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Messieurs les membres du Comité National pour le Salut du Peuple,
Dieu bien faisant les choses, vous êtes entrés dans l’histoire du Mali en risquant votre vie suite à un évènement non souhaité et apprécié différemment.
Le président Modibo Keita disait, nous citons : « Qui n’est responsable de rien ne peut être engagé», aujourd’hui vous avez cette lourde responsabilité pour faire espérer un peuple déçu, une déception en quelques sorte alimentée par ce même peuple, le faire espérer n’est pas chose facile mais possible. Soyez le rempart du peuple. La communion nationale du peuple est la meilleure arme pour vous tirer d’affaire.
Messieurs,
Le Mali a vécu quatre évènements qui se sont soldés par le renversement du pouvoir en place. Chaque fois, c’est le peuple qui regrette son passé. Face à cela, il y a lieu de poser des questions à savoir : qu’est-ce qui ne va pas chez les maliens ? Allons-nous faire l’histoire du pays avec des renversements de pouvoir ? Pourquoi le peuple regrette toujours son passé ? Ces questions posées peuvent faire l’objet de recherche.
La logique voudrait qu’on apprenne du passé pour nous diriger vers un avenir meilleur.
Nous espérons que vous saurez motiver pour qu’ensemble nous puissions faire minutieusement le diagnostic de la nation.
Messieurs,
Le Mali avec ses défis énormes et multiformes voudrait que vous soyez munis d’une vigilance exceptionnelle. Tous les regards sont fixés vers vous et vous devez être capables de leur donner des réponses. Tous ceux qui vous côtoient ne sont pas forcément avec vous. Sachez que vous avez mis fin à des aventures qui étaient contre le Mali mais qui profitaient à d’autres, elles peuvent mettre sur votre chemin des peaux de banane. Sachez qu’il y a des gens qui disent « vrai » pour faire le faux, donc vigilance. Il n’est pas toujours aisé de dénicher les maliens qui sont avec le Mali. Méfions-nous des caméléons.
Messieurs,
Il y a des personnes qui ont mis en place des groupements pour vous soutenir, vous avez besoin de soutien. On se rappelle que vous avez dit vouloir : « parachever ce que le peuple avait commencé.» Par ailleurs, vous devez doubler de vigilance à ne pas vous laisser aller dans des amadouements de personnes qui disent vouloir vous soutenir mais en réalité cherchent à se positionner, vigilance face aux personnes âgées dans le corps et non dans l’esprit pour vous faire accepter l’inacceptable, halte à la distraction. Nous avons la prétention que vous avez la capacité de détecter les esprits malveillants. La tâche qui honore le Mali est de faire ce qui est bon pour les maliens.
Le Mali profond est plus enclin à vous éclairer, c’est une population qui méditait durant des décennies, leur voix compte. Le progrès social va de bas en haut.
Messieurs,
Qui connait la profondeur de la crise malienne ne s’hasarde pas à des prises de décisions qui auront des conséquences fâcheuses. Un pays qui a fait un demi-siècle dans la dégradation progressive en termes de ressources humaines ne peut pas être redressé pendant une période de transition, donc la vigilance demande plus de sagesse.
Le Mali a besoin d’hommes de femmes capables, qui sous la climatisation dans leurs bureaux arrivent à comprendre et accepter qu’il y a quelqu’un dans le Mali profond qui ne cherche que de l’eau propre à boire. Vigilance face à ces intellectuels qui ne le sont que sur papier.
Le Mali est une terre de civilisation jamais pareille au monde. C’est une terre bénie ; le « Maliba » comprend les érudits musulmans, les patrimoines de vieilles civilisations qui jadis reliaient le Mali à l’Arabie et à l’Europe. Quel sort réserve-t-on à Tessalit ?
Messieurs,
Le malien s’est retrouvé dans une situation où l’appétit pour les biens matériels lui est devenu un défi majeur pour la culture de la paix et du vivre-ensemble. Des hommes et femmes religieux présentent le Dieu qui se cache lorsqu’il voit l’argent, donc vigilance. Vous avez décrié la mauvaise gouvernance dans votre déclaration, cela est un fait et connu de tous, par ailleurs vos idées doivent faire en sorte que la gouvernance ne se confonde pas avec le pouvoir des riches. La justice doit être forte et que le fort soit juste. Lorsque les dirigeants fléchissent devant l’argent, le peuple en souffre.
Messieurs,
Ceux qui sont pauvres dans l’esprit ont peur de la vérité. Lorsque vous vous exprimez, n’attendez pas d’être approuvés par tous, les gens ne seront pas toujours d’accord avec vous, et cela est une bonne chose car les contradictions permettent de faire des introspections. Des gens se serviront du nom de Dieu pour vous flatter et vous devez être vigilants. Faites attention à ne pas confondre amour et justice. L’harmonie collective se construit avec les qualités humaines. Thomas Sankara disait : « on peut tuer un homme mais pas ses idées ».
Messieurs,
L’administration doit être dans une logique sincère de : Planification- suivi-résultat-évaluation. Lorsque l’administration étatique n’est pas partenaire du peuple, elle contribue à la chute d’un régime. Le Mali doit être à l’instar d’une personne dont la « tête » est conforme au reste de son « corps ». « Seules la compétence au travail, la conscience professionnelle doivent régner en maitres absolus », a dit le père de l’indépendance Modibo Keita.
Messieurs,
Le Mali est convoité par le monde pour sa richesse sur tous les plans. Les maliens doivent bénéficier de cette convoitise par le travail et l’engagement. Le Mali a besoin d’un partenariat gagnant-gagnant pour le bonheur des maliens. Tout partenaire qui voudrait vivre sur le sang des maliens devrait revoir sa copie. Votre intelligence émotionnelle et votre foi en votre engagement peuvent poser les bases d’un espoir pour les maliens. Les choses ne seront pas faciles pour vous et pour un peuple habitué à la facilité et aux raccourcis. Mais Dieu a la solution à tout.
Messieurs,
La durée de la transition doit être décidée en fonction des défis à relever, ne vous laissez pas entrainer dans des jeux de chiffres.
La révision de la loi électorale est une nécessité ;
La révision de certains accords internationaux comme ceux relatif à la gestion des mines est une nécessité ;
Un audit de l’administration publique est une nécessité ;
La réforme institutionnelle est une nécessité ;
La revalorisation de l’éducation nationale est une nécessité ;
Une armée de référence est une nécessité ;
Et enfin la moralisation du comportement des Maliens est aussi une priorité car ce comportement déviant est à la base de ce gouffre dans lequel le Mali a sombré.
Nous nous arrêtons là pour nous souhaiter une bonne chance, que chacun de nous apporte sa contribution à la construction d’un pays toujours à la recherche de son indépendance. La liberté n’est pas un acquis mais une quête perpétuelle. Souhaitons M.s. une rencontre avec vous afin de peindre la situation sociopolitique de notre « Maliba ». Veuillez accepter nos salutations des plus sincères.
Merci !
Vive le Mali !
M.Yacouba Dao, journaliste écrivain Professeur d’anglais, Bamako
M. Mady Kanouté Enseignant à la retraite Ecole Ma Source