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Liberté de la presse : l’Afrique, le continent le plus violent pour les journalistes ?

En Afrique, le journalisme demeure un domaine fragilisé avec l’agression et l’arrestation des reporters, mais aussi, et surtout, par la désinformation, les « lois liberticides », la chute des revenus du personnel journaliste. La pandémie de coronavirus a contribué à l’accentuation de cette situation dans ce continent.

Selon le classement 2021 de Reporter sans Frontière (RSF), 23 pays sur 48, soit deux de plus qu’en 2020, d’Afrique subsaharienne, apparaissent désormais en « rouge ou en noir » sur la carte du classement mondial de la liberté de la presse. Il s’agit des zones où la situation de la liberté de la presse est considérée comme difficile, voire grave.

Une activité dangereuse

Malgré l’existence de textes visant à défendre les journalistes dans leur travail, le journalisme demeure un secteur affaibli en Afrique subsaharienne. Dans pas mal de pays dans cette région, il est fréquent de voir des reporters agresser, arrêter en plein exercice de leur métier.

Dans un communiqué de presse, RSF remarque que« ce métier reste une activité dangereuse sur le continent, notamment en marge des scrutins ou mouvements sociaux. »Il souligne également que le rôle des journalistes africains ainsi que leur contribution à l’avènement des démocraties reposant sur un débat public factuel et pluriel soit encore loin d’être une « évidence dans leurs pays respectifs. »

Quant à la place et la reconnaissance accordée au métier du journalisme d’investigation, RSF déplore également que celle-ci soit toujours très limitée dans ce continent.

Journalisme et cybercriminalité

Dans certains pays subsahariens, des journalistes sont considérés comme des cybercriminels. Face à la désinformation, « l’Afrique n’a pas échappé au manque criant de transparence et d’efficacité des politiques de modération menées par les grandes plateformes »,indique RSF dans son communiqué.

À ce sujet, RSF indique que la réponse des gouvernements africains face à ces enjeux n’offre pas assez de garanties aux journalistes. Ainsi, déplore RSF, les nouveaux textes adoptés à grande vitesse ces dernières années sous couvert de lutte contre les infodemies représentent autant d’armes pouvant être utilisées pour réduire les journalistes au silence.

Le Journalisme, victime collatérale du coronavirus

Un an de plus après son apparition, la pandémie de coronavirus aurait contribué à affaiblir un peu plus l’indépendance des journalistes ainsi que le rapport qu’entretiennent les sociétés avec la vérité factuelle. Selon RSF, cette pandémie, aura été le miroir des immenses difficultés et défis auxquels est confronté le secteur du journalisme en Afrique subsaharienne. La crise de cette pandémie en aura été le sinistre révélateur, précise-t-on.

Dans son communiqué, RSF dit avoir enregistré, entre la période du 15 mars et du 15 mai 2020, trois fois plus d’arrestations et d’agressions de journalistes en Afrique subsaharienne que sur la même période un an plus tôt. De nombreux pays, y compris parmi les démocraties les plus avancées du continent, auraient eu recours à la force et à la loi pour empêcher les hommes de média de travailler, précise RSF dans son communiqué.

Selon la méthodologie utilisée par le Reporter sans frontière, cette augmentation notable des atteintes se reflète dans la dégradation de 13 % de l’indicateur exactions du classement par rapport à l’année dernière et fait de l’Afrique, en 2021, le continent le plus violent pour les journalistes.

Bakary Fomba

Source :saheltribune

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