L’opération a concerné une dizaine de voies stratégiques et décongestionné le centre-ville de la capitale
L’opération de libération des voies publiques du District de Bamako, déclenchée le 3 mars dernier a été favorablement accueillie par les usagers de la route. Elle a été menée par les ministères de la Sécurité, du Commerce, de l’Equipement et des Transports et la mairie du District de Bamako. Initiée depuis 2011, l’opération de déguerpissement des occupants des voies publiques s’était heurtée à de nombreuses résistances qui ont perturbé sinon bloqué son déroulement. Les vendeurs ambulants, les bricoleurs en tout genre ou les propriétaires de kiosques avaient donc continué à empiéter sur la voie publique, obstruant complètement le Boulevard du Peuple. Les usagers de la route qui le pouvaient, évitaient de passer par là. Même les piétons avaient du mal à se frayer un chemin. Le carrefour de l’INA était devenu un vrai cauchemar pour les usagers. Ce blocage de la circulation était d’autant plus incompréhensible que les clients ne pouvaient même plus avoir accès aux marchandises du Grand marché. Sans parler des accidents, des accrochages, des pollutions, etc. L’Etat et les autorités municipales ont fini par se décider à faire respecter la loi et à remettre de l’ordre dans cette pétaudière qu’était devenu le centre de la capitale. Après plusieurs semaines de sensibilisation et d’information des usagers et squatteurs des trottoirs, l’opération a été déclenchée le 3 mars dernier. Le démantèlement des kiosques et étals qui encombraient les trottoirs a été effectué sans heurts. Ensuite, la mairie du District a procédé au nettoyage pour débarrasser les voies des ferrailles et autres ordures. Pendant près d’un mois, des agents de la voirie urbaine ont été déployés pour faire ce travail avec des pelles chargeuses et des camions. « On avait souvent des difficultés à assainir ces endroits à cause de la présence quasi permanente des gens. Pour enlever les ordures, il fallait attendre tard dans la nuit. Maintenant même en plein jour, nous pouvons intervenir pour débarrasser les usagers des dépôts provisoires », a commenté un agent de la voirie urbaine. De même, les forces de l’ordre ont été déployées pour veiller sur les lieux afin d’empêcher que les gens se réinstallent comme ce fut toujours le cas après de pareilles opérations. Du ministère de l’Education à l’entrée du pont de l’Amitié, sur les voies adjacentes à la place de la Liberté, les rues Titi Niaré, Famolo Coulibaly ou encore la devanture des Halles de Bamako, tout a été entièrement nettoyé. L’opération de libération des voies publiques dans la capitale a concerné une dizaine de voies : l’anneau Sotrama, le Boulevard du Peuple, les rues Karamoko Diaby, Titi Niaré, Famolo Coulibaly, les rues adjacentes à la place de la Liberté ou encore l’axe allant du ministère de l’Education au pont de l’Amitié Chine-Mali en passant par la Poste, l’INA et les ex-locaux de la direction générale des impôts. Dans tous les endroits concernés, le démantèlement des kiosques et étals anarchiquement implantés au bord de la chaussée ou sur les trottoirs s’est fait sans heurts, ni résistance. Ne pas baisser les bras. « Cette opération fait suite à une longue période de concertation et de sensibilisation. C’est la raison pour laquelle tout s’est bien passé. Nos militants en ont compris l’intérêt », a confirmé Mahamadou Samaké, le responsable de secteur des commerçants détaillants du Dabanani. « Je suis très content de cette initiative. Mais je souhaite que tout se passe dans la compréhension. Il est de l’intérêt général que la sécurité des personnes et la fluidité de la circulation soient assurées », réagit un conducteur. « Cette opération m’a réjoui beaucoup. Car les véhicules avaient du mal à passer par cette voie. C’est vraiment un ouf de soulagement pour nous. L’Etat doit continuer son travail », souhaite un conducteur de Sotrama, habitué du Boulevard du Peuple. « Mon inquiétude est que les autorités puissent tenir le cap. Car les vendeurs ambulants sont nombreux et tenaces. Ceux qui