Un à un, pour des motifs variés, des ténors du FDR, après avoir constitué le bloc oppositionnel, s’en écarte. Après le « Fare » des partisans de Modibo Sidibé, c’est au tour de l’Adéma de claquer la porte du regroupement, obligeant ses caïds de revoir autrement les cartes politiques dans la perspective de constituer une opposition crédible au président IBK.
Sur ces traces mouvementées, le FDR, ce front de refus politique à l’ex-junte militaire, après avoir battu le pavé, tombe aujourd’hui de haut. Les principaux ténors du regroupement, pour des motifs divers, s’en détournent complètement, comme si l’unité à l’interne, tant vantée à ses moments de gloire, n’était que de façade.
Empêtré dans ses propres contradictions, lesquelles ont pris de l’ampleur en l’absence d’un débat de fond, le FDR, qui a voulu se donner une nouvelle configuration électorale, à la veille de la présidentielle du 28 juillet, sous sa nouvelle appellation de l’ADR, n’a pas su s’adapter à la fulgurante victoire de son principal rival, IBK, et ses alliés qui, eux, entamaient ainsi leur irrésistible ascension sur la scène politique.
Après le « Fare » des partisans de Modibo Sidibé, candidat malheureux à la dernière présidentielle, qui n’a pas caché sa colère de ne pas être suffisamment associé aux affaires intérieures, avant de quitter avec fracas le regroupement, c’est aujourd’hui le tour de l’Adéma de soutenir la pointe des pieds pour s’en éloigner.
En fait, c’est le président par intérim du parti, Tiémoko Sangaré qui l’annonce lui-même chez nos confrères de l’Indépendant dans une interview exclusive par laquelle il dit sans coup férir que l’Adéma a décidé majoritairement de soutenir le président IBK.
Tout est dans cette déclaration : l’Adéma, la très ancienne grosse pointure du FDR, se retrouve aujourd’hui dans la coalition présidentielle. Pour le président du parti, c’est l’air du temps ; le FDR, devenu l’ADR, qui a atteint son objectif initial, celui d’amener le pays à la normalité constitutionnelle.
Pourtant, il n’y a pas encore longtemps, la logique au sein de ce regroupement politique était de tenir la dragée haute au camp d’en face, celui du président IBK sur lequel, on s’en souvient, se renfermait, côté FDR, la stratégie d’isolement.
La vague IBKiste, dès le premier tour du scrutin présidentiel, a émoussé les ardeurs oppositionnelles de ce front de refus qui a fini par avoir raison de la cohésion du FDR.
Déjà, à cette époque, au sein de l’Adéma, ce n’était pas l’idylle politique tant espérée avec la mouvance du candidat officiel du parti, Dramane Dembélé, et le FDR, soutenu dans ses positions oppositionnelles par certains caïds du directoire politique, lesquels ont bravé le choix du candidat malheureux du parti à l’élection présidentielle de voter, au second tour, pour le camp d’IBK.
À l’intérieur de l’Adéma, la cacophonie créée par cette dissonance de voix chez les ruchers, a considérablement fragilisé ce parti qui, depuis cette époque trouble, avait du mal à tenir sa position initiale au sein du FDR.
La suite on la connait tous : l’Adéma, dans ses nombreux démembrements politique, a rallié la voix de Dramane Dembélé en accordant un suffrage dynamique et vigoureux au nouveau président IBK. Dès lors, la Ruche, partagée entre le FDR et un fort contingent de ses membres, était en difficulté vis-à-vis de ses alliés politiques traditionnels.
Ce qui devait arriver, arriva : d’une grande majorité de ses responsables, le parti s’est détourné complètement du FDR pour se positionner dans le camp du vainqueur. Ce n’est pas un premier d’essai pour ce parti qui fuit de toutes ses forces l’opposition. Comme en 2002, où le parti a perdu le pouvoir face à un candidat indépendant, qui avait beaucoup puisé dans ses réserves pour se hisser au pouvoir, l’Adéma s’est alignée comme un parti de gestion du pouvoir, avec IBK, en 2013, qui pulvérisera tous les pronostics en remportant haut les mains la présidentielle.
Reste maintenant à l’opposition, revendiquée par l’Urd de Soumaïla Cissé, lequel signera triomphalement sa rentrée dans l’hémicycle, et le Parena de Tiébilé Dramé, de s’organiser, comme elle veut, pour constituer une nouvelle alternative crédible au régime d’IBK. Pour eux, on le sait, ce ne serait pas une partie de plaisir, car beaucoup d’entre eux, comme dans la Ruche, devront apprendre la dure réalité de l’opposition, en ce sens qu’ils ne s’en sont jamais essayés en cela, en réalité.
En tout état de cause, IBK est formel sur cette question : pas de gouvernement d’ouverture. Cela veut dire clairement qu’il s’emploiera à diriger le pays avec une opposition, digne de ce nom, qui tiendra toute sa place dans la démocratie. C’est donc aux acteurs de cette nouvelle opposition de savoir tenir son rôle en développant une nouvelle approche politique qui lui donnera crédibilité et envergure.
Ce qui n’est pas pour le moment, pour eux, la chose politique la plus aisée.
Sékouba Samaké
Source: Info-matin