L’Ocs en partenariat avec l’Onudc a organisé du 20 au 23 novembre l’atelier de formation des journalistes sur la problématique du trafic illicite de drogues et la criminalité transnationale organisée. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Colonel Adama Tounkara, magistrat militaire, qui avait à ses côtés le sous-préfet et le maire de la commune rurale de Baya (Sélingué), Magatte N’Diaye, et le représentant du bureau de United Nations Office on Drugs and Crime au Mali.
À l’ouverture des travaux, le directeur général de l’Office central des stupéfiants, Colonel Adama Tounkara, a précisé que l’idée de cet atelier est partie du fait que de plus en plus, «on assiste à une utilisation malsaine des mass media, soit pour planifier ou même exécuter des activités criminelles». Or, a-t-il ajouté, «ce ne sont pas tous les hommes de médias et les utilisateurs des NTIC qui disposent de compétences nécessaires en matière de lutte contre le trafic illicite de drogues et la criminalité transnationale organisée». Il a aussi déclaré que l’atelier est initié par la Direction de l’Office central des stupéfiants en partenariat avec l’Onudc, pour outiller les journalistes et renforcer leurs capacités dans la recherche et le traitement des informations relatives à la criminalité dite émergente.
Cet atelier visait à développer la curiosité chez les journalistes, à se doter du sens des investigations en matière de lutte contre les fléaux des temps modernes, et d’affranchir l’imprécision, la confusion et l’approximation dans le traitement des informations. Il a permis, en outre, de partager des connaissances et expertises sur les techniques d’enquête pour participer à la dénonciation des infractions liées aux trafics illicites et au crime organisé.
Pour Ganda Traoré, Coordinateur par intérim de l’Onudc-Mali, le trafic illicite de drogues et la criminalité organisée constituent un défi majeur pour tous les pays de la communauté internationale et particulièrement le Mali. Avant de préciser que «ces phénomènes sans cesse grandissants se manifestent par l’organisation en bandes de criminels en vue de commettre des infractions comme le trafic de drogues, le trafic d’êtres humains, la traite des personnes, le trafic d’armes à feu, le trafic des espèces protégées et des biens culturels…
Ces défis nous interpellent tous, que l’on soit acteurs de la lutte, que l’on soit partenaires ou que l’on soit journaliste parce que nos populations, surtout les jeunes, sont exposés à la consommation de drogues soit par snobisme ou par l’influence des mass media». D’où, selon lui, l’engagement de l’Onudc à accompagner cette activité de formation en raison de sa pertinence et surtout des résultats qu’elle va produire en termes de conscientisation, d’appropriation et de maîtrise de concepts. Surtout que, l’un des objectifs de cet atelier, dira-t-il, est d’inciter à mettre en place un réseau de journalistes spécialisés dans le traitement des informations relatives à la criminalité organisée et au trafic de drogues.
Par ailleurs, les travaux ont commencé par la première thématique intitulée «drogue et dépendance». Une communication développée par Dr. Souleymane Coulibaly, médecin psychiatre à l’hôpital du point «G», qui a évoqué plusieurs problématiques liées à la consommation des différents types de drogues, sinon les différentes substances nocives. Son diagnostic, c’est que la consommation de la drogue est un problème de santé publique.
«Législation nationale et internationale sur la criminalité transnationale organisée et le terrorisme», un autre thème épluché par Abdoul Karim Diarra, substitut du procureur du Pôle judiciaire spécialisé. Dans ses propos, il a mis l’accent sur la différence entre le terrorisme et la criminalité transnationale.
Au plan national, selon lui, la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme est réglementée par plusieurs textes de droit dont la Loi n°08 – 25 du 23 Juillet 2008 portant répression du terrorisme au Mali et la loi du 12 novembre 2004, régissant les armes et munitions en République au Mali. Au plan international, la lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme est régie par des textes bilatéraux, communautaires et universels. Notamment la Convention internationale de 1979 contre la prise d’otage.
Hamidou Keita de l’Ocs a présenté la Stratégie de lutte contre les stupéfiants. Selon l’exposant, trois raisons expliquent le choix de l’Afrique de l’Ouest comme zone de transit des stupéfiants vers l’Europe. D’abord le succès des opérations de contrôle du trafic de cocaïne près des côtes européennes. Ensuite, la position géographique de l’Afrique de l’Ouest. Enfin, la perception des pays ouest-africains comme des pays où des structures de contrôle sont faibles.
- Keita a aussi rappelé les normes et institutions de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants aux plans national et international. Ainsi, le cadre légal du contrôle et de la répression de l’usage des drogues au Mali est régi par la Loi n°01-078/AN-RM du 18 Juillet 2001, modifiée, portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs.
Les participants à l’atelier ont ensuite suivi avec intérêt les exposés sur les thèmes «Journalisme d’investigation : missions et principes», présenté par Alfousseiny Sidibé, Journaliste-communicant ; «Journalisme d’investigation et TIC», présenté par Kassim Traoré, journaliste d’investigation ; «Technique d’investigation, cas du Panama Papers et des Swissleaks», présenté par David Dembélé, journaliste.
La fin des travaux a été marquée par la formulation et la restitution des recommandations à l’endroit du gouvernement du Mali et de ses partenaires sous-régionaux, régionaux et internationaux, de l’Onudc, de l’Ocs et des journalistes. En fin de cérémonie, le directeur de l’Ocs a sollicité l’engagement de tous pour lutter contre la criminalité dite émergente.
Assan TRAORE/Stagiaire
Envoyé spécial à Sélingué
Source: Le Reporter