Les établissements publics d’enseignement préscolaire, fondamental, secondaire et professionnel sont toujours paralysés par une grève des Syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Le gouvernement et ces enseignants n’arrivent toujours à trouver un compromis. Les syndicalistes exigent l’application de l’article 39 du statut du personnel enseignant. Le gouvernement met en avant des contraintes budgétaires. Les négociations sont rompues entre les deux parties.
Le Haut conseil islamique du Mali, à travers son président Ousmane Chérif Madani Haïdara et les Anciens de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), ont rencontré la semaine dernière le directoire des Syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Les semaines à venir nous diront davantage sur les résultats de ces différentes médiations.
Déjà, le Syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC), a appelé dans une lettre, les autres syndicats à revoir leur stratégie de négociation. «Face à la grave crise que traverse l’école malienne, avec son cortège de séries de grèves qui compromettent dangereusement l’avenir de nos enfants, le SNEC malgré son profond attachement à la défense des droits des travailleurs, ne saurait être indifférent au sort des milliers d’élèves maliens victimes d’une situation dont ils ne sont en rien responsables.
C’est pourquoi, le lundi 17 février 2020, le Bureau exécutif national du SNEC (BEN-SNEC) a tenu une réunion extraordinaire dans la salle de réunion de la Bourse du Travail dont le seul point inscrit à l’ordre du jour était : ‘’l’école malienne, quelle proposition de sortie de crise, afin d’analyser la situation de blocage des négociations et proposer un plan de sortie de crise ?’’. A l’issu de cette réunion, le BEN-SNEC propose de changer les stratégies de luttes en adoptant la négociation à besoins multiples qui nous amène à faire des propositions de sortie de crise à la partie gouvernementale. Camarades, nous avons longtemps appliqué la négociation positionnelle qui jusque-là a montré ses limites», peut-on lire dans cette correspondance en date du 18 février 2020.
La situation devient de plus en plus intenable. Les responsables des syndicats et leurs militants ne peuvent pas être indifférents à l’avenir des pauvres enfants ! Face à l’incurie d’une gouvernance sur tous les plans qui n’a pas toujours eu le sens des réalités ni des priorités, les professionnels de l’Education doivent être en mesure de faire des propositions alternatives. Une interrogation qui vaut son pesant d’or dans l’opinion : la situation serait-elle la même si les petits-fils du président IBK, les fils du Premier ministre, des ministres, de certains hauts cadres du pays fréquentaient l’école publique ?
L’école publique est devenue un dépotoir des enfants de pauvres, ceux qui n’ont pas d’argent pour payer des frais de scolarité pharaoniques des établissements privés. Le Mali ne peut pas se construire et se développer avec une éducation au rabais. Pourquoi le Chef de l’Etat garde toujours le silence ?
Que ceux d’entre nous qui pensent s’en sortir en envoyant leurs progénitures étudier dans des écoles privées ou à l’extérieur au prix d’or, se détrompent. Cette masse critique d’enfants qui sont en train d’être privés de leurs droits élémentaires, n’accepteront pas d’être dirigés un jour par une poignée d’individus dont la seule chance a été d’avoir des parents nantis.
En sabordant l’école publique, les autorités censées être compétentes n’ont toujours pas l’heur de comprendre depuis l’avènement de la démocratie qu’elles sont seules comptables de la panne de notre système éducatif ! Malheureusement les choses évoluent de mal en pire.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger