Si on parle beaucoup de ce nouveau gouvernement, dont la configuration a été rendue publique, le jeudi dernier, avec à sa tête Modibo Keïta, reconduit, c’est bien à cause des nouvelles têtes d’affiche qui le composent. Partis politiques, société civile, groupes armés, technocrates : ces neuf nouvelles personnalités qui font leur entrée dans le gouvernement ne sont pas pourtant logées àla même enseigne ; certaines d’entre elles n’étant pas à leur première expérience ministérielle. Qui sont-ils ? Quel parcours ont-ils ?
Amadou KOITA, ministre de la Jeunesse et de la construction citoyenne
Il est le président du parti PS Yeleen Kura, l’un des hommes politiques les plus en vue, ces derniers temps, qui a occupé l’actualité politique brûlante du pays. Récemment, cet homme politique a défrayé la chronique de l’actualité, en ralliant la majorité présidentielle. Connu pour ses convictions tranchées en faveur de la cause du Mali, du retour de la paix et de la réconciliation nationale, celui qui a lancé la boutade célèbre : « l’opposition n’est pas une camisole de force », le bouillant Amadou Koïta est la marque palpable du président IBK de valoriser le potentiel jeune au sein des institutions de la république ; le parcours du jeune aux dents longues étant en lui-même une belle illustration qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Né à Bamako, il y a 44 ans, le nouveau titulaire de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, n’est pas en terrain inconnu d’autant qu’il a fait ses armes dans le syndicaliste estudiantin. Ancien secrétaire général du comité AEEM de l’École nationale d’Administration, le président du parti socialiste, bien connu dans le milieu politique, pour ses convictions politiques, a été également l’un des fers de lance du parti pour le développement économique et social (PDES), de l’ancien président ATT.
Avec son baccalauréat en poche, obtenu au lycée de Markala, il arrive à l’ENA pour étudier la gestion. Il entame sa carrière administrative comme chargé de mission dans de nombreux départements ministériels, comme celui du tourisme (2006-2011), puis chef de cabinet adjoint à la Primature pendant la transition démocratique. Précédemment chef de poste de chef de cellule d’appui à la décentralisation et à la déconcentration du ministère de l’Économie et des Finances, ce dynamique leader politique, jusqu’ici 5e adjoint au maire de la commune III de Bamako chargé de la jeunesse, des Sports, de la culture, des arts et du partenariat, aura bien besoin de ses expériences en matière de promotion des jeunes pour donner âme et vitalité à un département ministère dédié à la culture de la citoyenneté.
Mme Nina Ouallet Intallou, ministre de l’Artisanat et du tourisme
Mme Nina Ouallet INTALLOU, elle, ne passe pas inaperçue : précédemment première vice-présidente de la commission-vérité, justice et réconciliation (CVJR), cette dame pourtant joviale et dynamique, en dehors des apparences d’apparatchiks qu’on lui colle, Nina Ouallet Intallou est bien la preuve que le Mali peut se réconcilier avec lui-même. Ancienne élue locale de Kidal (1999-2004), notamment aux postes de 1ere adjointe au maire de la Commune de Essouk et 4e vice-présidente du Haut conseil des collectivités territoriales du Mali (1999-2011), Mme Nina, qui a connu par moments le monde des affaires, plus particulièrement en Côte d’Ivoire, au-delà des clichés liés à son parcours en tant que responsable du Mnla, dispose bien d’atouts réels pour revigorer un secteur en dèche pourtant riche de son potentiel naturel, historique et culturel du fait qu’elle a été pendant longtemps artisane de de l’Organisation du Festival d’Essouk « Nuit saharienne ».
Diplômée en droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’université de Bamako, détentrice d’un diplôme en comptabilité générale du cours Loko d’Abidjan, tous ceux qui ont récemment côtoyé cette dame à la tâche disent qu’elle ne fera pas du tourisme ou du moins de la figuration, au sein du nouveau gouvernement, persuadés qu’ils sont que Nina apportera une touche particulière à la visibilité malienne, à partir de l’extérieur du pays.
