France Info au Mali. Nous vous proposons une matinée spéciale alors que les élections législatives s’ouvrent dimanche sur fond de tensions persistantes. Le pays tente de panser ses plaies. L’une d’elles est culturelle, avec la destruction par les groupes extrémistes de manuscrits anciens à Tombouctou. Un trésor inestimable. Des documents venus parfois du Moyen-âge. En réalité, la plupart ont été sauvés. Ils sont cachés à Bamako, mais pas encore tout à fait tirés d’affaire.
En ouvrant la porte d’un local qui à tout l’air d’un garage à vélos dans un immeuble anonyme de Bamako, Abdelkader Haïdara, qui dirige la plus importante bibliothèque familiale de Tombouctou, ne peut cacher un petit sourire. Il sait quel effet cela va faire au visiteur de se retrouver devant ces cantines métalliques empilées jusqu’au plafond et remplies de volumes aux pages vieillies comme des grimoires, avec leurs couvertures de cuir ouvragées.
Au total, 377.000 manuscrits ont été sauvés au nez et à la barbe des extrémistes qui en ont brûlé 4.000 à l’institut public Ahmed Baba.
Les manuscrits cachés
Aujourd’hui, cette masse considérable de documents est stockée dans une dizaine de maisons, financées par des donateurs pour un an. Sans être dissimulés, ils se font discrets pour ne pas tenter d’éventuels trafiquants.
Abdelkader Haïdara ne laisse pas pour autant dormir ce trésor. Il emmène ses visiteurs à l’étage d’une maison, où une dizaine de jeunes gens travaillent en silence sur les manuscrits.
Conservation
Le problème, c’est que l’atmosphère de Bamako est plus humide que celle de Tombouctou. Des donateurs allemands ont fourni des déshumidificateurs dans les pièces où se trouvent les manuscrits. Mais pour Lazare Elondou, représentant de l’UNESCO à Bamako, il faut aller plus loin et procéder à un nettoyage en règle des manuscrits. Il souhaite aussi leur donner un cadre juridique, toujours pour parer au trafic illicite.
Et tout ça sans compter la numérisation et la traduction des manuscrits, elle aussi stoppée. Au Mali, certains en attendent beaucoup, comme Aldiouma Hiatara, directeur du musée du Sahel de Gao. Il cherche à restaurer un monument, le tombeau des Askia, vieux de 500 ans, et espère trouver dans les centaines de milliers de pages la destription des techniques de maçonnerie médiévale au Sahel.
La prochaine étape, le retour des manuscrits à Tombouctou, n’est pas pour tout de suite. Il faut que la situation soit sûre, et il faut aussi rénover les bilbiothèques.
Source : France info