Le Saint Siège a pris acte des reproches formulés dans un rapport publié mercredi par le Comité des Nations unies sur les droits de l’enfant.
Le rapport de l’ONU est d’une extrême sévérité vis-à-vis du Saint Siège. Dans ce document publié mercredi, le Comité des Nations unies sur les droits de l’enfant (CRC) demande le renvoi immédiat de tous les ecclésiastiques coupables ou soupçonnés d’actes pédophiles, afin qu’ils soient livrés à la justice. Sa présidente, Kristen Sandberg, va même plus loin: elle estime que le Vatican a violé jusqu’à présent la Convention sur les droits de l’enfant. «Ils n’ont pas fait tout ce qu’ils auraient dû», explique la juriste norvégienne. «Le Saint-Siège prend acte des observations finales» qu’il examinera «avec attention», promet le Vatican dans un communiqué diffusé dans l’après-midi.
Le CRC critique spécialement l’attitude passée de l’Église. «Le Comité est profondément préoccupé que le Saint Siège n’ait pas reconnu l’étendue des crimes commis et n’ait pas pris les mesures nécessaires pour traiter les cas d’abus sexueIs d’enfants et protéger ces enfants, et ait retenu des politiques et des pratiques qui ont conduit à la poursuite de ces abus et à une impunité pour leurs auteurs», affirme le rapport. Il dénonce notamment les transferts de paroisses en paroisses dans un même pays ou dans un autre pays, pour cacher ces crimes et les occulter des autorités judiciaires. «La pratique de la mobilité des auteurs de sévices a permis à de nombreux prêtres de rester en contact avec des enfants et de continuer à les abuser», ajoute le CRC.
En janvier, des représentants du Saint Siège avaient spécialement fait le déplacement à Genève. Pour la première fois, ils étaient sommés de donner des explications détaillées aux Nations unies sur les sévices sexuels et les violences contre les enfants au sein de l’Église. La délégation du Vatican a dû défendre son action face à un feu roulant de questions. «L’Église catholique veut devenir un exemple de bonne conduite», a alors plaidé le représentant du Vatican auprès des Nations unies à Genève, Silvano Tomas. Il a également souligné que le Saint-Siège et les églises locales avaient formulé des «directives» en la matière pour éviter les sévices sexuels, citant la Charte pour la protection des enfants et des jeunes adoptée par l’Église catholique américaine en 2005.
C’est au début des années 2000 aux États-Unis que les crimes, commis surtout dans les années 1960, 1970 et 1980, sur des milliers d’enfants par le clergé ont commencé à faire surface. Sous Benoît XVI, le Vatican a demandé pardon aux victimes. Des consignes de tolérance zéro ont été données aux évêques. La collaboration avec les autorités civiles a été recommandée. Selon l’Associated Press, le pape Benoît XVI a ainsi destitué environ 400 prêtres soupçonnés d’abus sexuels entre 2011 et 2012. À son tour, en juillet dernier, le pape François a renforcé l’arsenal législatif contre la pédophilie. Les sanctions prévues en cas d’abus contre mineur au Saint Siège et dans la Curie ont notamment été aggravées. La définition des actes délictueux visés par le texte a également été élargie. Mais le Vatican juge qu’il n’est pas responsable pénalement des actes commis dans les diocèses.
Source: LE FIGARO