Cette déclaration de l’ancien Premier ministre français est à l’antipode de ce qui se passe dans notre pays. Sortis de nulle part, des femmes et des hommes sont bombardés à des postes à responsabilité au plus haut sommet sans aucune connaissance de la gestion de l’administration publique.
Cet amateurisme a conduit notre pays au bord du précipite, laissant le peuple sans défense.
“Il faut que la volonté politique repose sur une expérience. Nous, nous avons bénéficié d’une triple expérience. Ma génération a eu une expérience professionnelle, c’est-à-dire que ceux qui entouraient François Mitterrand avaient des métiers, avaient travaillé. Dans mon cas, j’étais diplomate, puis professeur pendant onze (11) ans. Nous ne sommes pas formés dans les cabinets ministériels, ni comme attachés parlementaires. Nous exercions un métier, donc nous connaissons la société. Nous avons eu aussi une expérience d’élus locaux.
C’est-à-dire que nous avons commencé à sentir ce que signifiait la responsabilité, c’est-à-dire aussi le pouvoir, parce qu’il existe aussi dans une ville, dans un département, voire dans une région. Ma génération a fait cet exercice démocratique de l’expérience du pouvoir local. Ça nous a donc considérablement aidés. Et puis, nous avons eu aussi une expérience militante.
Nous vivions ensemble, chacun avec sa personnalité, au sein d’un parti vivant, où on débattait, où on discutait. J’ajouterai, peut-être même, une quatrième expérience qui était que nous avons commencé notre itinéraire politique dans l’opposition. Et nous ne savions pas si nous retrouvions le pouvoir. Donc, nous ne sommes pas venus là pour le pouvoir, même si, au bout de cette décennie un peu faramineuse, 1971-1981, nous l’avons conquis. Et c’est beaucoup ce qu’il manque, je crois, aujourd’hui. Cette expérience, cette méthode, cet enracinement démocratique. Qui n’empêche pas de respecter l’État, la haute administration qui, dans un pays comme la France, ne peut être négligée, ne peut pas être bouleversée sans risque. Je pense que ceux qui nous gouvernent n’ont pas assez le sens de l’État, et ne connaissent pas assez la société”.
Lionel Jospin, ancien Premier ministre français
Inter de Bamako