Le rapport 2015 du bureau du vérificateur général, rendu public la semaine dernière, offre le même constat aux Maliens que les précédents rapports (2013 et 2014): une corruption endémique qui touche presque toute l’administration. Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita est (encore) rattrapé par sa parole, ses promesses et ses engagements. Et à la place de la lutte promise, les Maliens ont eu droit à des discours creux, voire à des scandales financiers impliquant des barons du régime.
Adepte des déclarations fracassantes, IBK s’engageait au début de son mandat à opérer un grand nettoyage au sein de l’administration. Une façon de rassurer les bailleurs de fonds internationaux et les populations. Mais force est de constater que la corruption n’a fait que croitre ces quatre dernières années. La preuve ! Le rapport 2015 du vérificateur général. Ainsi, le rapport annuel 2015 a relevé des manquements notoires dans les opérations de gestion des fonds publics et du patrimoine de l’Etat.
Au titre de l’année 2015, le BVG a décelé un manque à gagner de 70,10 milliards de FCFA. Parmi les structures ayant reçu la visite des hommes du Vegal, Amadou Ousmane Touré, figurent le Bureau des Produits Pétroliers de la Direction Générale des Douanes où la fraude sur les hydrocarbures fait perdre énormément d’argent à l’Etat malien. L’un des modes d’opération des fraudeurs, selon le rapport, est de faire disparaitre des camions-citernes remplis de carburant, en provenance du Sénégal. De faux agents de l’Etat pilotent ces opérations de détournement.
La fraude gangrène aussi la Direction des mines, et plusieurs Directions des finances et du matériel. A ces niveaux, des manquements notoires dans les opérations de gestion de fonds publics et du patrimoine de l’Etat ont été relevés. Au total, au cours de l’an 2015, les déperditions financières ont coûté à l’Etat 70 milliards de francs CFA, dont 32 milliards en fraude et 37 milliards de francs CFA en mauvaise gestion.
Et avec ironie, le rapport précise que « le phénomène de la délinquance économique et financière a véritablement tendance à survivre au génie du contrôle malien. Le climat social est gravement rompu par le déséquilibre hallucinant et délétère que les mauvaises pratiques sont arrivées à créer…
Ces manquements ont entrainé des déperditions financières qui se chiffrent à 70,13 milliards de FCFA dont 32,78 milliards de FCFA en fraude et 37,35 milliards de FCFA en mauvaise gestion. Sur ces irrégularités financières, des remboursements ont été effectués par des gestionnaires des entités vérifiées, notamment au cours des missions de vérification… ».
Déjà, des questions se posent au sein de l’opinion. Quel sort IBK réservera-t-il à ce rapport ? Les auteurs de détournement vont-ils répondre de leurs actes
Impunité générale
Les Maliens gardent encore dans un coin de l’esprit un passage tonitruant du discours d’IBK à l’occasion du nouvel An 2014 : «…au risque d’en faire une rengaine, j’insiste sur la gestion rigoureuse de nos deniers, ceux que l’Etat génère auprès du contribuable malien bien sûr, mais aussi l’aide que la communauté internationale met à notre disposition grâce aux sacrifices de ses propres contribuables. La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques….Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient.
C’est pourquoi, je décrète l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. Un combat dans lequel je demande à chaque malienne, chaque malien, de s’engager avec moi.
Ce beau discours du chef de l’Etat n’aura pas de suite au contraire les Maliens n’étaient pas encore au bout de leur peine.
Les rapports 2013 ,2014 et 2015 du Bvg remis au président de la République mettent à nu la gestion catastrophique et chaotique d’IBK, ainsi que la corruption à ciel ouvert instaurée sous son mandat. Grosso modo, ces rapports révèlent un trou de plusieurs milliards de FCFA
Le Vérificateur général, Amadou Ousmane Touré, impute ce chaos financier à des pratiques illégales qui ont pour noms la non-application à dessein des textes législatifs et réglementaires, la mauvaise gestion des dépenses effectuées au niveau des régies, la multiplication injustifiée des contrats simplifiés pour éviter les appels d’offres, la non-justification et la non-éligibilité de dépenses, la réception de biens non conformes aux commandes, l’octroi d’avantages injustifiés, la fabrication et l’usage de faux documents pour justifier des dépenses fictives, des manipulations des offres par les commissions de dépouillement et d’évaluation dans les opérations de passation des marchés publics, le non-reversement au Trésor Public de ressources collectées, et enfin de la réalité et de l’effectivité de certaines missions administratives.
Dans le cadre d’une politique de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, le Végal propose au chef de l’Etat, trois sanctions majeures à l’encontre des corrupteurs et des corrompus : des sanctions administratives infligées par les autorités de tutelle, des amendes prononcées par les juridictions financières sur la base des infractions à la législation budgétaire et financière, et enfin, des poursuites pénales par les procureurs compétents.
Le président donnera-t-il une suite favorable à cette proposition du Végal. Nous en doutons. Parce que IBK ne semble pas être un modèle de « lutteur » contre la corruption et la délinquance financière. La preuve : les Maliens attendent toujours les poursuites contre les ministres, cadres et autres agents accusés et/ou soupçonnés de fraude et de détournements.
Il s’agit notamment du sulfureux dossier de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Ce dossier avait fait l’objet d’une minutieuse investigation du Bureau du vérificateur général. Mais, ce dossier, comme beaucoup d’autres, a été rangé dans les tiroirs.
Mémé Sanogo