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Lynchage de criminels : pratique née d’une crise de confiance

Au voleur ! Au voleur ! Est une phrase qui annonce le début d’une scène digne d’un film d’horreurs à Bamako.  Le lynchage de délinquants et surtout de petits voleurs persiste dans notre société. En effet, après la recrudescence des vols à mains armées, et surtout la libération à tort ou à raison par la police des malfaiteurs, nombreux sont les Maliens qui se font justice en tabassant à mort ces petits voleurs, parmi lesquels on retrouve de plus en plus des mineurs.

Une pratique, appelée «article 220» (concept né au lendemain des événements de mars 91 qui consiste à payer un demi litre d’essence à 200 FCFA à asperger sur le délinquant et une boîte d’allumette à 20 FCFA pour lui mettre le feu vif ),dont certains pensent être la meilleure façon de mettre fin au grand banditisme, notamment le vol à mains armées de moto. Par contre, d’autres estiment la justice populaire ne fera qu’endurcir les cœurs des délinquants qui ne vont plus hésiter à tuer leur victimes car convaincus de subir le même sort qu’il est appréhendé par la foule.

En effet, si d’aucun pense que lyncher les voleurs en public est une solution pour faire peur aux autres potentiels criminel, l’accroissement du taux de criminalité dans la capitale en dit long sur l’efficacité de l’application du fameux « article 220 ».

Tous les jours, de nouveaux cas de braquages et vols sont relayés par la presse ou se passent devant nous. Mais c’est la faute à la population qui refuse de dénoncer ces malfrats (enfants, frères ou maris d’un proche ou connaissance du quartier.

Certains délinquants vont jusqu’à filmer les scènes qu’ils publient sur les réseaux sociaux. Ces images qui circulent sur la toile mondiale peuvent heurter la sensibilité de certains, ou créer des traumatismes chez les parents des victimes qui voient, comme dans un film, comment leur enfant est tué par un ou plusieurs délinquants.

Au fait, le verdict populaire trouve sa source dans la crise de confiance entre autorité publique (forces de l’ordre et justice) et la population.

« En effet, il faut se dire la vérité, dès que tu tournes le dos après avoir laissé ton voleur à la police dans la même semaine, tu le rencontreras à nouveau dans la circulation», raconte un citoyen sous anonymat.

Toute chose qui frustre plus d’un. Dans un pays où la corruption fait partie du quotidien, ces délinquants n’ont pas peur d’être entre les mains de la police. Certes ces criminels s’en prennent à nos biens, mais la population n’a aucune raison légale pour s’en prendre à leur vie.

Alors, il incombe aux forces de sécurité d’assurer la protection des citoyens et de leurs biens et surtout à la justice d’infliger des sanctions exemplaires à l’encontre non seulement des délinquants, mais aussi aux lyncheurs publics.

Assitan Siga FADIGA

Source: Bamako News

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