Ces derniers mois, Vingt-trois devises du continent ont affiché leur plus bas historique face au dollar américain. Très forte inflation, chute des investissements, remise en question de la monnaie de la Cedeao… Les conséquences sont multiples.
Quand s’arrêtera la chute ? Depuis 2023, la plupart des monnaies d’Afrique sub-saharienne dévissent par rapport au dollar : livre égyptienne, naira, rand, cedi, franc congolais, schilling kényan… Au total, 23 devises du continent ont affiché ces derniers mois leur plus bas historique face au billet vert.
Au cours des dernières années, la crise du Covid-19 puis la guerre en Ukraine ont provoqué une rupture des chaînes d’approvisionnement et une inflation mondiale. Pour limiter cette hausse des prix, la Banque centrale américaine (Fed) a décidé d’augmenter ses taux d’intérêts, provoquant un renchérissement du dollar et, par ricochet, un affaiblissement des devises africaines. La situation paraît particulièrement préoccupante au Nigeria : le 5 avril, il fallait 1 267 nairas pour acheter un dollar, contre 600 en juin 2023 et 450 il y a un an. Dans le premier épisode de notre série consacrée à la chute des monnaies africaines, plusieurs experts s’interrogent sur la probabilité d’un scénario similaire à ce qu’avait vécu le Zimbabwe, qui avait dû dire adieu à sa monnaie en 2009, au profit du dollar américain.
MTN, Nestlé et consorts plombés par les pertes de change
Cette situation n’est pas sans conséquences sur les investissements. Plombées par les pertes de change, plusieurs multinationales ont affiché des pertes historiques au titre de 2023 : MTN, Nestlé, Nigerian Breweries… Certains ont même décidé de quitter le pays, à l’image de GSK ou de Procter & Gamble (P&G). Comparativement, les pays de la zone F CFA en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale font figure d’îlot de stabilité monétaire. Suffisamment pour bénéficier d’une redirection des investissements ? La question est ouverte dans notre troisième épisode.
L’instabilité monétaire au Ghana et au Nigeria pourrait également remettre en question le lancement de la monnaie de la Cedeao, prévu pour 2027. Pour lancer l’eco, plusieurs « critères de convergence » doivent être réunies : un déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, une inflation limitée à 10% et une dette inférieure à 70 % du PIB. Mais nous sommes loin du compte comme l’explique notre deuxième épisode. Enfin, plusieurs pays africains redoublent d’ingéniosité pour protéger leurs devises des chocs extérieurs. Avec quel succès ?
Source: https://www.jeuneafrique.com/