En annonçant publiquement que le Mali s’apprête à organiser un grand procès contre la corruption en novembre prochain, le Premier ministre Moussa Mara avait-il pris langue avec les acteurs de la justice ? Après vérification auprès du Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako, Daniel Tessougué, nous nous sommes rendu compte que c’était plus une opération de communication et de charme en direction de la délégation de transparency International, qu’une réelle volonté politique de lutte contre la corruption. « Conformément à la loi aucune autorité politique, ni exécutive, ni législative ne peut prévoir les audiences. C’est une loi d’organisation judiciaire qui dit clairement que seule l’Assemblée générale des magistrats de la Cour d’Appel fixe les dates d’audience et le nombre d’affaires pendant l’année » dira Daniel Tessougué. C’est une déclaration qui n’engage que Moussa Mara lui-même. Parlant des assises qui doivent se tenir le 17 novembre prochain, le Procureur général tiendra à préciser que ces assises ne seront pas spécifiquement contre la corruption. Elles vont traiter au moins 100 dossiers portant entre autres sur l’atteinte aux biens publics, le faux usage de faux, le viol, l’infanticide, coups mortels, pédophilie. L’exécutif n’a rien n’à voir dans ce procès. Daniel Tessougué fera enfin savoir qu’un procès contre la corruption est politique.
POLICE NATIONALE
120 policiers sanctionnés
Le Premier ministre Moussa Mara, à travers un réquisitoire, a dénoncé «des manquements graves au métier de policier». Et c’est pour mettre fin à des pratiques qui n’honorent pas cette profession que 120 policiers ont fait l’objet de sanction entre janvier et août 2014. Pour cela aussi, le concours des chefs de service est sollicité pour éviter de faire l’objet de sanctions disciplinaires. Et pour joindre l’acte à la parole, Moussa Mara fera savoir que les dites sanctions envers ses policiers seront publiées bientôt.
FANA
Le juge de Siège déclaré persona non grata
Où est passé le juge de paix à compétence étendue de Fana, Moussa Samaké ? Selon nos sources, il aurait disparu des écrans radars depuis le lundi dernier. La justice dans cette localité est donc paralysée. Cette absence du juge Moussa Samaké serait due à la rébellion d’une frange de la population requinquée à bloc par le passage du ministre de la justice. Mohamed Aly Bathily a en effet livré son juge à la vindicte populaire en le désavouant publiquement tout en demandant au Procureur de la République prés le Tribunal de première instance de Koulikoro de faire la lumière dans un délai de 15 jours sur une affaire pendante devant la justice de paix à compétence étendue de Fana.
Et pourtant, le pauvre juge n’a fait que se conformer aux prescriptions de notre Code de procédure pénale. A en croire un praticien de droit, quand l’ordonnance de clôture intervient le juge peut mettre fin à la détention-la seule exception est celle relative aux mesures de sureté qui relèvent de l’intime conviction du juge. Le juge de Fana, Moussa Samaké n’a fait qu’appliquer la loi. Il faut reconnaitre qu’on est face à un cas de rébellion. Et quand on met la république entre les humeurs de certaines personnes, toutes les portes de la dérive sont désormais ouvertes.