C’est un fait universel, désormais, qu’un Etat ne se limite plus à un territoire ; mais un Etat reste indissociable d’un pouvoir sur les hommes, par la règle de droit qu’il édicte et par le monopole de l’usage de la force qu’il exerce ; ces fonctions régaliennes sont exercées par une administration publique. Evidemment, tout contexte de crise justifie des modalités particulières qui peuvent exiger un assouplissement de ce schéma. Mais le Mali, effondré en 2012, a du mal encore à se relever, malgré, l’implication de la communauté internationale.
Cette communauté internationale est composée des pays tantôt amis tantôt pourfendeurs du Mali. En effet, certains de ces pays, ayant la solution de la grave crise qu’a connue le Mali à la suite du coup d’Etat de 2012 et une atteinte à son intégrité par une rébellion inédite, ne veulent guère ou ne souhaitent nullement que le Mali sorte du trou dans lequel il est. La diplomatie Malienne a attisé des relations anciennes pouvant permettre à notre pays d’intégrer le concert des Nations. D’où la succession de grandes personnalités occidentales à Bamako, il y’a environ une dizaine de jours, parmi lesquels Angela Merkel et le vice-ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie, qui ne veut pas rester en marge des initiatives de sortie de crise.
En effet, le vice-ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie et Représentant le Président POUTINE pour le Moyen-Orient et Afrique, Mikhaïl Bogdanov, lors de son séjour à Bamako, a eu un entretien avec le Ministre Malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. A l’issue de leur entretien, les deux diplomates, ont animé un point de presse dont le compte rendu éclaire notre lanterne.
Le chef de la diplomatie Malienne à estimé que la Russie est et reste un partenaire privilégié pour tirer notre pays d’affaire, avant d’ajouter : « qu’un processus de paix n’est jamais simple. Il y a des avancées et des difficultés. Il est louable que ces partenaires soient avec nous pour comprendre les acquis et les défis auxquels nous sommes confrontés… Nous voulons des amis qui nous accompagnent et non des amis qui font des prescriptions. La Russie fait partie de ceux qui nous accompagnent», a soutenu Mr Diop.
A sa suite, Mikhaïl Bogdanov, le vice-Ministre russe a salué la qualité des relations qui existent entre les deux pays. Il soutient que ces relations ont toujours été basées sur la sympathie et le respect de l’autre en tant qu’Etat souverain. Ces relations se font sur la base du principe de non ingérence et du respect mutuel. Il va plus loin en affirmant que « la Russie est disposée à fournir des armes à l’Etat souverain du Mali » et qu’au-delà, son pays est disposé à dialoguer avec le Mali et apporter son aide sur les sujets qui paraitront importants pour les Maliens autant sur le plan national qu’un international.
Alors, ces déclarations prouvent à suffisance que la communauté internationale est divisée sur le dossier Malien. Si les Russes et les Chinois penchent en faveur de l’intégrité du Mali tel ne semble pas être le cas de la France qui souffle le chaud et le froid. Il en est de même pour l’Algérie et même l’Amérique. Nous pensons que chacun de ces pays cités peut, seul régler la situation polico-sécuritaire au Mali. Mais hélas ! Aucun d’eux ne souhaite véritablement voir le Mali en sécurité. L’Algérie qui est un pays frontalier du Mali entretient un réseau puissant avec les djidhistes et Narcotrafiquants sur le sol Malien. Quant à la France, ce pays est à la base de tout le malheur des maliens. Cette France, après être intervenue à la demande du Président par intérim du Mali, pour stopper l’avancée des djidhistes vers la capitale, a été une occasion pour elle de s’implanter pour la seconde fois au Mali, prétextant qu’elle est venue combattre le terrorisme dans le Sahel. Pour justifier sa présence permanente, elle a forcé les autorités maliennes à signer un accord de défense avec elle. Cet accord faut-il le souligner est nettement à son avantage et renforce sa capacité de nuisance et légitime encore une fois de plus ses éventuels bavures sur le sol malien. D’où sa volonté notoire à vouloir rester longtemps au Sahel, afin de préserver ses intérêts géoéconomiques au Mali, en Afrique de l’Ouest et du Centre.
On se demande, dans ce contexte, à quoi serviront alors les armes soviétiques, étant entendu que tous les aéroports sont aux mains des forces Françaises ? Dans quels aéroports du Mali, les FAMAs vont-elles se servir de ces armements Russes étant donné que la France est présente partout au Mali ? Les forces Françaises sont mêmes plus présentes que l’armée Malienne sur l’étendue du territoire nationale. Cependant la Russie peut aller plus loin à la condition de s’engager totalement dans le Nord pour construire d’autres bases militaires. Cela semble impossible à l’heure actuelle. Alors pour combien de temps le Mali va-t-il rester sous la coupe de la communauté internationale ?
Seydou Diarra
Source: CARREFOUR