Déposé depuis mars 2018, le dernier ‘’Rapport du Comité de suivi et d’évaluation des recommandations des états généraux sur la corruption’’ dérange le cabinet du Premier ministre. Le Président de Comité de suivi d’évaluation refuse la demande de modification du document exigée par la Primature.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet «Amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption» financé par son partenaire Diakonia, le Réseau Plaidoyer et Lobbying (RPL) a organisé le 27 juin 2019 à la Cité des Enfants de Bamako, une journée d’évaluation avec les acteurs de la société civile du Plan d’action 2014-2018 du Comité de suivi des états généraux sur la corruption. Le principal animateur de cette journée était Boubacar Coulibaly, Président dudit comité.
De l’intervention de M. Coulibaly, on retient que le Comité de suivi et d’évaluation et le cabinet du Premier ministre ne soufflent pas dans la même trompette quant au contenu du dernier ‘’Rapport d’évaluation des recommandations des états généraux sur la lutte contre la corruption’’. Déposé depuis mars 2018, ce rapport fait l’état de trois des 104 recommandations de ses assises tenues en 2009. Il s’agit de la situation des véhicules de l’Etat, la situation des bâtiments loués et la suspension des cadres soupçonnés de corruption.
Une liste de 1500 véhicules appartenant à l’Etat a été communiquée au Comité de suivi par la Direction Générale de l’Administration des Biens de l’Etat (DGABE) y compris l’ancien véhicule de commandement du Président Modibo Kéïta. Le Comité de suivi a mené ses propres enquêtes au niveau des services compétents du ministère des Transports et de la Douane. Il ressort que l’Etat dispose de 3. 500 véhicules en réalité, sans compter ceux de l’armée. On y dénombre quelque 200 Toyota V8, dont le prix moyen est de 60 millions FCFA l’unité. Il a été constaté 130 véhicules n’avaient plus de clés et que l’achat de nouvelles clés a coûté au contribuable malien plus d’un million de nos francs ! Le coût d’entretien des véhicules est estimé à environ 1. 4 milliard. Et cela pour neuf (9) mois !
Introduction des modules sur la corruption dans les programmes d’enseignement
Ce rapport, dont la Primature refuse la publication, fait aussi l’inventaire des bâtiments loués par l’Etat. Il s’est aussi intéressé à la suspension des cadres de l’administration soupçonnés de corruption. Le document fait des propositions concrètes pour la responsabilisation des cadres de l’administration publique dans la gestion des biens de l’Etat. Il propose également à l’Etat de cesser les achats de véhicules, d’en accorder juste deux aux ministres de la République et d’allouer des indemnités aux autres cadres de l’administration en lieu et place de véhicules.
Le cabinet du Premier ministre invite le Comité de suivi à revoir son rapport qui ne serait pas dans le format indiqué. Ce que refuse le Président du Comité de suivi du plan d’actions des recommandations des états généraux sur la corruption au Mali qui a perçu les injonctions comme une insulte. « La Primature a demandé des modifications sur notre rapport. Ce que nous avons refusé. Le rôle du Comité ne peut pas se résumer au suivi des recommandations. Cela est réducteur», a précisé Boubacar Coulibaly.
Cet auditeur ne comprend pas le refus du gouvernement d’introduire dans les programmes d’enseignement des thèmes sur la lutte contre la corruption et la délinquance financière. «Je compte sur votre plaidoyer pour l’introduction des modules sur la corruption dans les programmes d’enseignement. C’est une nécessité. Il faut mettre l’accent sur la formation des jeunes», a-t-il ajouté.
Selon lui, ceux qui corrompent ne dépassent pas 10% de la population. «Le reste de la population subit la corruption. Nos populations sont extorquées. Elles sont des victimes de la corruption », a-t-il laissé entendre avec la ferme conviction que c’est la minorité organisée qui est dans la corruption.
Chiaka Doumbia
Le Challenger