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Lutte pour les droits des jeunes filles : Les jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest demandent à leurs chefs d’Etat de passer à la vitesse supérieure

A l’occasion du sommet Women 7 (W7) qui se tient ce jeudi 9 mai à Paris, les jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest ont interpellé, dans une lettre ouverte, leurs chefs d’Etat. Elles leur demandent de prendre des mesures concrètes à la hauteur des changements de société nécessaires pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Tribune féministes Afrique de l’Ouest Sommet W7 9 mai 2019

Lettre ouverte aux chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest

Messieurs,

 

Nous, jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest, sommes aujourd’hui à Paris pour prendre la parole lors du “Women 7 Summit”, grande réunion des mouvements féministes du monde entier, organisé à l’occasion de la présidence française du G7.

 

Cette année, la France a décidé de placer le G7 sous le signe de l’égalité femmes-hommes et d’ouvrir le G7 aux pays du Sahel. Des décisions qui vont impacter la vie des femmes et des filles, partout dans le monde, y compris en Afrique de l’Ouest, vont être prises dans les semaines à venir.

De retour en Afrique de l’Ouest, nous compterons sur vous, pour renforcer l’agenda pour les droits des femmes dans vos politiques nationales.

Par nos prises de parole à Paris, et par cette lettre ouverte, nous souhaitons porter la voix des “sans voix”, pour que cette présidence française du G7 soit un grand moment d’engagement politique et financier en faveur des droits des femmes et des filles, mais aussi pour que l’Afrique de l’Ouest prenne des mesures concrètes à la hauteur des changements de société nécessaires pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes.

Chaque jour, des jeunes féministes comme nous sensibilisent leurs ami.e.s, leurs parents ; elles plaident auprès des leaders religieux d’influence pour faire évoluer les mentalités et les comportements, mais aussi auprès des autorités, pour l’application stricte de la loi et pour l’augmentation des moyens financiers pour la lutte contre les inégalités liées au genre.

Nous, jeunes féministes de Guinée, du Mali, du Burkina Faso, du Bénin, de Mauritanie, du Niger, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, sommes en première ligne de la lutte pour les droits des jeunes filles. Et nous sommes en train de déclencher une révolution chez les jeunes filles.

Mais comment passer à la vitesse supérieure, lorsque nous n’avons aucun soutien, ni politique, ni financier ? Notre mobilisation, à l’instar de toutes les mobilisations féministes partout dans le monde, y compris en Afrique de l’Ouest, est un parcours d’obstacles. Les menaces et le harcèlement sur les réseaux sociaux, les intimidations, sont notre lot quotidien. Nos sujets dérangent car il s’agit ni plus ni moins que de renverser des rapports de pouvoir inégalitaires ancrés profondément dans nos sociétés.

Cette année, l’agenda politique international offre la possibilité de renforcer les droits des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest. Vous avez l’occasion de dépasser les discours convenus autour des questions d’égalité femmes-hommes en vous positionnant résolument du côté des mouvements féministes qui sont en train de transformer la société, dans les pays du G7, en Afrique de l’Ouest et dans le monde. Pour vous montrer à la hauteur des enjeux, vous, chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, devez :

–       Promouvoir le droit des femmes et des filles à disposer librement de leur corps. Investir dans l’autonomisation économique et l’emploi des jeunes est une bonne chose, mais ça n’est pas suffisant. La pierre angulaire est la capacité d’une adolescente à décider de son avenir. Nous avons donc besoin de financements supplémentaires pour l’éducation, y compris les programmes d’éducation complète à la sexualité.

–       Impliquer et écouter les jeunes filles dans toutes les instances de décision, de manière pleine, effective et égale. Comme le disait une jeune féministe : « le plus souvent, les questions de femmes sont discutées par des gentils messieurs en costard-cravate et pas par les femmes elles-mêmes ». Or, ce qui se décide sans nous se décide contre nous.

–       Augmenter les financements des associations féministes que nous représentons. Les pays d’Afrique de l’Ouest doivent prendre la mesure des enjeux que représente la lutte pour l’égalité femmes-hommes et soutenir financièrement les mouvements féministes.

Nous comptons sur vous !

Hadja Idrissa BAH, Guinée

Présidente du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée

Rose DIEME, Sénégal, Membre du Réseau des filles et jeunes femmes leaders du Sénégal (Youth Women for Action- YWA Senegal)

Cornelia GLELE, Bénin

Journaliste et réalisatrice cinéma. Membre du réseau ouest-africain des jeunes femmes leaders et directrice du festival international des films de femmes de Cotonou

Denise Epiphanie HABA, Guinée

Trésorière du Mouvement d’action des Jeunes de AGBEF/ IPPF et membre du réseau des Jeunes ambassadeurs pour la santé de la reproduction et la planification familiale de Guinée (Conakry)

Alexia HOUNTONDJI, Bénin

Directrice exécutive de l’association Rayons des Initiatives Culturelles Musicales et des Arts Oraux (Ricmao Asso) et membre du Parlement des jeunes du Bénin

Néné Fatou MARICOU, Sénégal

Présidente et membre fondatrice du Réseau des filles et jeunes femmes leaders du Sénégal (Youth Women for Action- YWA Senegal)

Dieynaba NDIO, Mauritanie

Membre de l’association Initiative pour la Santé de la Reproduction (ISR) et du Collectif  Voix des Femmes

Wendyam Micheline KABORE, Burkina Faso

Secrétaire Générale et coordinatrice de l’Initiative Pananetugri pour le Bien-être de la Femme (IPBF)

Jonas KINDAFODJI, Bénin

Jeune ambassadeur pour la santé de reproduction des adolescent.e.s et jeunes au Bénin & coordonnateur de la Plateforme Synergie d’Action des organisations de la société civile de jeunes pour la lutte contre les violences sexuelles faites aux filles et aux femmes

Mistoura SALOU ADJIBADE, Bénin

Chargée de programme Santé et droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes & Genre à l’ONG CeRADIS (Centre de Réflexion et d’Action pour le Développement Intégré et la  Solidarité)

Aminata Badiane THIOYE, Sénégal

Responsable du pôle “Genre et Droits Humains” de l’Alliance Nationale des Jeunes pour la Santé de la reproduction et la planification familiale (ANJ-SR/PF)

Oumou Salif TOURE, Mali

Chargée de projet génération fille à l’Association des jeunes pour la citoyenneté Active et la démocratie (AJCAD Mali)

 

Source: Le Républicain

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