L’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF), à travers deux correspondances, rappelle aux autorités leur engagement dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Contre ces pratiques, l’organisation estime que peu d’efforts sont en train d’être fournis par la transition, à travers son président, malgré son discours d’engagement et de fermeté à ne tolérer aucune corruption et l’impunité dans le pays.
Plusieurs milliards de FCFA sont détournés par an au Mali à cause de la corruption, selon plusieurs rapports dont celui du Bureau de vérificateur général qui élabore périodiquement un document de contrôle sur la gestion de deniers publics. Un manque à gagner colossal pour l’un des pays les plus pauvres au monde où l’accès à l’école, à la santé, à l’eau est encore un luxe dans certaines localités.
Face à l’ampleur de cette pratique qui a mis à genoux le pays, les nouvelles autorités installées aux commandes de l’Etat suite au coup d’Etat du 18 août contre le régime IBK, ont promis de sévir. En effet, le Président de la transition Bah N’DAW, lors de son discours d’investiture, s’est montré intransigeant face à la corruption et à l’impunité. Un discours d’engagement et de fermeté qui a rassuré plus d’un.
Un mois plus tard, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) adresse un courrier au chef de l’Etat pour lui rappeler son engagement à mener la croisade contre ces deux pratiques. Pour l’organisation, après le discours, il faut des actes concrets pour éviter à notre pays le sort du passé en rappelant que des « jeunes militaires maliens se faisaient tuer faute d’équipements en raison des détournements massifs et répétés ».
Contrairement à la transition de 1991 qui avait tout de suite affirmé sa volonté de lutter contre la corruption avec le célèbre slogan ‘’Kokadjè’’, l’engagement du Président de la transition dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière n’est pas encore perceptible.
Cependant, ajoute l’AMLCDF ‘’nous nous devons de vous rappeler que le souhait le plus profond du Peuple est le retour à la justice sociale et la lutte contre l’impunité. Nous comprenons le fait que vous soyez préoccupés et assaillis par beaucoup de problèmes dans votre souci d’assurer la continuité de l’Etat’’.
Ainsi, le Président de la Transition doit affirmer sans aucune ambiguïté sa volonté de lutter contre l’impunité et d’entamer des procédures judiciaires contre toutes les personnes physiques convaincues de corruption, détournement de biens ou de fonds publics.
Et pour l’accompagner, AMLCDF réaffirme sa disponibilité de mettre à sa disposition un certain nombre de dossiers sur des affaires qui ont mis à mal notre pays.
‘’Toute autre attitude qui donnerait l’impression que vous assurez l’impunité aux anciens dignitaires sera mal perçue, notamment de la part de la jeunesse’’, avertit AMLCDF dans sa lettre à Bah N’DAW.
Dans la même veine, une autre correspondance est adressée au Président de l’Office central de lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), Moumouni GUINDO en l’invitant à appliquer la loi sur la déclaration des biens du Président de la Transition, du Premier ministre et des membres de son gouvernement.
Pour AMLCDF, il ne doit pas y avoir d’état d’âme dans l’application des textes. ‘’La loi est dure, mais c’est la loi et son application pour que nul n’en soit au-dessus, comme l’a promis le Président de la transition, dans son discours d’investiture est la seule voie qui pourrait mener certainement à la refondation’’, peut-on lire dans le document.
Et, celui qui doit donner l’exemple, Bah N’DAW, n’est pas conforme avec la loi. A cet effet, l’association interpelle le président de l’OCLEI d’user des prérogatives à lui confiées par la loi sus-évoquée en objet afin de demander aux autorités compétentes de constater ces retards et refus et procéder comme il est prévu par ce texte qui dispose : ‘’le refus de s’exécuter, dans le délai imparti, sera sanctionné, de la révocation ou de la déchéance immédiate de l’agent incriminé par l’autorité́ de nomination ou d’investiture’’.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN