Le chef de l’opposition attend d’être mis dans les conditions de travailler et entretemps ne ménage pas ses critiques
Le décret d’application de la loi portant statut des partis de l’opposition se fait jusqu’à présent attendre. Cette situation a été dénoncée par le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, au cours d’une conférence de presse tenue hier à la Maison de la presse.
Votée à l’Assemblée nationale le 19 février 2015, la loi portant statut des partis de l’opposition a été promulguée par le chef de l’Etat le 4 mars dernier. 20 jours plus tard, Soumaila Cissé a été désigné chef de file de l’opposition par son parti, l’URD, qui parmi les formations de l’opposition possède le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Sa nomination par le président de la République est intervenue le 10 juin dernier.
Mais Soumaila Cissé ne peut pas aujourd’hui accomplir pleinement sa nouvelle mission, car le décret d’application de la loi n’existe pas encore. Devant les nombreux journalistes, l’intéressé a manifesté son mécontentement en disant qu’on lui a fait croire que le décret d’application de la loi a été retardé pour cause de manque de moyens financiers. Cela peut paraître plausible, car la loi accorde au chef de file de l’opposition la possibilité de se constituer un cabinet comportant 6 conseillers, de recevoir un million de francs cfa par mois et de bénéficier d’une voiture de fonction. Toutes ces charges sont supportées par le budget d’Etat.
Soumaila Cissé a jugé normal de mettre dans des conditions de travail acceptables l’opposition dont l’une des missions principales est de suivre l’action gouvernementale. « La loi portant statut des partis de l’opposition a été adoptée pour renforcer les acquis démocratiques et consolider davantage la République », a-t-il indiqué avant de réaffirmer l’engagement de son parti à mener le combat de l’opposition jusqu’au bout. « L’URD appartient à l’opposition. Cela ne doit faire l’objet d’aucune ambiguïté, d’aucun questionnement », a-t-il martelé.
Commentant les faits ayant marqué l’actualité ces derniers temps, le chef de file de l’opposition a déclaré que les actions du gouvernement sont en train de fragiliser davantage la République. Il a dénoncé ce qu’il considère comme des scandales et qui est lié à la distribution des logements sociaux, à l’octroi des passeports, à la destruction des maisons à Souleymanebougou, à l’affaire des engrais de qualité douteuse. Il a aussi pointé du doigt la cherté de la vie, l’augmentation non justifiée du prix de la viande, l’insécurité ambiante dans nos villes et campagnes malgré la signature d’un Accord pour la paix et la réconciliation.
« Les Maliens sont indignés de toutes ces dérives. Ils ont l’impression d’être trahis », a dit Soumaïla Cissé. « La destruction des maisons à Souleymanebougou a été une dérive. C’est inacceptable. Nous allons continuer à dénoncer », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le chef de file de l’opposition a déclaré que rien n’a été fait dans la lutte contre la corruption. « L’année 2014 a été déclarée par le chef de l’Etat année de lutte contre la corruption. Au contraire, cela a été l’année de la promotion de la corruption. Le Président lui-même l’a admis lors de la présentation des voeux à l’occasion de la fête de Ramadan. Il a indiqué qu’il va désormais sévir et qu’il serait intraitable sur la question. Les Anglais disent: wait and see », a conclu le conférencier.
La conférence de presse n’a pas été un exercice de tout repos pour Soumaila Cissé. Des confères le jugent en effet assez peu crédible dans l’habit de chef de file de l’opposition, parce qu’il a évolué dans le système qui a conduit le pays aux dérives actuelles.
M. KÉITA
source : L’ Essor