Hier, allié du Président IBK et l’un des principaux artisans de son élections à la tête du Mali en 2013, l’Imam Mahmoud Dicko juge catastrophique la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta. Dans l’une de ses interventions sur les réseaux sociaux ce lundi 1er mai, il dénonce avec véhémence l’oligarchie qui caractérise le régime en place.
Très remonté contre son désormais ex-ami, Mahmoud Dicko ne rate aucune occasion pour faire des remontrances au Président IBK. A l’occasion de l’une de ses sorties en prélude à la tenue de son meeting du 5 juin 2020, il s’est montré très amer contre la façon dont le pays est géré. Il se dit déterminé à dénoncer tant qu’on ne change pas le mode de gouvernance. Pour lui, faire la prison ou se sacrifier pour la bonne gestion du pays est un honneur. Dans son argumentaire, Dicko appelle à la mobilisation générale pour sauver le Mali avant que ce ne soit trop tard. Ce qui nous reste est de dénoncer. Car, affirme-t-il, « depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, il n’a rien fait de bon. Si c’est mal fait, c’est mal fait. Si ce n’est pas bien fait, on ne peut pas bien dire ».
Pour l’Imam Dicko, l’injustice cause toujours les troubles dans un pays. « Dans tout pays où les citoyens sont privés de leur droit, on assiste à des situation de trouble provoquées par les dirigeants. La mauvaise gestion du pays nous a fait oublier Kidal. Nous l’avons perdu. Or, en 2014 les représentants et symboles de l’Etat étaient à Kidal avec 400 militaires. J’ai échangé avec tous les Chef de services centraux à Kidal. Kidal faisait partie des girons de l’Etat. Je suis un témoin vivant de l’incompétence du gouvernement qui nous a conduits à la perte de Kidal. Je fais partie de ceux qui ont déconseillé la visite du Chef du gouvernement à Kidal. Cet entêtement a eu comme conséquence l’humiliation du Mali. Jamais, le Mali n’a été humilié autant que sous IBK. Il a fallu que le Président d’un pays voisin intervienne en urgence à Kidal pour négocier un cessez-le feu. Ensuite, sous l’égide de la communauté internationale, nous avons été contraints le couteau sous la gorge de négocier. En pareille circonstance où on part en négociation en position de faiblesse, on ne pouvait pas s’attendre à mieux que ce qu’on a obtenu. Cinq ans après la signature de cet accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, qu’est qui a marché ? Ce n’est pas de gaité de cœur qu’on dénonce. Mais se ce n’est pas bon, ce n’est pas bon.», fulmine Mahmoud Dicko.
Pour l’orateur, la seule chose qui a servi à quelque chose, c’est la cessation des hostilités. Mais à quel prix, s’interroge-t-il. Nous avons perdu la guerre, le Mali est absent à Kidal. Le représentant de l’Etat n’est au courant de rien, excepté la réunion du comité de suivi à la quelle il assiste.
L’erreur d’IBK qui consacre la partition du pays
A l’analyse des propos de Dicko, on retient que le Chef de l’Etat manque de vison politique pour mener à bon port le bateau Mali. Car, explique-t-il le centre du pays est devenu l’épicentre des problèmes où les communautés s’entretuent sans savoir les raisons. Et l’Etat se montre une fois de plus impuissant face à cette situation. « Au moment où cette situation s’embrase, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta commet l’erreur politique en nommant quelqu’un appelé Haut représentant du Président au centre. Pendant qu’il y a le ministre de l’administration territoriale, le ministre de la réconciliation, le gouverneur, les préfets de cercles, et les autres composantes de l’Etat qui peuvent permettre de trouver un mécanisme de réconciliation, il se permet de nommer un haut représentant comme cela constituait une autre entité. Donc, il consacre lui-même la partition du pays. Il y a un problème. Le pays est mal gouverné. On ne gouverne pas un pays en opposant les gens, les uns contre les autres. Et vouloir faire sortir ce pays de la crise alors que ton point fort est d’opposer les gens. Ils ont opposé tout le monde en commençant par les religieux. Ils servent de catalyseurs entre les leaders religieux. Nous allons dénoncer et citer ces catalyseurs dans les jours à venir. Leur méthode de gouvernance est intenable. Le pays est en train de rétrécir, l’espoir s’estompe ».
Pour Mahmoud Dicko, le régime ayant échoué dans ses tentatives de corruption des gens avec l’argent, et l’opposition des un contre les autres, il passe par la méthode forte, il s’agit de la répression pour faire taire toute personne qui s’opposera à leur façon de faire. « Nous disons non à cela. Nous ne sommes pas un peuple soumis », a-t-il souligné.
Ils ont mis le grappin sur les ressources du pays
Dans son intervention Mahmoud Dicko dénonce l’oligarchie érigée en mode de gouvernance. Pour lui, ils ont mis le grappin sur les ressources du pays pensant que le peuple n’a pas de dignité face à l’argent. Nous allons leur prouver le contraire. Surtout, rappellera-t-il, le Président nouvellement élu avait sollicité les leaders religieux à le rappeler à l’ordre à chaque fois qu’ils constatent des dérives. Mais, au fil du temps, regrette-t-il, on a constaté qu’il n’était pas sincère dans sa déclaration. La preuve, quand nous avons dénoncé le 29 février l’affaire des véhicules blindés qu’on a appelé à l’époque les « blindés en carton », cela leur a fait mal. Ils ont conspiré contre moi. Ainsi, précise Dicko, ils voulaient se servir de la justice pour m’arrêter et me conduire au camp I. J’avais été mis au parfum de leur plan machiavélique. A travers cet acte, ajoute l’orateur, le régime a prouvé sa mauvaise fois pour le bon fonctionnement de la démocratie chèrement acquise. IBK a-t-il oublié son discours sous ATT en 2008 à Ségou où il dénonçait la mauvaise gouvernance de ce dernier au motif que ce dernier est incapable et que quand on ne peut pas, on dégage. S’il se montre incapable aujourd’hui, pourquoi ne pas lui dire la même chose, rappelle l’Imam Dicko. Le peuple doit s’assumer en affirmant ce qu’il veut. « J’ai l’habitude de conseiller le Président dans son Palais de créer les conditions pour instaurer un cadre de Dialogue entre lui et le peuple, il va vouloir s’exprimer sans interlocuteur dira ce qu’il veut. Mais nous sommes un peuple mature qui ne posera pas d’acte pouvant déshonorer notre pays », conclura l’Imam Mahmoud Dicko.
Promesse non tenue de Dicko
A l’occasion de cette interview, Mahmoud Dicko avait promis de diriger la prière collective du vendredi avec les manifestants tout en les invitant d’être présents. Mais, à l’heure venue, Dicko n’était pas sur les lieux. Il a signalé sa présence aux environs de 14 heures. Des informations nous sont parvenues qu’il a préféré prier dans sa mosquée à Badalabougou. Cette, promesse, il ne l’a pas tenue. Et jusque-là, il n’a fourni aucune explication à ses militants, pardon, à ses invités.
Oumar KONATE
La Preuve