Le 6ème symposium national des Droits de l’Homme, organisé cette année par le ministère des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, en partenariat avec la Commission nationale des Droits de l’Homme et d’autres partenaires, s’est tenu samedi. Le thème de cette année est : «La protection des Droits de l’Homme dans un contexte de fragilité : Une responsabilité partagée».
Ce symposium intervient dans le cadre de la célébration de la Déclaration universelle des droits de l’homme que notre pays célèbre, chaque année, en organisant une série d’événements. C’est aussi l’occasion pour les acteurs de la défense et de la protection des Droits de l’Homme de faire le point de la situation .
Le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, a présidé l’ouverture des travaux, à l’hôtel Kempinski. C’était en présence de la présidente de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Me Kadiatou Sangaré, du chef de la division Droits de l’Homme de la MINUSMA, Guillaume N’Gefa et du représentant de l’observateur des droits de l’Homme de la MISAHEL, Hugue Penda.
Le développement de ce thème a permis aux participants de toucher du doigt les fléaux qui minent l’effectivité des Droits de l’Homme, à travers le droit à une bonne éducation, à l’épanouissement personnel, à l’emploi, toutes choses dont l’inexistence fertilise le terreau des trafics d’êtres humains, de la migration clandestine et de la délinquance juvénile. Du constat général, même si le Mali a souscrit à la Déclaration universelle des droits de l’homme depuis son indépendance, il apparaît que la situation des Droit de l’Homme dans le pays n’est pas réjouissante. Selon la présidente de la CNDH, les Droits de l’Homme demeurent toujours confrontés à des défis difficiles à relever comme l’impunité, l’insécurité le terrorisme, la corruption, surtout avec la crise multidimensionnelle que notre pays a traversée. Et ce n’est pas les plaidoyers qui ont manqué car, pour sa part, la CNDH n’est pas restée inerte.
Elle a créé un cadre inclusif de tous les acteurs en vue de la protection des Droits de l’Homme. Tout en saluant les efforts du gouvernement en faveur de la CNDH, Mme Kadiatou Sangaré a plaidé pour plus de moyens pour promouvoir et protéger les droits de l’Homme.
Même son de cloche du coté du représentant de la MINUSMA, Guillaume N’Gefa, qui trouve que cette commémoration est importante, surtout quant on a conscience de la responsabilité de l’Etat malien, qui, dans un contexte de fragilité, a de la peine à assurer la protection effective des Droits de l’Homme.
Il a rappelé à ce propos la fermeture des écoles, l’abandon de postes dans certaines localités du pays par les agents de l’administration et les enlèvements de responsables publics. Le spécialiste de la question a souhaité que les résolutions issues de cette rencontre soient mises sous forme de plan d’action, en vue de futurs plaidoyers.
Pour le ministre Tapo, la défense des Droits de l’Homme est une responsabilité de tous les humains. Au delà de la dénonciation, Me Tapo a invité les acteurs à agir dans la prévention, à travers la formation et l’information des citoyens qui doivent avoir une conscience aigüe de la nécessité de protéger les Droits de l’Homme. Selon lui, la création d’un département spécifiquement dédié aux Droits de l’Homme répond à la volonté politique du chef de l’Etat de faire du respect des Droits de l’Homme une réalité au Mali.
Toujours dans le cadre des activités commémoratives de la semaine des Droits de l’Homme, le ministre Tapo a rendu une visite aux femmes et mineurs détenus à la Maison d’arrêt de Bolé.
Selon son constat, les conditions dans cet établissement pénitencier ne respectent pas, tout à fait, la dignité humaine. «Quand ont tient compte du fait que plus de la moitié des détenues sont en détention provisoire donc présumées innocentes, et que celles qui sont condamnées sont appelées un jour à réintégrer la société, il convient de faire en sorte que les conditions de détention soient acceptables», a soutenu l’avocat.
A en croire Me Tapo, les détenues ont fait état de lenteurs dans les procédures. Parmi ces femmes, il y en a qui ont fait plus d’une année sans voir un juge, beaucoup n’ont pas les moyens de se défendre et d’autres qui attendent leur appel depuis plus d’une année. «Ce n’est pas normal, selon le ministre, car elles peuvent même aller au-delà du quantum de leurs peines rien qu’en garde à vue».
Le ministre a pris l’engagement de faire le nécessaire pour leur fournir l’aide juridique nécessaire. Il a également remis un don symbolique constitué de vivres et d’ustensiles de ménage.
Lougaye
ALMOULOUD
Source: Essor