Devant une question aussi centrale, il serait profondément aberrant de nous voiler la face ou nous cacher derrière notre petit doigt. Le problème sécuritaire que vit le Centre du Mali, est bel et bien, un problème inter-malien qu’il faille résoudre par des solutions purement maliennes. Jusqu’où persisterons-nous à nier l’évidence en déplaçant le débat ou en fuyant l’origne du mal qui n’a pourtant été jamais loin de nous ? Il s’agit fondamentalement d’une crise intercommunautaire qui ne se règlera que politiquement d’où l’urgence d’un dialogue social entre les communautés rivales.
Depuis le début des conflits au Mali, l’on a fait que crier au complot, occultant ainsi, les vraies origines du mal pour nous cramponner à des théories farfelues, vainement accusatrices et qui, en définitive, n’ont servi qu’à conduire la crise à l’enlisement. Aujourd’hui, face aux conflits interethniques en cours dans le grand Centre, il est franchement malheureux de constater que l’opinion publique nationale ainsi que le Gouvernement continuent erronément à passer à côté des vraies solutions malgré la gravité croissante du conflit, comme si aucune leçon n’a été tirée des fausses approches du passé.
Aucune solution politique issue d’une approche saine du conflit en cours dans la région de Mopti, n’a jusqu’ici été proposée par les autorités de l’Etat. Aucune pression politique et sociale issue de la conscience populaire malienne, notamment, la société civile, n’a jusqu’ici été exercée sur le Gouvernement pour le sommer d’agir urgemment afin que cette guerre tribale prennent définitivement fin. N’ayons pas peur des mots : il s’agit bien d’une guerre ethnique que seul, un réel processus de dialogue social pourrait abolir.
La prolifération des associations à caractère ethnique, a plus contribué à diviser les maliens plus qu’elle ne soit parvenue à les unir. Ces associations anachroniques ne s’attèlent, en général, qu’à faire la promotion de ce qui sépare, mais jamais, ce qui rassemble les maliens dans une même perspective nationale. En conséquence, il faudrait systématiquement mettre fin à l’existence des associations ethniques ainsi que toute autre forme de différenciation culturelle pour que disparaissent les germes de la division au Mali.
Cette crise intercommunautaire ayant tué de milliers de pauvres innocents, aurait certainement de beaux jours devant elle, aussi longtemps que les autorités de la République resteront incapables d’en dégager une saine lecture et engager des démarches politiques plus réalistes. Cela, en substance, passe par la reconnaissance du caractère purement interethnique de la crise et l’enclenchement d’une véritable dynamique de réconciliation entre les communautés qui se déciment depuis des années.
Moulaye Diop
Source: lepointdumali