n’auront pas de site de recasement vont toujours tenter de reprendre leurs anciennes places », s’inquiète un automobiliste. La confiance dans les vertus de la concertation n’a cependant pas empêché les autorités de prendre leurs précautions en installant un dispositif des plus dissuasifs. Dans les tous premiers jours, plus de 1000 agents des forces de l’ordre, toutes unités confondues, ont été mobilisés pour la réussite de l’opération, révèle le commissaire de police Idrissa Sangaré, commandant de la Compagnie de circulation routière. Celui-ci réitère l’engagement du ministère de la Sécurité à protéger les personnes et leurs biens et à veiller à la fluidité de la circulation dans la capitale. Le département en charge du Commerce affiche, lui aussi, sa satisfaction vis-à-vis du déroulement de l’opération. « Nous avons un ensemble de voies qui sont concernées. La première phase a concerné l’anneau Sotrama et quelques autres voies. Toutes les parties prenantes de la question ont travaillé dans les commissions. Nous allons toujours privilégier le dialogue et le consensus », soulignent les responsables du ministère qui assurent que rien n’arrêtera l’opération. Dans le cadre des mesures d’accompagnement pour éviter que les gens ne réoccupent les voies, le recensement des commerçants détaillants victimes de l’opération a été entrepris. Des sites ont été identifiés pour les recaser. « Le recasement se fera dans la limite des places disponibles. Nous avons déjà recensé 640 personnes. Plus de 300 ont été recasés dans des magasins aménagés aux Halles de Bamako. Le reste le sera au fur et à mesure », confie un responsable du département qui garantit que toutes les dispositions sont prises pour pérenniser de l’opération dans le temps qu’il faudra. La réhabilitation des magasins au niveau des Halles de Bamako a coûté 275 millions de Fcfa financés par le budget national. Aux Halles de Bamako, le démantèlement des installations anarchiques a véritablement permis d’aérer la devanture de magasins et de faciliter le déplacement des clients à l’intérieur du marché au grand bonheur des commerçants légalement installés. De même, la façade des Halles, auparavant masquée par une forêt de kiosques et d’autres installations sommaires, est plus visible maintenant. Les véhicules peuvent désormais traverser le centre commercial par une voie dont l’existence même était ignorée des usagers. Car elle était totalement barrée par les kiosques et étals de toutes sortes. Sur le Boulevard du Peuple, l’opération de démantèlement des installations anarchiques a été appréciée par les usagers de la voie. Comme sur la rive droite, les mouvements d’humeur n’ont en rien entamé le déroulement du travail. L’effet du déblaiement était visible sur les voies qui ont été dégagées. Elles sont redevenues larges et il fait bon y circuler. Bref, on respire. « Toutes les voies concernées vont retrouver leur emprise de base. Car à Bamako, ce ne sont pas les routes qui manquent. L’incivisme est pour beaucoup dans les embouteillages, surtout aux heures de pointe », constate un agent de la Brigade urbaine pour la protection de l’environnement (BUPE) de la mairie du District. « C’est ça vraiment l’Etat. C’est l’autorité et l’ordre. Tout le monde ne peut pas apprécier une chose de la même façon. Moi je suis content. L’Etat, c’est la loi », confie un piéton encore étonné de pouvoir progresser sans se cogner à un obstacle sur le trottoir. L’axe ministère de l’Education nationale – pont de l’amitié Chine-Mali, en passant par la Grande mosquée, les anciens locaux de la direction générale des Impôts, a été entièrement nettoyé, toutes les installations anarchiques enlevées et la circulation devenue très fluide. Les pouvoirs publics devraient poursuivre cette opération d’assainissement afin que la pagaille indescriptible qui caractérise les voies publiques et les interminables embouteillages qui congestionnent le centre-ville soient de mauvais souvenirs pour les Bamakois. C’est une opération de longue haleine qui interdit de baisser les bras.
Baye COULIBALY
source : essor