«Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent échouer.» (Mamadou Konaté).
Nul doute que depuis belle lurette, la crise du logement au Mali se pose avec acuité. La triste réalité se résulte en ces termes: Ceux qui travaillent dorment comme des poulets et ceux qui ne font rien s’échangent de logements somptueux comme ils changent d’habits. Le rêve des travailleurs au Mali c’est de trouver un jour où cacher la tête pour éviter les aléas du climat et des grands délinquants de toutes sortes et de tout acabit. En tout cas, de plus en plus au Mali, mieux vaut ne pas dîner que de manquer d’abri. C’est dire jusqu’où le problème de logement notamment dans nos villes est crucial au Mali. Cela est bien en rapport avec la démographie galopante et la problématique de l’exode massif des ruraux vers nos villes en quête d’un hypothétique mieux- être. Les conséquences d’une telle réalité, géo-humaine sont fâcheuses pour les plus démunis de notre pays. Cela est d’autant exact qu’il convient de faire de la question du logement une question cruciale pour l’équilibre social de notre patrie. La vente illicite des terres par des maires «démocrates» a été le leitmotiv fondamental des constructions anarchiques d’habitats dans nos villes. Ainsi, certains construisent leurs demeures au flanc des collines, sur des hauteurs jadis réservées aux singes, aux cynocéphales ou babouins et aux oiseaux migrateurs. Mais ce n’est pas tout !
Pour se faire des abris dans nos villes, certains citoyens n’ont pas hésité un instant à faire obstruction des lits des marigots et des ruisseaux qui traversent nos cités. L’on gardera encore longtemps à l’esprit l’évènement fâcheux qui a décimé une famille d’un couple et de deux enfants.
En fait, à Sikoroni, une grosse pierre a dégringolé du sommet de la colline pour venir écraser cette famille: il n’y a pas eu un seul survivant c’était en 2013. Quel drame ! Les populations ont-elles vraiment le choix pour éviter de telles situations ? Visiblement non ! La triste réalité c’est qu’au Mali, les terres ont toujours fait l’objet de vente illicite par des élus communaux sans se soucier pour le moins du monde du sort des sans abris qui se comptent par centaines de milliers.
Le problème était devenu si crucial que le régime Amadou Toumani Touré (ATT) a initié les logements sociaux pour soulager les plus démunis qui n’ont pas les moyens de se faire le moindre habitat dans nos villes. Ce projet fut vraiment salutaire, en tout cas, salué positivement par les populations démunies.
Hélas ! La grosse montagne d’espoir a donné naissance aux contrefaçons les plus abominables et pour cause: en lieu et place des gens qui n’ont pas les moyens de se construire des abris, voilà les nantis s’accaparer desdits «logements sociaux» et cela sans que les autorités protestent réellement. Cette triste réalité saute aux yeux de tous.
En quelques mois, bien de propriétaires de ces logements dits «sociaux» ont dressé de somptueuses maisons à étages pour des copines au grand dam des nécessiteux. C’est bien cela le Mali de Modibo Keïta ! Allez savoir la part que des membres des commissions d’attributions se taillent dans cette affaire. Des gens ont bénéficié de ces logements pour mettre leurs somptueuses villas en location. C’est dire que ces logements dits sociaux ont occasionné d’autres formes de corruption et de délinquances financières. Bien de ces logements sont soit inhabités ou en location pour le bonheur des nantis.
Pour voir clair dans cette affaire, il faut l’audit de la gestion de tous les logements dits sociaux pour savoir ce qui en a été fait au grand mépris des ‘‘ayant droit’’. Voilà que d’autres Maliens se donnent le droit d’occuper des logements sociaux de N’Tabacoro sans s’inquiéter outre mesure et sans la moindre légalité en la matière.
Finalement, tout se passe comme s’il n’y a pas d’État au Mali. Parce que ce pays est devenu un no man’s land grégaire, où les nantis font la pluie et le beau temps aux dépens des masses travailleuses qui se trouvent dans la nécessité. Autorités de transition, vous êtes interpellées ! À ce jour, nous sommes en droit de dire que la traque des contrefaçons a vraiment débuté dans cette affaire de logements sociaux. Le temps est le meilleur juge !
Tout compte fait, les autorités de la transition ont tout le devoir de ramener la question des logements sociaux à son sens initial. La cause est juste et noble, il n’y a pas de raison de reculer ici si l’on veut bien faire. Tout comme il est impérieux de poursuivre les démolitions entamées partout où il le faut sans discrimination aucune car à notre sens il n’y a pas de surhomme ni de propriétaire de maison élu de Dieu.
Le recul serait ici un échec cuisant. Il faut avancer mais à condition de s’assumer et de ne pas écouter un seul instant les gesticulations politiciennes et affairistes. Mamadou Konaté nous a dit: «Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent échouer.»
Fodé KEITA
Source : Inter De Bamako