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Libération de Soumaila Cissé : Le chef de l’Etat, Bah N’Daw salue les efforts déployés par IBK

L’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a bien mouillé le maillot pour obtenir la libération de Soumaila Cissé. Ses efforts déployés ont été reconnus par le président de la transition, Bah N’Daw, qui l’a salué.

 

 

Au cours du premier conseil des ministres de la transition tenu le 9 octobre 2020, le président de la transition, chef de l’Etat, le colonel à la retraite, Bah N’Daw, a fait un clin d’œil à l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Bah N’Daw a « salué les efforts soutenus du président sortant  pour obtenir la libération de ses frères et sœurs ». Il a aussi profité pour salué le pragmatisme de la transition ainsi que sa décision de capitaliser les avancées dans les négociations, mais aussi mis l’accent sur les efforts constants des partenaires amis et alliés du peuple malien… « Nous savons qu’il y a encore des otages, le Mali ne ménagera aucun effort pour obtenir leur libération », a-t-il dit.

Jeune Afrique, a révélé ce qu’on appelle les efforts d’IBK, de son Premier ministre, de la DSGE malienne dans la libération du président de l’URD. Le journal dévoile les coulisses des négociations.

Après l’enlèvement de Soumaïla Cissé, le 25 mars dernier, Boubou Cissé, alors Premier ministre, est approché par Moustapha l’imam Chafi, un Mauritanien, ancien conseiller spécial de Blaise Compaoré. L’homme est réputé pour ses réseaux au sein des groupes jihadistes dans le nord du Mali et a déjà été impliqué dans plusieurs libérations d’otages occidentaux au Sahel, écrit le journal.

Au Premier ministre malien, Chafi glisse un nom : celui de Chérif Ould Attaher, un Arabe du Tilemsi et ex-membre du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui a, lui aussi, déjà pris part à plusieurs négociations pour faire libérer des otages ces dernières années,  révèle Jeune Afrique.

Selon le journal, le 5 avril, Boubou Cissé signe un mandat officiel lui donnant autorisation de « conduire toutes les démarches, formalités et de conclure tous les actes nécessaires » à la libération de Soumaïla Cissé. Chérif Ould Attaher demande à être accompagné dans sa mission par le colonel Mamadou Lamine Konaré, alors conseiller du Premier ministre sur les questions de renseignement. La mission des deux hommes est validée par Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre dans le plus grand secret, notamment pour éviter que les services français et la Direction générale de la sécurité d’État (DGSE) malienne n’en soient informés.

Le 8 avril, Chérif Ould Attaher et le colonel Konaré embarquent dans un vol spécial à destination de Gao. Une fois là-bas, ils prennent un pick-up et partent durant quelques jours dans le désert en direction de Kidal. Sur place, ils rencontrent Sedane Ag Hita, le numéro deux du GSIM. Celui-ci leur confirme que Soumaïla Cissé est entre leurs mains et qu’il va bien, même si sa santé est fragile. Ag Hita leur remet une feuille manuscrite comportant deux revendications en échange de la libération de Cissé : la libération de membres du GSIM détenus par les autorités maliennes et le paiement d’une rançon de deux millions d’euros.

De retour à Bamako, les deux hommes font un compte-rendu à Boubou Cissé, qui en fait de même auprès d’IBK. Avant de poursuivre les discussions, les autorités maliennes souhaitent obtenir une preuve de vie. Fin avril, Ould Attaher et Konaré repartent voir les ravisseurs. Après plusieurs jours d’attente, une vidéo de Soumaïla Cissé leur est transmise. Eux leur remettent des médicaments pour l’otage, qui continuera à en recevoir dans les mois qui suivent par différents canaux.

 

La DGSE malienne en action

La négociation est presque ficelée mais, entre-temps, « le général Moussa Diawara, l’ancien patron de la DGSE malienne, a eu vent de la médiation. Il peste de ne pas en avoir été informé et réclame que le dossier revienne à ses services », relève Jeune Afrique.

Les services français sont, eux aussi, informés. Ils ne veulent pas entendre parler d’une libération de Soumaïla Cissé avant celle de Sophie Pétronin. Pour ne pas froisser l’opinion publique française, probablement, mais aussi parce qu’ils souhaitent s’adosser au cas Cissé et ne pas apparaître en première ligne notamment pour le paiement d’une rançon. Ils plaident donc pour qu’Ahmada Ag Bibi, député de Kidal, reprenne le dossier de Soumaïla Cissé en collaboration avec les services maliens.

Ce notable touareg leur sert déjà d’intermédiaire dans le dossier Pétronin. Il connaît Iyad Ag Ghali depuis les années 1990 et a déjà joué un rôle dans les négociations pour la libération des otages d’Areva et de Vinci, enlevés en 2010 au Niger.

En parallèle, le président Emmanuel Macron a appelé IBK pour lui demander de confier l’affaire à ces nouveaux intermédiaires. Sous pression française, le chef de l’Etat malien s’exécute. Ag Bibi et la DGSE malienne à travers le colonel Ibrahima Sanogo, son chef du renseignement antiterroriste sont donc désormais aux manettes.

 

Une rançon de 10 millions d’euros

Ces changements d’interlocuteurs et la jonction avec le cas Pétronin, selon le journal retardent la libération de Soumaïla Cissé. Alors qu’elle était initialement fixée à 2 millions d’euros, la rançon passe à 10 millions d’euros. IBK valide quand même l’opération. La libération des otages se précise pour la fin du mois d’août mais, le 18, le président malien est renversé par un coup d’État.

« La rançon est payée, sans que l’on sache pour l’instant d’où proviennent les fonds, et environ 180 prisonniers inculpés de terrorisme sont libérés par les autorités maliennes, les 3 et 4 octobre 2020 ».

« Alors que l’accord semble presque conclu, le GSIM fait monter les enchères à la dernière minute en exigeant des libérations supplémentaires, qui seront finalement accordées. Au total, 204 prisonniers sont remis en liberté », a-t-il poursuivit.

Parmi eux figurent des responsables de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu à Bamako en 2015 et des attentats du Splendid Hôtel et du café Cappuccino à Ouagadougou en janvier 2016. Il est à noter que les services burkinabè n’ont pas été préalablement consultés et que ces libérations, concédées par les nouvelles autorités de la transition, ont été faites dans un cadre extrajudiciaire. Autrement dit, aucun décret officiel n’est venu les formaliser.

Les jours à venir nous édifieront sur les autres zones d’ombres qui entourent la prise d’otage de Soumaila Cissé et sa libération.

Djibril Diallo

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