C’est à la faveur d’une conférence-débat que le Réseau national des Humanités du Mali (RNH-Mali) a été lancé, samedi dernier, au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba. L’évènement était co-parrainé par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Amadou Kéïta et son collègue de la Refondation de l’état, chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga. C’était en présence du coordinateur général du RNH-Mali, Adama Samassékou, de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé et de plusieurs anciens ministres. Des artistes, des étudiants et des universitaires ont pris part à la cérémonie de lancement.
Le thème de la conférence-débat était intitulé : «l’état et la Nation à l’épreuve des crises que traverse le Mali». Il était animé par les professeurs Fousseyni Samaké et Jean Bosco Konaré. Ce dernier, dans sa présentation, a rappelé les impacts négatifs de la présence du colonisateur français dans notre pays. Selon Jean Bosco Konaré, cette arrivée a provoqué la destruction de nos cultures.
Dans la foulée, le conférencier a proposé la mise en place d’une institution qui sera le reflet notamment de notre culture et de notre histoire. Il ajoutera qu’il faut repenser notre école en donnant la priorité à la science et à la technologie. C’est ainsi, a-t-il argumenté, que les Maliens auront confiance en eux-mêmes. Pour l’historien, il faut une école qui pousse les élèves à construire la cité.
Parlant de l’armée malienne, Pr Jean Bosco Konaré dira qu’un pays enclavé qui n’a pas une armée performante est un «état mort». Selon lui, il est important que nous ayons un respect religieux pour nos forces armées.
Dans son exposé, le Pr Fousseyni Samaké a regretté les évènements malheureux que notre paysa connus notamment le massacre d’Ogossagou en mars 2019. S’agissant du thème, il a élucidé les deux concepts à savoir l’état et la Nation. Selon lui, d’un point de vue juridique, l’état est un groupement humain fixé sur un territoire déterminé sur lequel s’exerce une autorité politique. Quant à la Nation, indiquera le professeur de droit public, elle est caractérisée, entre autres, par l’idée du vivre ensemble. Ces deux concepts, a-t-il précisé, sont différents mais liés.
Concernant les crises de notre pays, le conférencier a affirmé qu’elles datent de l’indépendance avec notamment l’éclatement de la Fédération du Mali et la crise politique qui a conduit au renversement du régime du président Modibo Kéïta. Selon lui, toute crise traduit une carence de l’autorité. Il a poursuivi que la gouvernance est incontestablement le principal déterminant des difficultés qui affectent les sociétés africaines. L’universitaire a prévenu que la conduite des crises peut être « crisogène ».
Par exemple, a-t-il expliqué, un accord mal négocié, mal appliqué peut provoquer ou aggraver des crises. Le Pr Fousseyni Samaké s’est dit convaincu que les problèmes de notre pays ne proviennent pas fondamentalement des institutions. «Je pense qu’axer l’idée de refondation sur les modifications dans les textes, on n’aura pas touché à l’essentiel», a-t-il affirmé. Et de déclarer que l’éducation et la formation sont la priorité des priorités de notre pays.
Dans son mot de bienvenue, Adama Samassékou a expliqué qu’en organisant cette conférence, le RNH-Mali entend apporter sa contribution à la résolution de la grave crise quevit notre pays. L’objectif général du RNH- Mali est de contribuer au développement des connaissances sur les dynamiques sociales et culturelles qui sont en œuvre dans la société malienne par des études et recherches y relatives. à l’occasion de cette rencontre, les participants ont rendu hommage au Pr Moussa Sow, ancien directeur général de l’Institut des sciences humaines du Mali qui a été conduit à sa dernière demeure le vendredi dernier.
Mohamed D. DIAWARA
Source : L’ESSOR