Hier mardi, les transporteurs routiers ont, une fois de plus, observé un arrêt de travail pour protester contre l’application par le ministère des transports et des Infrastructures de la nouvelle mesure de paiement de la redevance de péage par passage et par véhicule. Cette démonstration de force des transporteurs a été une réussite, car la ville de Bamako a été coupée du reste du pays et les activités socio-économiques ont été paralysées.
C’est la troisième fois que l’ » arrêt de travail » est observé par les syndicats des transporteurs routiers contre la mesure mise en œuvre par le ministre des Transports et des Infrastructures, Makan Fily Dabo. Le bras de fer persiste donc entre ce dernier et les syndicats routiers, suite à l’échec des discussions, hier, au cours d’une séance de travail au département des transports.
Lors de cette rencontre, selon une source du Département, les représentants des syndicats ont demandé au premier responsable des Transports de revenir sur sa décision d’application de la nouvelle mesure de péage et celui-ci a affiché un niet catégorique. Toute chose qui a provoqué l’ire des syndicalistes.
En effet, après le premier report, le 18 janvier, et un second report, le 17 février, la nouvelle mesure est en application, depuis le 1er mars, sur toute étendue du territoire national. De cette date à ce jour, les chauffeurs des camions-bennes sont en arrêt de travail (ce sont eux qui s’opposent le plus à cette mesure, estimant qu’ils sont les plus touchés). Ils ont été rejoints dans leur démarche, hier, mardi, pour 24 heures, par les autres syndicats des transporteurs routiers.
De jeunes apprentis chauffeurs munis de gourdins
Ainsi, tôt le matin, aucun véhicule de transport, en l’occurrence les SOTRAMA, les taxis, ne circulait à travers la ville de Bamako. En plus, aucun autobus n’a franchi le seuil de Bamako pour d’autres régions. Des groupes de jeunes apprentis chauffeurs, munis de gourdins, étaient postés autour des ronds-points de la capitale et ses environs pour contraindre les récalcitrants à respecter le mot d’ordre décrété par les syndicats. Ils ont même dérapé, en certaines occasions, en s’en prenant aux mototaxis et des tricycles « Katakatani « .
Des altercations ont souvent éclaté entre les conducteurs des mototaxis et ces groupes de jeunes. Cette situation a paralysé certaines activités socio-économiques de la Cité des trois Caïmans, notable à travers la fluidité de la circulation.
Des élèves, des commerçants, entre autres, ont renoué avec le sport pédestre et beaucoup ont traversé les trois ponts de Bamako par la marche.
Un groupe de filles nous a confié : » Nous sommes parties ce matin de Lafiabougou pour nous rendre à Sébénikoro par un véhicule personnel. Mais notre retour s’effectue à pied, parce qu’il n’y a aucun véhicule de transport en activité« .
Une vendeuse d’habits au grand marché de Bamako de prier pour qu’il y ait compromis entre les autorités et les responsables syndicalistes, car cette situation pèse beaucoup sur leurs activités journalières et réduit leurs revenus.
A en croire le responsable des syndicats SOTRAMA de Madina-Coura, Arouna Konaté, » cet arrêt d’activités a été respecté à 95%. Seuls quelques taxis ont pu rouler, sinon tous les SOTRAMA étaient immobiles et les autobus stationnés dans les gares routières « .
Bamako coupé du reste du pays
Même son de cloche pour le responsable du SYNTRUI de l’auto-gare de Sogoniko, Abdoulaye Bakayoko, qui a expliqué qu’aucun autobus n’a franchi le seuil de la gare routière. Ceux qui ont quitté tôt le matin ont été arrêtés dans leur course dans les environs de Bamako par des jeunes, à savoir Sénou, Sirakoro, en allant vers Sikasso et Niamana pour Ségou.
Quant au chargé des routiers du Syndicat national des transporteurs urbain-interurbain, Fodé Keïta dit » Vieux Djan « , il a déclaré que ce troisième arrêt d’activités a été une réussite totale. Tous les syndicats routiers ont respecté le mot d’ordre. A l’entendre, l’espoir était porté sur la réunion tenue, hier, de voir le ministre des Transports revenir sur sa décision. Hélas, c’est la guerre qu’il a déclarée contre les transporteurs, en affichant son refus catégorique de revenir sur sa décision (les mesures de sécurité sont d’ailleurs renforcées au niveau des péages). Il annonce ainsi que tous les syndicats des transporteurs routiers se réuniront, aujourd’hui (mercredi), à l’auto-gare de Djicoroni-Para, communément appelé » La place de la Guinée« , à partir de 15 heures, pour discuter de l’augmentation des prix des transports et aussi peaufiner des stratégies de lutte pour le préavis de grève de 72 heures, déposé pour les 23, 24 et 25 mars prochain, sur toute étendue du territoire. » Si cela ne suffit pas, nous allons décréter une grève illimitée parce que nous sommes morts « , a-t-il prévenu.
» Vieux Djan » de conclure : « Nous allons augmenter les prix des transports parce que nous n’avons plus de solution. Personne ne peut combattre les autorités, alors que nous vivons de ce métier. Ainsi, nous sommes déterminés à augmenter les prix des transports pour qu’on ne s’arrête pas « .
Falé COULIBALY
Source: l’Indépendant