La deuxième semaine thématique de décembre, consacré mois de lutte contre le VIH et le Sida dans notre pays, est intitulée : «VIH et conflits armés». A ce niveau, la Grande muette demeure au cœur des préoccupations liées à la croisade contre la pandémie du Sida qui se pose véritablement en problème de santé publique et de développement dans les pays en développement, notamment ceux du continent africain.
Le tableau épidémiologique du fléau requiert des actions de prévention et de prise en charge des cas. Et les militaires demeurent aussi vulnérables face au VIH. Sur la base de cette vision globale de prévention se tient, depuis hier au Génie militaire, une campagne de dépistage volontaire du VIH chez les militaires.
L’événement était présidé par le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants, le général Salif Koné, en présence de la représentante adjointe du secrétaire général des Nations unies, Mbaranga Gasarabwe.
Y étaient aussi le représentant du maire de la Commune III, Aliou Diabaté et le secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le Sida (HCNLS), le Pr Moussa Maïga.
Selon le secrétaire général du département en charge de la Défense, le Mali est un pays avec une prévalence du VIH estimée à 1,1%. Pour lui, il est actuellement indispensable que l’épidémie du Sida soit perçue comme un des problèmes majeurs que l’on doit traiter dans cette situation de crise ou d’urgence sécuritaire que connaît le pays.
Le général Salif Koné pousse son analyse plus loin et explique que dans les situations vécues sur le terrain, le personnel militaire dans les différentes régions du Mali, particulièrement celles du Nord, a été parfois confronté à un environnement où les infrastructures de santé ont été complètement détruites et où les programmes de riposte contre la pandémie sont restés inexistants.
Par ailleurs, il a affirmé que dans un environnement inédit où les conditions d’accélération de la propagation du virus de la maladie peuvent mettre en cause l’avenir sanitaire de toute une région, le militaire de santé remplace l’homme de santé publique. Salif Koné s’est dit convaincu que l’information sur le Sida est une donnée majeure pour le militaire, notamment dans un contexte de pays en situation de post-conflit.
Selon lui, les ressources humaines des services de santé des Armées sont capables de relever le défi, à la fois, humanitaire et protecteur, auprès de populations démunies et fragilisées pour endiguer la maladie.Enfin, le secrétaire général a exhorté les jeunes militaires à se faire dépister.
La représentante adjointe des Nations unies a attiré l’attention sur le fait que les contextes de conflit et de post-conflit accentuaient l’ampleur de l’épidémie en raison de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre, de conditions socio-économiques précaires des populations et de l’inaccessibilité aux services de santé. Selon elle, l’objectif de cette campagne est de permettre l’accès à l’information, au dépistage et au traitement du VIH/Sida afin d’atteindre 0% de nouvelles infections d’ici 2030. Cet objectif, a-t-elle affirmé, ne sera jamais atteint aussi longtemps qu’une partie de la population sera victime des conflits, que les déplacés internes, réfugiés, ex-combattant, femmes et filles vulnérables seront privés d’accès aux services de santé de base.
Aussi en a-t-elle appellé au dépistage systématique afin que chacun puisse connaître son statut sérologique.
Pour sa part, le secrétaire exécutif du HCNLS a encouragé les jeunes militaires, très souvent en mission loin de leur famille et de leur environnement social, à se protéger en raison de gros risques de contamination au VIH auxquels ils peuvent être exposés.
Pour Aliou Diabaté, cette campagne de sensibilisation et de dépistage volontaire et confidentiel chez les hommes en uniforme dénote de l’importance que le Mali accorde au combat contre le Sida.
Maïmouna BARRY
Source: Essor