Selon le média d’investigation en ligne Disclose, des documents classés «Confidentiel Défense-Spécial France» transmis à Emmanuel Macron, mais aussi à la ministre des Armées, Florence Parly, attestent de la présence d’armes françaises au Yémen. La France a toujours nié l’utilisation de ce matériel militaire français contre des civils au Yémen.
Selon une enquête publiée ce lundi par le site Disclose, des armes de fabrication française sont bien utilisées au Yémen dans des zones où résident des civils. Plusieurs ONG, dont Amnesty International avaient déjà tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps. Mais, cette fois, le travail d’investigation des journalistes se base notamment sur une fuite d’un rapport de la Direction du renseignement militaire (DRM) présenté au gouvernement probablement lors d’un conseil de défense restreint le mercredi 3 octobre 2018.
Ciblage perfectible
La note de la DRM porte la mention « Confidentiel Défense-Spécial France » et date de l’automne 2018. Elle fait le point sur la situation régionale et liste l’ensemble du matériel en possession des armées saoudiennes et émiriennes ainsi que leur éventuel emploi au Yémen. Sans surprise, leur utilisation était déjà connue, ce rapport officiel affirme que l’armée de l’Air saoudienne bombarde le Yémen, avec ses F-15 Eagle d’origine américaine, et ses Typhoon et Tornadod’origine britannique, les attaques se faisant depuis les bases du sud du royaume, Taif et Khamis Mushait. Le rapport souligne « l’aide américaine en matière de ciblage » mais pointe des « lacunes » en termes d’appui aérien rapproché au profit des troupes au sol.
Armes françaises
Côté armement français, le rapport de la DRM rappelle que les Mirage 2000livrés par la France aux Émirats Arabes Unis sont employés au Yémen, au départ de la discrète base émirienne d’Assab en Érythrée. Les auteurs du rapport rappellent en page 1 « qu’aucun élément ne permet de conclure à la présence de matériel français sur le front ». Signe que la DRM est très soucieuse de savoir comment l’Arabie saoudite utilise le matériel tricolore. Cela traduit aussi peut-être le manque de fiabilité et de transparence du partenaire saoudien aux yeux du renseignement militaire français. Côté matériel terrestre, le rapport confirme l’utilisation des chars Leclerc émiriensdans les opérations de la reconquête d’Hodeïdade fin septembre 2018. Concernant les canons d’artillerie Caesarvendus à l’Arabie saoudite, ils seraient toujours stationnés à la frontière yéménite, mais leur portée de 42 km permet d’atteindre le nord du pays. La DRM reconnaît toutefois qu’en septembre 2018, elle n’était pas « en mesure de localiser précisément les pièces d’artillerie saoudiennes déployées à la frontière ».
Source: RFI