MOHAMED EL MOCTAR, ministre de la Réconciliation nationale
Le nouveau ministre de la réconciliation nationale n’est pas un novice. Déjà riche d’une expérience gouvernementale, en tant que ministre de la Culture, puis de l’Artisanat et du tourisme, au temps d’ATT, cet homme au commerce agréable, se souviennent ses amis, ancien stagiaire en psychologie et sociologie de l’enfant à l’École centrale de Komsomol à Moscou, est décidément outillé pour mettre en musique toutes les initiatives nationales en matière de réconciliation dans le pays. De par son parcours qui l’a amené, un peu partout sur le territoire national, dans les aspects les plus divers de l’activité administrative, comme instructeur de jeunesse, à l’éducation, des sports, des arts et de la culture, Mohamed El Moctar, qui connait bien le Mali, n’est pas désarmé en matière d’initiatives de retrouvailles nationales, en ce sens qu’il a également travaillé au HCR-Mali pour s’occuper des populations rapatriées, notamment l’identification et l’évaluation des besoins de la zone de Léré en vue de la conception et de la mise en œuvre du programme de réinsertion englobant des projets et activités dans divers domaines de l’activité socio-économique, post-crise. Un atout majeur qui fait de ce polyglotte, aux larges sourires faciles et attirants, détenteur d’une maîtrise en droit privé de Paris I, option droit international, l’homme de tout le monde qui fera certainement beaucoup parler de lui.
Me MAMADOU ISMAILA KONATE, ministre de la Justice, des droits de l’homme, garde des sceaux
C’est connu de tous : le nouveau ministre de la Justice est un brillant avocat, connu dans son pays et même au-delà. Celui qui vient d’être récemment inscrit au barreau de Paris, privilège rare sous nos cieux, natif de Bamako, spécialiste en droit des affaires et des négociations internationales, est un atout certain pour le Mali, en étant un expert mondial reconnu et engagé sur les enjeux géostratégiques. Ce talentueux orateur, avide de savoir, qui ne se régale que dans les débats politiques ou de société, concernant les grandes questions et orientations du monde, pourra bien défendre la cause de son pays à l’international. Il est beaucoup attendu sur ce terrain, car on lui reconnaît une expertise avérée en matière de plaidoyer mondial, l’une de ses meilleures dispositions intellectuelles qui font de lui un homme d’action et de dossiers, susceptible de laisser une forte empreinte, en matière de refondation de l’institution judiciaire au Mali. Un challenge attendu par tous les Maliens, comme le fondement d’une société de développement et de justice au service de l’homme.
Sénateur de la jeune chambre internationale, membre de l’Union Internationale des avocats et de l’association européenne des avocats, ce défendeur acharné de la liberté d’opinion et d’expression ne passera pas inaperçu avec la cause du Mali qu’il fera porter dans le monde entier. Ça, c’est une certitude sur cet homme qui fera, pour la première fois, son entrée dans une équipe gouvernementale.
Mme KEITA AÏDA MBO, ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable
Mme Keita Aida Mbo, experte en matière des questions de l’environnement, ne sera pas en terrain inconnu avec ce nouveau portefeuille ministériel dont elle a désormais en charge. Pour avoir travaillé pendant de nombreuses années, au PNUD, à la mise en œuvre de plusieurs conventions liées à la problématique de l’environnement, Mme KEITA, ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, n’est pas là par hasard, d’autant qu’elle représente une expertise de qualité et de référence dans un domaine où tout est à refaire dans notre pays, tant le comportement quotidien et individuel est à repenser pour une meilleure perception de l’assainissement urbain.
Titulaire de plusieurs diplômes liés dans les domaines de sa spécialité, la nouvelle ministre de l’Environnement, épouse de Nancouma Keïta, ce fidèle des fidèles d’IBK, aura un test devant elle : l’organisation du prochain sommet Afrique-France que le Mali va abriter en premier janvier 2017. En termes de protocoles diplomatiques, pour un événement planétaire, comme celui-là, ce sera un baptême de feu, fort alléchant, pour cette dame qui aime, comme on le laisse croire dans son entourage, les défis. De toutes sortes.
