En marge de la 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations, Côte d’Ivoire 2023, le jeune artiste musicien, auteur compositeur et interprète, Sory Ibrahima Diakité, nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il parle de sa carrière musicale, des raisons de son absence du Mali, de ses relations avec la Diva Oumou Sangaré et de ses souvenirs de l’émission de téléréalité Case Sanga.
Aujourd’hui-Mali : Comment êtes-vous venu dans la sphère musicale ?
Sory Ibrahima Diakité : Je peux dire que la musique est quelque chose d’inné chez moi, c’est-à-dire un don de Dieu. D’après mes parents, paix à leur âme, depuis tout petit, je réveillais tout le monde le matin avec la chanson. Après, je dirai que c’est la musique qui m’a choisi depuis la naissance, c’est quelque chose qui vit en moi, je ne suis pas heureux si je ne chante pas, si je ne danse pas et si je ne me mets pas dans la peau de l’artiste, je ne suis jamais heureux.
Depuis quelque temps, vous êtes moins visible au Mali. Qu’est-ce qui explique cela ?
Beaucoup de choses se sont passées jusqu’à ce que ma vie était en jeu. Alors, j’ai pris la décision d’abandonner tous ce que j’avais commencé là-bas, c’est-à-dire mes émissions télé, mes projets en cours et puis mes séances de travail avec mes musiciens qui étaient sur place à Bamako. J’ai toujours dit qu’au Mali, je suis le talent le plus rejeté dans le Showbiz malien, je parle des producteurs, des arrangeurs et promoteurs de spectacles qui me connaissent très bien et qui ne font que critiquer ma musique sans me faire des propositions afin que je puisse améliorer ma façon de faire de la musique. Pour revenir à votre question, j’ai eu un problème à Bamako, des gens que je considérais comme mes proches ont fait des partis pris et j’ai failli être agressé, mais Dieu m’a sauvé et le lendemain, j’ai quitté le Mali pour la Côte d’Ivoire.
Justement, pourquoi le choix de la Côte d’Ivoire ?
Je suis venu ici parce que la Côte d’Ivoire est la plaque tournante du Showbiz africain. En Côte d’Ivoire, il y a plus d’opportunité qu’au Mali. Chez nous au Mali, les gens sont dans “Aide-moi à détester l’autre”. S’il y a ce genre de comportement dans un lieu, cela freine tout. Ils ont tendance plutôt à applaudir dans des choses qui ne valent pas la peine alors qu’il y a de vrais talents au Mali que nous pouvons booster et qui peuvent représenter le Mali partout dans le monde. Ici, en Côte d’Ivoire, lorsqu’ils savent que vous êtes doués pour quelque chose, ils vous donnent l’opportunité pour que vous puissiez exceller. C’est cela qui m’a amené ici en Côte d’Ivoire.
D’aucun estime que vous ne vous entendiez pas avec les artistes maliens, notamment avec Oumou Sangaré dont vous avez été presqu’un manager. Qu’est-ce que vous avez à dire par rapport à ces allégations ?
Vous savez, la majeure partie de nos artistes, surtout la nouvelle génération, ne s’assume pas. Ils sont toujours dans “Aide-moi à détester l’autre”. En plus de cela, ils sont dans l’hypocrisie, ils veulent que vous les présentiez à des grandes personnalités, mais eux ne font pas pareil pour vous. J’ai toujours soutenu les jeunes artistes maliens en les aidant à faire leur promotion, mais je vois qu’ils ne font pas pareil avec moi. Aujourd’hui, les jeunes artistes qui m’appellent avant de venir à Abidjan, je fais tout pour qu’on puisse se voir et je les accompagne durant leur séjour. Cependant, il y a des artistes qui viennent à Abidjan et c’est dans les lieux des spectacles que nous nous voyons sans faire de longs échanges.
