A partir de ce mercredi 1er janvier, les Roumains et les Bulgares peuvent travailler librement dans tous les pays de l’Union européenne. Sept ans après l’adhésion de Bucarest et de Sofia, l’Europe lève les « dispositions transitoires » qui limitaient l’accès au marché du travail pour les deux capitales. Une mesure qui provoque des craintes dans certains pays, notamment en Grande-Bretagne, qui attendent un afflux massif de travailleurs roumains et bulgares.
Avec notre correspondant à Bucarest, Luca Niculescu
Les travailleurs roumains vont-ils envahir le marché du travail occidental à partir du 1er janvier ? « Non », répondent les responsables de Bucarest, « la crainte n’a pas de fondement ». Tout d’abord, la plupart des pays européens avaient déjà, partiellement ou complètement, ouvert leurs portes pour les Roumains et les Bulgares avant cette date. En France, par exemple, environ 300 métiers étaient accessibles pour les ressortissants des deux pays.
Ces dix dernières années, environ 3 millions de Roumains sont allés travailler dans d’autre pays européens. Les destinations privilégiées sont l’Italie et l’Espagne, où vivent quelque deux millions de Roumains. Par ailleurs, suite à la crise économique et au chômage qui frappe les pays occidentaux, le flux de départs s’est diminué.
On assiste même à un mouvement contraire : des Roumains qui avaient quitté leur pays avant la crise ont commencé à revenir en Roumanie. Un mouvement qui pourrait s’accélérer si le pays continuait à afficher des bons chiffres économiques, comme en 2013, lorsque la croissance a dépassé les 3%, soit la plus forte de l’Union européenne.
ANALYSE : Faux débats et vrais phantasmesAvec notre bureau de Bruxelles,
Désormais, tout ressortissant roumain ou bulgare pourra s’installer où bon lui semble dans l’Union européenne. Jusqu’ici, dans le cadre de mesures transitoires en vigueur depuis l’entrée de ces deux pays dans l’Union en 2007, neuf Etats membres sur 28, dont la France, n’avaient ouvert que partiellement ce droit.
Cette mesure prévue donc de longue date fait cependant l’objet de faux débats et de vrais phantasmes. Elle n’a rien à voir avec l’espace Shengen dont la Roumanie et la Bulgarie ne font toujours pas partie, ni sur la directive sur les travailleurs détachés, encore moins avec le sort des Roms. La liberté de circulation, elle, s’appliquait déjà aux Roumains et aux Bulgares, mais leur séjour ailleurs que chez eux dans le lieu était limité à trois mois. C’est cette restriction, en réalité assez théorique, qui disparaît.
Depuis 1990, la Roumanie a vu décroître sa population de plus de 15% essentiellement en raison de l’immigration vers l’Ouest. Quant à la Bulgarie, elle aura perdu quelque 600 000 habitants au cours des dix dernières années. C’est dire s’il n’y a pas lieu à s’attendre, dans quelques heures, à une arrivée massive en Europe de l’Ouest de Roumains et de Bulgares, et pour cause, ils sont déjà là.
Source : RFI