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Les plaintes d’Ibk : La fin d’un pouvoir

«Allah ka tignè dèmè». «Allah tè mogo dèmè ka ito n’galokan !»

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A peine élu, Ibrahim Boubacar Keïta refuse de déménager au palais de Koulouba. Il transforme sa résidence de Sébénicoro en palais. Ses ministres  se livrent à des activités lucratives. Du coup, le gouvernement a pris le statut d’une banque où chaque ministre s’approvisionne comme bon lui semble.

En ces périodes difficiles, le président de la République sentant sa fin politique fit venir sa majorité présidentielle au palais (Koulouba). Devant ses invités, IBK étala sa puissance : «Là où je m’attendais à un accompagnement de la majorité  présidentielle, je n’ai rien vu. Alla ka tignè dèmè» (Que la vérité triomphe). Dieu serait avec vous monsieur le président, lorsque vous êtes sur la bonne voie. Lorsque vous choisissez votre Premier ministre dans le rang du plus petit parti politique de la majorité présidentielle avec un député, vous avez engendré des sentiments de frustrations.

Monsieur le président du Mali, lorsque vous formez un gouvernement de famille, de copains et d’amis, c’est une déception générale que vous produisez chez vos électeurs. Lorsque vos ministres détournent l’argent de l’Etat et que les sanctions ne tombent pas, monsieur le président, vous ne pouvez plus avoir la confiance de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Et enfin, lorsque vous implorez Dieu (alla ka tignè dèmè), c’est la fin d’un règne. Saviez-vous monsieur le président  que le peuple malien rejette ceux qui trahissent leur bienfaiteur ? L’entretien d’IBK, avec votre majorité présidentielle, rappelle le déclin de l’ex-parti unique (UDPM).

Depuis 1992, les gouvernements successifs ont persévéré sur la voie des réformes. La générosité des bailleurs de fonds a été à la hauteur des efforts consentis. Lorsque survint le coup d’Etat du 22 mars 2012, le FMI, la Banque mondiale et autres partenaires au développement ont suspendu leurs subventions. L’économie, ou ce qu’il en restait, était tout simplement en faillite.

L’endettement du pays avait explosé 1719,9 milliards de FCFA en 2003. Les effectifs de fonctionnaires avaient doublé en l’espace de dix ans (2004-2014). Pour couronner le tout, le système financier était bloqué. L’ordre institutionnel rétabli a été facteur d’une signature d’aide de l’Union européenne à Bruxelles d’un montant de69 milliards  de FCFA.

A peine élu, Ibrahim Boubacar Keïta refuse de déménager au palais de Koulouba. Il transforme sa résidence de Sébénicoro en palais. Ses ministres se livrent à des activités lucratives. Du coup, le gouvernement a pris le statut d’une banque où chaque ministre s’approvisionne  comme bon lui semble. Un des loisirs favoris  des Maliens est en effet la discussion politique. Chez ce peuple analphabète, chacun se sent l’âme d’un leader de parti politique, qui a déjà vu  de nombreux présidents se faire et être défaits, et en a tiré un solide pragmatisme devant les difficultés. L’art de la discussion, de l’analyse, du commentaire, est arrivé à un haut degré de perfection.

La nature des régimes et la qualité des hommes qui se sont succédé depuis la chute de Modibo Keïta ont permis aux Maliens de porter un jugement sévère  sur la politique et ses leaders. On se souvient fort bien ici des discours- fleuves d’Amadou Toumani Touré vantant les vertus du consensus. Des slogans  électoralistes d’IBK : «Le Mali d’abord». Malgré les immenses slogans peints sur les banderoles dans la capitale, les Maliens restent à vrai dire sceptiques, les changements tardant à venir.

En attendant des jours meilleurs, on évalue, le soir, autour des multiples verres de thé et de bières, l’évolution de l’équipe gouvernementale, les chances d’un tel, le limogeage d’un autre. Et surtout, les Maliens commencent à réfléchir sur  le départ d’IBK. Les Bamakois s’esclaffent : «Nous avons fait un «yabé» en votant IBK» (faire un yabé dans le langage courant, c’est marquer un but contre soi).Tous les délits du régime, des plus graves jusqu’aux gestes quotidiens, sont ainsi passés au crible d’une saine dérision. Nos dirigeants n’ont pas le train de vie d’un pays qui connaît des problèmes.

Amy SANOGO

SOURCE: Inter De Bamako  du   24 nov 2014.
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