La Plateforme contre la corruption et le chômage (PCC) tiendra le 14 juin un sit-in devant le siège de l’Office central de Lutte contre l’ Enrichissement illicite (OCLEI) pour exiger l’application de la loi contre l’enrichissement illicite. Son application s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption qui fait perdre à notre pays 250 milliards de FCFA par an.
L’annonce de l’organisation du sit-in du 14 juin a été faite par le président de la Plateforme contre la corruption et le chômage, Clément DEMBELE, le samedi dernier. C’était à la faveur d’une conférence d’information tenue au siège du Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Y ont pris part plusieurs membres et sympathisants de la plateforme contre la corruption.
L’organisation du sit-in vise à aller exiger la déclaration des biens de toutes les personnes assujetties à la loi. Sont concernés par cette loi 8 000 agents de l’État, a précisé M. DEMBELE. Mais, regrette-t-il, depuis son adoption, en 2014, cette loi n’est pas appliquée. Sa non-application, a estimé M. DEMBELE, témoigne de la mauvaise volonté politique de lutter efficacement contre la corruption. Selon lui, l’État malien ne s’assume pas dans la lutte contre la gabegie financière et le détournement des deniers publics. Sinon, s’étonne-t-il, comment un État peut adopter une loi et être incapable de l’appliquer.
«Nous sommes le peuple. On ne doit pas assister impuissamment à cette situation. C’est pourquoi je vous invite tous à sortir le vendredi prochain à un sit-in devant le siège de l’OCLEI. Nous avons exigé l’application de la loi sur l’enrichissement illicite afin que les personnes concernées soient contraintes à déclarer leurs biens », a expliqué le président de la PCC, avant de mettre les autorités en garde qu’ils ne cesseront de manifester jusqu’à l’application de la loi.
« Si ce n’est pas au Mali, personne ne se dressera en faveur de la corruption », déplore le Pr Clément DEMBELE qui dit ne pas hésiter à demander la démission de tous les membres de l’OCLEI s’ils savent qu’ils ne peuvent pas faire respecter et appliquer la loi sur l’enrichissement illicite.
Outre ce point, le conférencier clément est revenu sur l’ampleur de la corruption au Mali. Il a rapporté que la pratique fait perdre à notre pays plus de 250 milliards de FCFA, selon des données de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international.
« La corruption a atteint un seuil où le pays ne peut pas avancer si nous ne la combattons pas. Elle fait partie presque du quotidien des Maliens, alors qu’on se réclame très majoritairement de la religion musulmane. Avec 95% de musulmans, ce n’est normal qu’on atteigne un tel niveau de corruption au Mali», pointe Clément DEMBELE.
Pour lui, avec les 250 milliards FCFA qui sont détournés par an, c’est 1 250 écoles, 1 785 centres de santé ou encore 2 500 km de route. Aussi, avec ce montant, en 5 ans, le pays peut créer 350 000 emplois.
« En cinq ans, on peut permettre à 175 000 Maliens de vivre décemment et avoir accès aux services de base fiables en luttant contre le détournement de fonds de l’Etat », soutient le conférencier.
À cause de ces faits, l’image du pays est ternie, s’est-il lamenté. Et d’ajouter, dans la lutte contre la corruption, le Mali ne répond plus aux critères d’un État sérieux. Par conséquent, de plus en plus de partenaires financiers ne lui font plus confiance.
Par Sikou BAH