Maintenant, pour en revenir à ma grande sœur, à ma diva et à mon artiste Oumou Sangaré, j’ai toujours dit aux gens que le problème n’était pas elle, mais plutôt les vautours qui rôdent autour d’elle.
Elle ne prête pas attention à ces gens-là, alors j’ai dit qu’il est temps que je trace ma propre route. Il est important de souligner qu’Oumou Sangaré fait partie des personnes qui m’ont initié dans la musique. Alors, vous ne pouvez pas être avec quelqu’un qui est insensible à vous, je suis l’enfant d’autrui, à un moment de la vie, il faut grandir.
En plus de cela, j’ai également compris qu’Oumou Sangaré n’était pas trop engagée pour que je puisse avoir ce bonheur-là dans la musique. Cela ne veut pas dire que je ne m’entendais pas avec elle, mais j’ai juste dit mes vérités et ces vérités-là tout le monde les connait. Vous savez, j’ai eu beaucoup de problèmes à cause de cette histoire d’Oumou Sangaré.
Un des proches d’Oumou Sangaré a envoyé des gens pour m’agresser et ce jour-là si le Dieu n’était pas avec moi et que je n’étais pas sincère avec moi-même, j’allais perdre la vie. D’ailleurs, c’est à cause de cela que j’ai quitté le Mali. Cependant, je ne peux pas dire que cette agression vient d’elle parce que je n’ai pas de preuve, mais les personnes qui ont tenté de m’agresser sont soutenues par elle. Cette affaire d’Oumou Sangaré a beaucoup joué sur moi parce que j’ai perdu deux contrats ici à Abidjan parce que son nom était dedans. Aujourd’hui, cela me fait très mal de voir qu’il n’y a pas de relève dernière elle. J’étais derrière elle pensant qu’elle c’est moi aussi.
Partout où j’ai passé, j’ai dit qu’Oumou Sangaré est ma grande sœur, elle m’a encadré et j’ai travaillé avec elle. Dans un pays où nous ne pouvons pas dire la vérité à nos proches, cela ne sert à rien de rester auprès de cette personne. J’ai entendu partout qu’elle dit que c’est parce qu’elle n’a pas été à l’enterrement de ma mère que c’est pour cela que j’ai décidé de ne plus être avec elle.
A mon avis, même si elle était à l’enterrement de ma mère, ma mère n’allait pas revenir à la vie. Mon problème avec Oumou Sangaré n’était pas là-bas, depuis la maladie de ma mère jusqu’à son décès, elle n’a pas été même une seule fois.
Se sacrifier pour une personne en donnant tout ton temps et toute ton énergie, mais que cette personne n’essaye même pas de vous assister lorsque vous êtes en difficulté, cela ne sert à rien de continuer avec cette personne. Dans la vie, tout ne tourne pas autour d’argent, mais l’amour partagé remplit fort le cœur des gens.
Pouvez-vous nous parler de votre passage à l’émission de téléréalité Case Sanga et de vos relations avec les ex-pensionnaires de cette émission notamment Mohamed Diaby, Sira Diop et autres ?
Case Sanga a été une école pour nous tous parce que c’est là-bas que le public a fait notre découverte. Cependant, après cette émission de téléréalité, j’ai rejoint le groupe de ma grande sœur Oumou Sangaré. En plus de cela, je dirais que nous avons reçu beaucoup de formation à travers cette émission parce que nous étions encadrées par plusieurs cadreurs de haut niveau notamment Massambou Wélé Diallo, Barou Diallo, Kardjigué Laïco Traoré, Hamadoun Kassogué. Alors, partager de l’expérience avec ces grands de la musique et de la comédie, c’est extraordinaire. Aujourd’hui, c’est dommage que l’émission n’ait pas pu continuer parce que cette émission était un espace pour valoriser les talents. Je suis toujours en contact avec Michelle Kaniba et Dabara, mais pour ce qui concerne les autres, je ne suis pas en contact avec eux.
Propos recueillis par
Mahamadou Traoré