Côté officiel, la visite de Soumeylou Boubèye Maïga à Alger semble ne rien à voir avec la future « Loi d’entente nationale » du Mali. Pourtant, ce projet rappelle en tous points la «Concorde civile » algérienne. Dix-neuf ans plus tôt, Alger était presqu’à la place de la capitale malienne parce qu’il fallait freiner l’expansion terroriste. C’est ainsi qu’est née la Concorde civile, une loi de « grâce amnistiante » proposée par Abdelaziz Bouteflika, le chef d’Etat algérien.
C’était dans le but de réinsérer dans la vie civile les terroristes qui ont exprimé la volonté de renoncer à la lutte armée. Et ce que l’on sait, c’est que la future loi amnistiante du Mali va abandonner des poursuites judiciaires contre ceux qui sont impliqués dans les réseaux de soutien à la lutte armée à condition qu’ils n’aient pas les mains tâchées de sang.
En attendant d’en savoir un peu plus sur la proposition du président IBK, le cas malien s’annonce identique à la loi algérienne qui avait été critiquée par certains islamistes pour son insuffisance. Il fallait aller au-delà des réseaux de soutien aux groupes armés, ne pas inquiéter les chefs de guerre.
La loi d’entente nationale du Mali pourrait concerner seulement les hommes de moindre importance, ces « petits combattants » venus grossir les rangs. En excluant ceux qui ont du sang sur les mains, c’est un grand nombre de terroristes qui continueront de menacer le pays. A la différence de l’Algérie, il existe au Mali une multitude de groupes djihadistes ayant chacun une zone de prédilection.
Au centre il y a Amadoun Koufa, au nord et au nord-est il y a Iyad Ag Ghali et bien d’autres. Ce qui complique davantage, c’est l’existence de djihadistes étrangers sur le territoire malien. Dans un tel contexte, on voit mal l’effet dissuasif de la Loi d’entente nationale contre le terrorisme. Surtout que sur le plan militaire le Mali et les forces étrangères peinent à sécuriser les zones reculées où les moudjahidines règnent.
Le Mali risque de se trouver dans la situation de l’Algérie où la loi sur la Concorde nationale était très vite dépassée. Bouteflika avait été amenée, en 2005 tout près, à prendre un décret présidentiel pour amnistier tous les membres de l’Armée islamique du salut(AIS). Ainsi, des milliers de combattants impliqués dans les crimes ont rejoint leurs domiciles, selon des analystes.
Cela pourra-t-il s’appliquer au centre du Mali ? Rien n’est moins sûr ! Mais l’on signale déjà que des centaines de jeunes peulh ayant fait allégeance à Amadoun Koufa sont prêts à rejoindre le camp de la paix.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain