en assemblée générale les « cεkun » ou hommes de tête du Mandé, acquis à sa politique afin de soumettre à leur approbation la « Charte du Mandé nouveau ». Mahamadou Cissé, le chef de la Mission culturelle du Mandé ajoute que le site historique de Kurukan Fuga est associé aux éléments suivants : les deux grosses pierres mythiques sur lesquelles se seraient assis Soundjata et son griot lors de la proclamation de la Charte, la place sacrée des femmes et la Charte édictée.
La Charte, proclamée à Kurukan Fuga (ou charte de Kurukan Fuga) au 13è siècle, apparaît ainsi comme l’une des plus anciennes Constitutions du Mandé. Elle a jeté les bases de la politique, de l’administration, du fonctionnement de la société et des règles de conduite des hommes et des femmes du grand ensemble mandingue.
La Charte du Mandé, ou encore, en langue malinké, Manden Kalikan, est la transcription d’un contenu oral, lequel remonte au règne du premier souverain Soundjata Keïta qui vécut de 1190 à 1255.
La Charte du Mandé a été inscrite au patrimoine culturel immatériel du Mali en 2011 et sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2009. Le site historique de Kurukan Fuga a été classé dans le patrimoine culturel national du Mali en 2009. Il a été inscrit aussi sur la liste indicative de l’Unesco la même année.
Le site historique de Kurukan Fuga a une valeur historique, culturelle et touristique très avérée. Malgré les dispositifs de protection, le site historique de Kurukan Fuga est menacé à cause des pressions anthropiques (piste de passage pour véhicules, présence des champs de cultures sur le site et son utilisation comme parc animalier). En outre, le site de Kurukan Fuga ne dispose pas d’un plan de gestion et de conservation formellement établi.
La découverte de la Charte du Mandé est sans nul doute l’un des événements culturels majeurs de la fin du XXè siècle en Afrique noire.
Contrairement à une opinion répandue, la Charte du Mandé n’est pas une Constitution ; elle n’est pas non plus une loi fondamentale qui organise un pouvoir politique. Il s’agit plutôt d’une convention. Le texte recueilli à Kankan est un ensemble de règles de conduite, d’enseignements, de préceptes destinés à organiser la vie en société. Cependant, l’énoncé qui ouvre la Charte présente les clans ou groupes de personnes qui composent la société. Il s’agit des catégories socio-professionnelles. Chacun de ces groupes a un rôle précis dans la société. L’énoncé n° 1 est devenu une formule rituelle dans la bouche des traditionalistes; elle ouvre toute déclamation sur le Mandé. «La société du Grand Mandé est divisée comme suit» : 16 clans porteurs de carquois ; quatre clans princiers ; cinq clans de marabouts ; quatre clans de « gens de métiers» ; et les esclaves.
Peu de «lois» concernent le pouvoir politique et l’Etat en tant que tel. Tous les guerriers, tous les hommes libres, toutes les catégories de travailleurs de l’Empire ont leurs coutumes particulières, leurs droits et devoirs consignés par des traditions particulières.
Découverte majeure, le texte de Kankan avec ses 44 «lois» nous révèle le talent de législateur de Soundjata qu’on ne faisait que deviner d’après les bribes glanées ça et là à travers les variantes de son épopée.
Les dispositions prises à Kurukan Fuga montrent la diversité des questions qui assaillaient les vainqueurs désireux de donner une solide assise à l’Empire. Quatre «lois» clés donnent son sens à la Charte. «Ne vous trahissez jamais les uns les autres. Respectez la parole d’honneur» ; « Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique, attenter à la vie de son prochain doit être puni de mort » ; « Il est institué entre les Mandenkas, le Sanankuya» (parenté à plaisanterie et le tanamogoya) (pacte du sang). Et enfin : «Respectons la parenté, le mariage et le voisinage ».
Y. D.
Source: L’Essor- Mali