Les enseignants sont très remontés contre le gouvernement. La colère se sent sur leur visage et dans leurs propos.
Les responsables syndicaux décortiquent les contre-vérités du gouvernement sur le salaire des enseignants et apportent des précisions
Selon Adama Fomba, porte-parole de la synergie, le document du gouvernement, intitulé « Déclaration liminaire du gouvernement du Mali relative à la grève des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 », contient beaucoup de contre-vérités. « Dans son document de propagande, le gouvernement attribue des salaires faramineux aux enseignants dans le sens de désinformer le peuple », a déclaré le secrétaire général de SYLDEF. Selon la synergie, un enseignant débutant de la catégorie A, classe 3, 1er échelon, conformément au statut du personnel enseignant, a « 140.000 FCFA au lieu de 288.051 F CFA comme annoncé par le gouvernement ».
Quant à un enseignant de classe exceptionnelle, catégorie A, il a, selon les syndicalistes, « 424.000 F CFA au lieu 633. 345 F CFA comme annoncé par le gouvernement ». À en croire les conférenciers, un enseignant débutant de la catégorie B2, 1er échelon, empoche 110.000 F CFA comme salaire brut, au lieu de 225.291 F CFA comme le gouvernement veut le faire croire aux Maliens. M. Fomba et ses camarades précisent aussi qu’un enseignant de la catégorie B2, classe exceptionnelle, 2e échelon gagne 290.000 F CFA au lieu de 444.429 F CFA annoncé par le gouvernement de Boubou Cissé. Après avoir dénoncé le mensonge du gouvernement, « les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 se réservent le droit de réclamer l’écart de salaire entre les montants communiqués par Boubou Cissé ».
Ce qu’a proposé le gouvernement aux enseignants et ce que veulent les enseignants
Selon les syndicats, le gouvernement a, lors des négociations tenues les 12, 14 et 15, montré sa mauvaise volonté d’appliquer l’article 39 du statut particulier des enseignants. « Tout au long des travaux de négociation, la partie gouvernementale a mis l’accent sur la situation sécuritaire et financière du pays, le nombre élevé des enseignants tout en insistant sur la non-soutenabilité budgétaire de la demande des syndicats », a déploré Adama Fomba.
Aux dires des enseignants, le gouvernement n’a même pas pu proposer aux syndicats le quart des 20%. Le gouvernement, selon les conférenciers, a proposé aux syndicats les indices plafonds de 1100 en 2020 et 1200 en 2021. Avec les 1100 comme plafond, les enseignants n’auront bénéficié que 3, 77 %. Or, les enseignants, selon Adama Fomba, souhaitent avoir comme plafond 1272 en 2020 et 1386 en 2021.
Ce qui est déplorable, selon les syndicats, c’est le fait que le gouvernement se contente de leur proposer une majoration de 3, 77% en lieu et place de 20% comme prévoit l’article 39 de leur statut. « Le gouvernement nous a proposé 3.77% en lieu et place 20% », a déploré le porte-parole de la synergie avant de réitérer leur détermination pour l’application sans délai de l’article 39.
Le message des syndicats aux sortants des IFM, ENsup, ENETP et aux enseignants à la retraite
Cette conférence a été l’occasion pour les syndicats de l’Education de se prononcer sur le recrutement des volontaires qui a été lancé par le gouvernement. Aux sortants des IFM, ENsup, ENETP, les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 lancent un message précieux. Ils affirment que leur combat consiste à rendre « à la fonction enseignante sa noblesse et sa dignité ». Selon eux, le gouvernement veut juste utiliser les 15 000 enseignants volontaires comme « des palliatifs à la crise en cours ». Aux retraités, les syndicats précisent qu’« accepter de participer à cette mascarade, c’est de continuer à torpiller la loi qui a vu la revalorisation de leur pension ».
Avant de terminer, Adama Fomba a indiqué que la décision du gouvernement de recruter les 15 000 enseignants volontaires « n’a aucune base juridique ».
Boureima Guindo