Mme TRAORE SEYNABOU DIOP, ministre de l’Équipement, des transports et du désenclavement
C’est un ingénieur des constructions civiles à qui on a confié le très stratégique département ; elle, bourreau du travail, selon son entourage, qui connait parfaitement bien certains dossiers sensibles de ce ministère, tel l’examen pour la gestion de l’activité ferroviaire sur l’axe Dakar-Bamako, dans la phase transitoire. Ayant fait ses premières armes à la direction générale des marchés publics, la nouvelle ministre de l’Équipement, par vocation professionnelle, s’est passionnée pour les dossiers d’infrastructures modernes. Ce qui lui sera d’un atout appréciable dans la perception des actions et initiatives à repenser pour le développement des infrastructures routières du pays. Titulaire de plusieurs diplômes supérieurs dans de nombreux domaines de la vie professionnelle, comme la construction civile, l’hydraulique, l’informatique, les finances comptabilités publiques, la nouvelle ministre de l’Équipement est également l’une de ses nouvelles personnalités du gouvernement qui devra se faire voir sur les chantiers du développement des infrastructures modernes du pays, pour lesquelles elle aura fort à faire avec les partenaires internationaux en vue de sortir des sentiers battus.
MOHAMED ALY AG IBRAHIM, ministre du Développement industriel
Le nouveau titulaire du département du développement industriel est un diplômé en droit des affaires de l’école nationale d’administration, doublé d’un certificat international d’administration des marchés de l’ENA de Paris. Spécialisé dans la rédaction et les négociations en matière des conventions de maîtrise d’ouvrage pour des projets de la Banque Mondiale et de nombreuses autres institutions internationales, Mohamed Aly Ag Ibrahim est appelé à la tête d’un département ministériel, pour lequel il faut tout repenser. Un défi à la dimension du retard chronique dont le pays accuse en matière d’investissement industriel. C’est dire que le challenge qui attend le nouveau ministre porte en lui-même l’avenir de tout un pays, à savoir la réalisation et la création des emplois productifs dans un contexte de compétitivité économique. Il n’est pas dépourvu d’armes intrinsèques pour relever ce défi économique immense d’autant qu’il a travaillé comme cadre émérite et de conception dans de nombreuses structures publiques, y compris à la présidence de la république en tant que conseiller technique.
Le Pr TIEMOKO SANGARE, ministre des Mines
Le nouveau ministre des Mines n’est pas un inconnu sur le front politique : président de l’Adéma, depuis le dernier congrès du parti, Tiémoko Sangaré signe ainsi son grand retour dans l’attelage gouvernemental après son passage successivement à la tête des départements en charge de l’Environnement et de l’Agriculture, au temps d’ATT. Titulaire d’un doctorat, obtenu en 1987 en ex-URSS, ingénieur de son état, ce professeur de l’enseignement supérieur est un homme politique avec qui il faut compter dans le pays. Membre influent de la mouvance présidentielle, Tiémoko Sangagé a souvent évoqué les relations politiques avec le président IBK comme une nécessité politique d’assurer la stabilité politique d’un pays qui vient de loin.
En tant que nouveau ministre des Mines, au-delà des considérations politiques, cet homme de rigueur, compte tenu de ses spécialités liées en géodésie et de cartographie, sera un atout appréciable dans ce département stratégique, en ce sens qu’il pourra ouvrir de vastes chantiers de modernisation et de capitalisation sur le potentiel minier de notre pays.
MALICK ALHOUSSEINI, ministre de l’Énergie et de l’eau
Ce dernier, cet habile homme de terrain, signe également son grand retour dans le gouvernement, après avoir déjà occupé la fonction de ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale chargé de la décentralisation, sous le président IBK. La particularité de ce ministre est qu’il a déjà assumé la charge de l’énergie et de l’eau, au temps d’ATT. Il est donc en terrain connu, comme on le dit, et devra faire face, dans les mois à venir, à la dure réalité du secteur énergétique du pays dont beaucoup d’observateurs pensent qu’il constitue l’une des faillites des entreprises maliennes. Un défi qui n’est pas au-dessus des compétences de cet ingénieur des sciences appliquées, spécialiste des questions d’hydrologéologie.
Figure de proue du Collectif des ressortissants du Nord du Mali (COREN), le nouveau ministre de l’Énergie s’est activement déployé, ces dernières années, sur le terrain des retrouvailles nationales, en pesant sur les négociations inter-maliennes d’Alger, lesquelles ont débouché sur l’accord de paix, signé par tous les protagonistes de la crise malienne. C’est d’ailleurs à ce titre que le nouveau ministre de l’Énergie, avant sa nomination à ce poste, a été expert auprès du haut représentant du président de la République pour le dialogue inclusif inter-malien, et chef cellule chargée des relations avec les groupes armés.
Rassemblés par Sékouba Samaké
Source: info-matin