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Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République : Crise financière crise économique et crise sociale : Un enchaînement à hauts risques

Je souhaite vous saisir de mes vives inquiétudes face au mécontentement  qui monte au sein des opérateurs économiques.

 

En effet, depuis un bon moment, des agents du service des Impôts harcellent, sous fond de concussion, certains grands acteurs du commerce et des hydrocarbures. Ces agents prétendent que les caisses sont vides et qu’il faille procéder à un redressement fiscal sur les trois dernières années : 2017, 2018 et 2019

Sur la base des calculs savamment truqués, ils fixent des montants difficilement payables par les commerçants. Après moult disputes, ils proposent à leurs proies effrayées d’aller négocier avec leur chef, un certain  Aly Daou. Les «négociations» s’engagent alors sur la base de plusieurs millions : 20, 30, 50, voire 200 millions pour certains acteurs du milieu pétrolier.

Je viens porter à votre connaissance, Monsieur le Président, que les opérateurs économiques, qui grossissent les rangs du M5, préparent une riposte dont les conséquences seraient à la fois séisme et tsunami pour n’importe quel régime.

Il est loisible de rappeler ici qu’au Mali, l’impôt sur les revenus est mal pensé, mal bâti, mal reparti, fabriqué par des cadres tout aussi mal formés.

COVID-19 : des plans de sauvetage massifs

Je vous rappelle, Monsieur le Président, si besoin en était, qu’à la faveur de la pandémie qui paralyse le monde entier, certaines mesures imposées, dont le couvre-feu, ont anéanti de nombreux segments de l’économie de notre pays.

Pour endiguer la spirale dépressive qui s’enclenche, les gouvernements mettent en place des plans de sauvetage des banques en difficulté. En Europe, 1 700 milliards d’euros sont fournis aux banques par les États, sous forme de prêts ou de garanties. La priorité est d’éviter les effets en cascade de la crise bancaire.

Au Mali, vous-même avez annoncé le déblocage de 500 milliards de franc CFA. Il faut donc agir, et vite !

Mon autre inquiétude, Monsieur le Président, est le refus des «cotonculteurs» de ne pas produire l’or blanc cette année. J’ai appris que certains, qui avaient déjà semé, ont par la suite arrachée les jeunes pousses avec la charrue. Ils envisagent la culture des céréales qui offre plus de garantie, car plus rentable et plus stable. Quatre millions de Maliens sont concernés… Sont-ils eux, aussi mécontents ?

Agir ou périr ….

D’abord financière, puis économique, la crise partie du septentrion malien en 2010 a fini par atteindre les politiques sociales du notre pays. Le chômage touche plus de monde plus longtemps alors que l’intervention des systèmes de protection sociale est à la fois très sollicitée et contestée. La pauvreté ne peut qu’augmenter avec son lot de situations d’exclusion difficilement réversibles, confrontant le gouvernement à un défi social majeur.

Apparue à Kidal en 2011 après la chute et l’assassinat du Colonel Kadhafi par les troupes françaises et leurs alliés renégats libyens, la crise financière s’est propagée en quelques mois, bien au-delà de sa sphère propre, pour revêtir un caractère systémique et atteindre l’économie réelle. Outre ses prémices antérieures, plusieurs phases se sont en effet enchaînées au cours des dix dernières années. Débouchant sur une situation sociale très dégradée, comme l’attestent le niveau ainsi que la durée du chômage atteints dans notre pays, cette crise n’a sans doute pas fini de produire ses effets en termes d’extension et d’intensité de la pauvreté comme du point de vue de ses répercussions politiques.

Dès lors, j’invite le Président du Mali, comme je l’avais en 2012, de se ressaisir pour redonner espoir au Maliens, sinon le tsunami qui se déclenchera après le séisme sera dévastateur…Et aucun mouvement de soutien au régime ne pourra endiguer la colère noire des pauvres affamés.

Bamako, le 29 juin 2020

Signé Abdoul Karim Dramé Journaliste indépendant, un serviteur inutile

Source : Le Challenger

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