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Les Maliens en quête de médiation : après Serval, Alger

Alger est à nouveau engagée pour une médiation entre Bamako et la rébellion touarègue au Nord-Mali. L’information, qui était évoquée depuis plusieurs semaines déjà par de nombreux Maliens et étrangers, a été confirmée par les ministres algérien et malien des Affaires étrangères. Ramtane Lamamra et Zahabi Ould Sidi Mohamed, qui ont tenu hier un point de presse à la résidence El Mithaq en marge de la visite dans notre pays du chef de l’Etat, malien Ibrahim Boubakar Keita, samedi et dimanche derniers, ont, en effet, admis qu’un «processus» vient d’être lancé par l’Algérie dans le but de trouver une solution à la crise qui perdure au nord du pays voisin.

 

Zahabi Ould Sidi Mohamed ministre malien Affaires étrangères1
L’objectif, a-t-on compris, est d’aider les parties maliennes en conflit, c’est-à-dire le pouvoir central à Bamako et la rébellion touarègue, à trouver un accord politique et mettre à l’abri des territoires maliens qui, bien qu’ils aient été majoritairement sécurisés au plan militaire par l’opération française Serval lancée il y a une année contre les groupes d’islamo-gangsters qui s’y étaient sanctuarisés, demeurent fortement instables. Notamment, en raison de la persistance de divergences politiques entre l’Etat malien et les Touareg.

 
Selon le ministre des Affaires étrangères malien, Zahabi Ould Sidi Mohamed, ce sont les mouvements armés du Nord qui ont demandé à l’Algérie de les aider à «élaborer» et «peaufiner» une plateforme en vue de «préparer des négociations inclusives entre Maliens». Il ne s’agit pas, a-t-il précisé, de «discussions ni d’agenda secrets», mais d’une initiative que Bamako «apprécie positivement». D’autres sources maliennes affirment, cependant, que c’est Bamako, encouragé par Paris, qui a demandé à Alger d’amorcer une nouvelle médiation pour l’aider à dialoguer avec la rébellion touarègue et couper l’herbe sous les pieds des djihadistes, profondément affaiblis par les troupes françaises toujours présentes sur le terrain.

 
Pour le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, qui n’a pas semblé insister sur l’identité des demandeurs de la médiation algérienne, il est surtout important de parler de «discussions» et de «consultations exploratoires». Sans s’attarder sur qui de Bamako ou de la rébellion touarègue a pris le premier l’initiative de solliciter les services diplomatiques algériens, il a déclaré que «nous ne sommes pas encore arrivés à une phase permettant de dire que le dialogue intermalien est bel et bien relancé».
Les discussions, a-t-il ajouté, sont «très positives» et «prometteuses», mais elles ne constituent pour l’instant qu’une «première étape» qui devrait être suivie «par d’autres» et auxquelles «de nouveaux acteurs peuvent éventuellement y contribuer». Simple constat ou demande de garantie ? La question est d’autant plus importante que tous les groupes du Nord-Mali concernés n’ont pas encore répondu présent. «Certains mouvements ont répondu favorablement et d’autres vont certainement venir et rattraper le train en marche», a indiqué le ministre malien des Affaires étrangères. On évoque le MNLA, groupe indépendantiste en perte de vitesse, mais il y en a d’autres aussi, à l’image d’une fraction du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) qui dénonce l’initiative de groupes de la rébellion de solliciter l’aide de l’Algérie.

 
Plus important, Alger, qui a toujours mis en avant l’intangibilité et l’intégrité du territoire malien, est aujourd’hui en situation de demander au pouvoir malien élu des garanties et un engagement politique plus franc pour la prise en charge des problèmes posés par la rébellion au Nord. Si elle n’entend certainement pas défendre expressément le principe d’une autonomie dans le cadre de la souveraineté malienne, ce qui pourrait heurter Bamako, elle ne souhaite pas revenir à d’anciennes formules de négociation qui ont non seulement échoué, mais lui ont également valu d’être accusée de «double jeu» et de privilégier les groupes armés contre le Mali comme cela a été entendu, hier, dans une question d’un confrère malien au chef de la diplomatie algérienne. Si l’Algérie veut bien prendre le relais du Burkina Faso et de «parachever les accords d’Ouagadougou», selon les mots utilisés par le ministre malien des Affaires étrangères, elle entend prendre quelques précautions.
Elle a informé tous les pays voisins et les partenaires régionaux et internationaux de la tenue de ces discussions «exploratoires», a déclaré Ramtane Lamamra, en rappelant qu’il n’y a pas de «double jeu», tout en considérant que la visite à Alger du président malien est «une bénédiction tout à fait éloquente de cet effort algérien». Elle veut surtout convaincre Bamako de la nécessité de s’entendre avec les Touareg

 

Ibrahima YATTARA

SOURCE: L’Informateur

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