Dans un livre de 189 pages, Assa Traoré et Géoffroy De Lagasnerie décrivent toutes les violences policières ou étatiques dans la République française ainsi que les hypocrisies que joue ce pays des droits de l’homme avec les populations des quartiers populaires. Toute l’histoire part de la mort d’Adama Traoré. Cette histoire est celle de toutes nos démocraties.
Violences policières, paradoxe des institutions démocratiques, conditions de vie des noirs dans les quartiers populaires en France constituent les phénomènes les plus décriés dans ce livre inédit.
Dans les éditions Stock à Paris, Assa Traoré et Géoffroy De Lagasnerie ont fait paraître en février 2019 Le Combat Adama. Un ouvrage miroir de la vie des Noirs et des arabes dans la société française. « L’objectif de ce livre est de proposer une réflexion générale sur les pouvoirs et la société à partir de la mort d’Adama Traoré », lit-on dans cet ouvrage si remarquable qui nous précise : « Le Combat Adama est le nom de la politique qui met en lumière et affronte ces forces, qui prend en charge l’ensemble des domaines impliqués dans cette histoire : la mort d’Adama Traoré et le traitement de celle-ci comme paradigme, comme pivots à partir desquels se construit une analytique du monde social qui en révèle le fonctionnement. Le Combat Adama est donc un combat cognitif et politique. »
La patrie des droits de l’homme est vue comme une patrie de non-droit pour des minorités vivantes dans les quartiers les plus pauvres (quartiers populaires). Les auteurs nous parlent d’une forme « d’antidémocratie » régnante en France. Assa Traoré et Géoffroy De Lagasnerie nous mènent dans les coulisses des violences policières en nous dévoilant notamment le paradoxe résident dans le fonctionnement des institutions démocratiques. Les principes dictés se situent à l’antipode des actes posés. « Les institutions ont toujours deux faces : une face officielle et une face officieuse », lit-on dans ce livre. La Police aussi bien que la gendarmerie qui sont censées instaurer plus d’ordre au sein de nos sociétés sont au contraire celles qui commettent plus de violences conduisant dans la plupart des cas à la mort. Cette violence policière quasi légalisée rend l’apparition à l’espace public pour les Noirs et les arabes assez problématique.
La lecture de ce livre nous montre toute la rage de l’auteur contre cette France qui se dit patrie des droits de l’homme, mais qui ne cesse de poser des actes « racistes ». Assa Traoré déplore la mort de son frère Adama Traoré en juillet 2016 entre les mains des gendarmes parisiens tout simplement parce qu’il n’avait pas de pièce d’identité et avait voulu se sauver pour échapper au contrôle quotidien dont les Noirs subissent durant toute la journée. Les pratiques policières conduisent pour la plupart des cas à la mort. Mais aucune punition n’est attendue parce que l’État, la justice, la médecine les couvrent en mettant tout genre de stratégie en place. « L’État, la justice, la médecine inventent des narrations fictives pour protéger la police. Ce n’est pas qu’ils ignorent ce qui s’est passé. Les juges, les policiers, les gendarmes, les ministres, les médecins, tout le monde sait très bien », écrivent-ils.
En décrivant la société française, ces deux auteurs nous parlent indirectement de toutes les violences voire injustices dans nos différentes sociétés démocratiques. Les violences policières, les interdictions de marches, l’opposition en droit de fait et principes constituent des problèmes que traversent moult démocraties modernes. Toutes les techniques utilisées par l’État pour étouffer les citoyens sont décrites avec aisance par les deux auteurs et constituent des phénomènes courants dans nos pays démocratiques.
Le Combat Adama est un appel au changement. « Le Combat Adama, c’est un combat contre la mauvaise France », lit-on.
Fousseni TOGOLA
Source: lepays