Le démantèlement des installations anarchiques a permis de rendre la circulation très fluide sur les axes concernés et d’aérer les Halles de Bamako

Comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier, l’opération de déguerpissement des occupants des voies publiques dans la capitale initiée depuis des années s’était heurtée à nombre de résistances qui ont perturbé sinon bloqué son déroulement. Cette fois sera-t-elle la bonne ? On ose l’espérer. En tout cas l’opération menée par les ministères de la Sécurité, du Commerce, de l’Equipement et des Transports et la mairie du District de Bamako, s’est poursuivie hier sans incident majeur.

Comme au premier jour, le démantèlement des kiosques et étals installés anarchiquement au bord de la chaussée et sur les trottoirs a continué sous la surveillance d’un dispositif impressionnant des forces de l’ordre et de sécurité.

Au niveau des Halles de Bamako, l’un des sites les plus significatifs concernés par l’opération, des jeunes, essentiellement des vendeurs ambulants, ont manifesté leur mécontentement. Ils s’étaient constitués en petits groupes et lançaient des attaques verbales contre les éléments des forces de l’ordre et de sécurité. Ils ont vite été dissuadés de poursuivre leurs provocations par les responsables du Syndicat des commerçants détaillants.

Aux Halles comme sur tous les sites concernés, le syndicat a déployé des émissaires pour calmer les éventuels récalcitrants et empêcher tout mouvement d’humeur. « On nous avaient dit que c’est seulement les gens installés sur les abords des voies qui sont concernés. Mon kiosque n’est pas dans cette situation. Mais il n’a pas été épargné », se plaignait un jeune au sein d’un groupe visiblement excité.

« Ne dis pas ça ! », lui a vertement répondu un autre. « Tu seras responsable de ce qui t’arrivera. Nous avons des responsables auxquels nous devons soumettre nos préoccupations. Laissez les gens faire leur travail. Les forces de l’ordre sont là pour notre sécurité », poursuivra le jeune sage.

Ici, le démantèlement des installations anarchiques a véritablement permis d’aérer la devanture de magasins et de faciliter le déplacement des clients à l’intérieur du marché au grand bonheur des commerçants légalement installés. De même la façade des Halles, auparavant masquée par une forêt de kiosques et d’autres installations sommaires, est plus visible maintenant. Les véhicules peuvent désormais traverser le centre commercial par une voie dont l’existence même était ignorée des usagers. Car elle était totalement barrée par les kiosques et étals de toutes sortes.

« Je suis ravi de l’initiative des autorités notamment en ce qui concerne les Halles. Mais par solidarité, je souhaite qu’on trouve où recaser  ceux qu’on peut considérer comme les victimes de l’opération» », lance un boutiquier affairé à nettoyer les gravats et bouts de ferraille des kiosques détruits accumulés devant sa porte.

Sur le Boulevard du Peuple, l’opération de démantèlement des installations anarchiques se poursuivait également. Comme sur la rive droite, les mouvements d’humeur n’ont en rien entamé le déroulement du travail. L’effet du déblaiement du premier jour est visible sur les voies qui ont été dégagées. Elles sont redevenues larges et il fait bon y circuler. Bref, on respire. « Toutes les voies concernées vont retrouver leur emprise de base. Car à Bamako, ce ne sont pas les routes qui manquent. L’incivisme est pour beaucoup dans les embouteillages, surtout aux heures de pointe », constate un agent de la Brigade urbaine pour la protection de l’environnement (BUPE) de la mairie du District.

« C’est ça vraiment l’Etat. C’est l’autorité et l’ordre. Tout le monde ne peut pas apprécier une chose de la même façon. Moi je suis content.  L’Etat c’est la loi »,  confie un piéton encore étonné de pouvoir progresser sans se cogner à un obstacle sur le trottoir.

L’axe ministère de l’Education nationale – pont de l’amitié Chine-Mali, en passant par la Grande mosquée, les ancien locaux de la direction générale des Impôts, a aussi été entièrement nettoyé. Toutes les installations anarchiques ont été enlevées et la circulation y est devenue très fluide. Si les choses continuent ainsi, la pagaille indescriptible qui caractérisait les voies publiques et les interminables embouteillages qui congestionnaient le centre-ville devraient être bientôt de mauvais souvenirs. Si, et seulement si, les pouvoirs publics ne lèvent pas le pied. Mais, ils le savent.

Be. COULIBALY