L’ex-otage au Niger Daniel Larribe ne rasera sa barbe que lorsque les derniers otages français auront été libérés. C’est ce qu’il a laissé entendre ce mardi matin au micro de RTL à qui il a accordé ce qui est présenté comme sa dernière interview, après son passage lundi dans le journal de 20 heures de France 2.
Interrogé par le journaliste Laurent Bazin, Daniel Larribe, récemment rapatrié en France après trois ans de captivité au Niger, est notamment revenu sur cette barbe qui a fait couler tant d’encre après les déclarations de Marine Le Pen sur Europe 1 s’étonnant de l’attitude des otages à leur arrivée sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay (Yvelines) et notamment de leur barbe.
«On nous obligeait à porter la barbe»
«Vous ne la portiez pas avant ? » lui a demandé Laurent Bazin. «Non, pas du tout», a répondu Daniel Larribe. Le journaliste lui faisant remarquer qu’il apparaissait imberbe dans les vidéos transmises pendant leur captivité par les preneurs d’otages africains, Daniel Larribe a eu cette explication : «On nous obligeait à porter la barbe, à ne pas se raser. Pour les vidéos, on nous donnait un rasoir. On s’écorchait car la qualité des rasoirs n’était pas trés bonne.
«Frappé» de constater que Daniel Larribe continuait de porter une barbe alors qu’il y avait été obligé pendant trois ans même s’il l’a un peu rasée depuis sa libération, le journaliste obtient une explication de l’ex-otage : «C’est en soutien à tous nos camarades restés sur place, aux otages qui sont encore détenus». Sept Français restent otages dans le monde: Serge Lazarevic et Gilberto Rodriguez Leal au Sahel, Francis Collomp au Nigeria, et quatre journalistes en Syrie, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès.
Un hommage à Théodore Monod et au père de Foucault
«Pour moi, c’est aussi une façon de rendre hommage à deux personnes : Théodore Monod et le père de Foucault, deux amoureux du désert», a précisé Daniel Larribe. Théodore Monod (1902-2000) était un naturaliste français spécialiste du Sahara dont on garde en effet le souvenir de la barbe fournie. Charles Eugène de Foucauld (1858-1916), un religieux-explorateur catholique béatifié en 2005 par Benoit XVI, était quant à lui un grand connaisseur des touaregs auprès desquels il a vécu dans le Sahara algérien avant d’être assassiné à la porte de son ermitage.
Tout au long de son entretien sur RTL, Daniel Larribe, 62 ans, a expliqué qu’il avait supporté ses années de captivité en faisant de la botanique, en testant les vertus pharmacologiques des plantes et qu’il hésitait entre reprendre son travail chez Areva ou prendre sa retraite pour faire notamment une étude sur les peintures rupestres photographiées dans le désert.
«Cette barbe, vous la raserez le jour où les derniers otages français seront libérés ? », a insisté Laurent Bazin. «Voilà», a répondu simplement Daniel Larribe, mettant sans doute un point final à une polémique sur la barbe des otages qui aura enflammé la classe politique française.
LeParisien.fr