Proclamés hier jeudi 16 août par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation‚ Mohamed Ag Erlaf‚ les résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle, tenue le 12 août précédent, ont donné le président-candidat IBK vainqueur avec 67‚17% des suffrages exprimés contre 32‚83% pour son rival Soumaïla Cissé.
Sans surprise, pourrait-on écrire. Au regard d’abord de ce que l’écart de près de 24 points entre les protagonistes (41‚70% contre 17‚78%) à l’issue du premier tour était difficile à combler. Ensuite, compte tenu de ce que les candidats Aliou Diallo et Cheik Modibo Diarra‚ arrivés troisième et quatrième, avec 8‚03% et 7‚39 des voix à l’issue du premier tour‚ n’ont pas apporté au candidat de “Ensemble pour restaurer l’espoir au Mali ” le soutien qu’il pouvait espérer d’eux eu égard à leur désir commun de faire partir le président IBK. Enfin la messe semblait dite dés lors que‚ anticipant la proclamation des résultats provisoires‚ Soumaïla Cissé avait déclaré ne pas les reconnaître et que son représentant au sein de la Commission nationale de centralisation des résultats avait quitté celle-ci pour protester contre ” les bourrages des urnes“.
Un grief reconnu par des observateurs scrupuleux, même si le vocable est soigneusement évité. Lorsque dans un bureau de vote‚ il y’a plus de votants que de cartes d’électeurs distribuées‚ cela peut signifier deux choses : certains de ces votants ont pu déposer leurs bulletins dans les urnes sans avoir eu besoin de leurs cartes d’électeurs. Ou alors, des individus ont été payés pour bourrer ces urnes au profit d’un candidat‚ dans le cas d’espèce, Ibrahim Boubacar Keïta.
Ajoutons-y ces scores nord-coréens de 90 à 100% de votants au profit d’un seul candidat que l’on tente de justifier par le caractère tribal du vote dans les régions du nord‚ celle de Kidal en particulier à dominante touareg. Quand le même constat est fait dans les régions de Sikasso et Ségou où des membres d’une famille peuvent se réclamer de plusieurs partis politiques ou candidats‚ cela est plutôt troublant.
Réélu dans ces conditions, à la limite de l’illégalité et de l’illégitimité (la Cour constitutionnelle rendra probablement définitifs ces résultats provisoires comme elle l’a fait pour ceux du premier tour), le président IBK aura fort à faire pour rasseoir son autorité déjà fortement ébranlée par une gouvernance erratique.
Il devra faire face tout à la fois à la contestation de la rue‚ au harcèlement de l’opposition (dont une partie sera probablement neutralisée autant par l’argent que des portefeuilles ministériels dans le cadre d’un gouvernement de large ouverture), à la pression accentuée des syndicats‚ notamment de la santé‚ de l’éducation‚ de la magistrature et d’autres secteurs sociaux qui ne voudront pas être les dindons de ce que d’aucuns appellent déjà ” une farce démocratique “.
En plus d’une situation intérieure qui s’annonce agitée et peu aisée à contrôler‚ le nouvel et non moins ancien locataire du palais de Koulouba sera désormais tenu à l’œil davantage que par le passé par une communauté internationale peu satisfaite du scrutin mais qui n’a ni la volonté encore moins la vocation d’en rajouter à la fragilité du Mali qui lui cause déjà bien des soucis.
Par Saouti Haidara
L’Indépendant