Le Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maiga était en visite dans le delta central du 3 au 6 novembre, accompagné d’une forte délégation, dont faisait partie le Président de l’Assemblée nationale et une dizaine de Ministres.
En plus de l’inauguration de la route Ouo-Bankass-Koro, cette visite a été l’occasion pour le Premier Ministre de se rendre à Ténenkou, Youwarou, Kouakourou et Soumpi, pour apporter son soutien aux populations et aux Forces de défense et de sécurité.
Cette visite intervient dans un contexte politique et sécuritaire particulier, les élections pour les Présidents de Région, les Conseillers des cercles, et certaines communes doivent se dérouler le 17 décembre, de plus fin octobre, le Député Niang, Président de la Haute cour de justice avait échappé de peu à une embuscade tendue par des éléments armés radicaux. Le bilan sera de 7 morts.
Le Premier Ministre avait donc plusieurs messages à faire passer à travers cette visite, montrer la détermination du Gouvernement à organiser les élections, favoriser le retour de l’administration dans ces zones délaissées et paradoxalement entériner le contexte “d’insécurité résiduelle”.
Il y a ce que l’on veut bien croire, ce que l’on veut bien montrer et ce qui est. La zone allant de la foret de Ouagadou (frontière mauritanienne), à Boulkessy dans le cercle de Douentza à la frontière burkinabé est aujourd’hui partagée entre différents groupes armés radicaux, qui attaquent tous les jours, sans repris les FDSM, les voyageurs, les forains, les humanitaires, et la Minusma. Ces hommes qu’ils soient de JNIM ou d’Ansarul Islam, font des prêches dans les mosquées, attaquent des écoles, des églises, à longueur de journée. Si bien qu’en dehors des grands centres urbains, il n’y a plus de présence de l’Etat.
Durant sa visite on a dénombré plus de 8 incidents sécuritaires, ayant causé une dizaine de morts, ceci est l’enseignement fondamental que doit tirer le PM de sa visite dans la partie centrale du pays. Des populations complètement désabusées, laissées à la merci d’individus qui font régner leur loi sans être inquiétés.
Aujourd’hui, les groupes armés radicaux sont arrivés à étendre leur pouvoir et leur influence sur des centaines de villages et hameaux, ils y ont installé, une administration et des tribunaux qui tranchent les litiges. Ils organisent les grands évènements comme la transhumance. Les FDSM qui font des opérations ponctuelles, ne peuvent se stabiliser dans ces zones sous influence terroriste, et les populations dans ce cadre refusent de collaborer avec elles, car une fois le départ de l’armée elles sont à la merci des radicaux qui n’hésitent pas à tuer ceux qu’ils appellent les collaborateurs.
Le message que doit faire passer le PM, est que l’insécurité n’est pas résiduelle, elle est permanente, et jusque-là les politiques qui ont été mises en œuvre, où que l’on tente de mettre en œuvre, comme le Plan de sécurisation intégré des régions du centre, ne sont pas dotées des moyens nécessaires pour ne serait-ce qu’entamer le redéploiement de l’administration.
Ces visites concentrent une bonne dose de mise en scène, certes, mais cela ne doit pas faire penser au PM qu’il n’y a pas une énorme frustration au sein de ces population, frustration qui a pu conduire certains à avoir de la sympathie pour les radicaux, le retour de l’administration doit également se faire en prenant en compte cet aspect, il ne doit pas se faire, en reprenant les mauvaises habitudes.
Enfin, il doit se poser la question de la crédibilité des élections à venir, les régionales, mais également les Présidentielles, qui pourra accomplir son devoir citoyen et dans quelles conditions? La région sera-t-elle stabilisée d’ici un an pour pouvoir aller paisiblement vers des élections transparentes?
De nombreuses questions subsistent, et elles sont trop sérieuses pour faire l’objet d’une quelconque utilisation politique. Il ne s’agit pas de dire, j’ai été sur le terrain tout va bien, mais de faire prendre conscience à tous de l’ampleur de la situation, une situation qui si elle ne reçoit pas un traitement humain et mesuré risque de devenir irréversible.
Par askiamohamed