C’est sans une grande surprise que l’opinion publique nationale a assisté à cette guerre d’égo et de positionnement, tant redoutée entre les leaders du Mouvement hétéroclite, sans fondement idéologique, ni vision commune qu’est le M5 RFP. Une guerre de personnalités politiques de premier rang et sans précédent est en cours au sein du Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques.
La guerre de Troie aura bel et bien lieu entre le camp du Président du Comité stratégique, de surcroit Premier Ministre, Choguel Kokalla Maiga et celui de Mountaga Tall pour le contrôle du M5 RFP. Si ce genre de combat politique, à la fois légitime et constructif, fait le charme de la démocratie et du débat pluriel, la tournure que prend celui-ci fait froid dans le dos tant il est déshonorant, rabaissant et contribue davantage à décrédibiliser l’homme politique et même la politique au Mali. Jamais, depuis l’avènement du régime militaire au pouvoir en 2020, nous n’avons assisté à une telle campagne nauséabonde et ahurissante entre les personnalités d’un même camp, hier amies, mais aujourd’hui ennemies. Un déballage sans précédent des secrets sur la place publique entre le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga et Me Mountaga Tall, sous l’œil scrutateur et complice des militaires qui semblent tirer profit de cette guerre qui affaiblit la classe politique. A quoi doit-on s’attendre dans les jours voir les semaines à venir ? Le sort de Choguel K Maiga n’est-il pas scellé à la primature ?
Les observateurs de la scène politique malienne ont passé un week-end cauchemardesque en assistant à de la tragi-comédie de la classe politique version soutien de la transition. La tension était déjà palpable et la division déjà consommée entre les deux tendances rivales du M5 RFP, mais les tournures que les événements ont pris le week-end passé ont laissé pantois tous les analystes politiques. Après le spectacle digne de l’opéra de Paris et qui a mis en scène le camp du premier ministre Choguel Kokalla Maiga et celui de Me Mountaga Tall, avec comme point d’orgue le contrôle du M5 RFP, les maliens ont assisté, sans surprise, à un déballage sans précédent des secrets pendant le week-end. Une véritable querelle de clochers semble être désormais engagée entre les amis et complices d’hier. Le point de départ de la désormais guerre de Troie pour le contrôle d’Athènes, pardon, du M5 RFP a été le remplacement du 2ième Vice-président Boubacar Karamoko Traoré, réputé proche du premier ministre, pour incompétence et par Imam Oumarou Diarra, du camp opposé à celui du PM, pour assurer l’intérim au sein du M5 RFP. Le PM Choguel Kokalla Maiga a vu en ce changement un coup d’état contre sa personne pour non seulement l’affaiblir, mais aussi et surtout précipiter son départ de la primature. Il a pointé un doigt accusateur sur certains militaires qui seraient les véritables instigateurs de cette besogne peu orthodoxe.
Comme si cela ne suffisait pas, à la sortie d’un meeting tenu au Palais des sports, le Premier ministre a enfoncé le clou en critiquant à visage découvert ses camarades du M5 RFP qui ne roulent que pour des postes, de l’argent et des marchés et pour assouvir leurs desseins ont accepté une compromission avec certains militaires qui les manipulent à satiété. Les propos du Premier ministre ne sont tombés dans l’oreille des sourds, ils ont même provoqué une levée de bois vert de la part de ses adversaires qui ont profité d’une conférence de presse pour répondre au Pm. Les propos du PM qui sont ceux d’un défaitiste ont, à coup sûr suscité une vive réaction de la part de ses adversaires qui l’ont qualifié de traitre et corrompu, en faisant référence à sa gestion passée sous IBK, où il a été sommé par la justice de rembourser et cela à deux reprises, l’argent qu’il a indûment empoché. Bref les réponses des adversaires du PM ont été tellement acerbes que l’on se pose la question si les protagonistes ne sont pas arrivés à un chemin de non-retour, au grand dam de la classe politique et au grand bonheur de la frange militaire de la transition qui va désormais surfer sur la décadence de la classe politique pour faire ce qu’elle veut.
En somme, affaibli politiquement, lâcher par ses camarades du M5 RFP, en mauvaise odeur de sainteté avec le reste de la classe politique, abandonné à son triste sort par les militaires, aujourd’hui, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les jours du PM sont comptés à la primature. Cependant les adversaires du PM Choguel K Maiga doivent comprendre que les militaires n’ont pas d’amis civils et ils sont sans état d’âme face à leurs intérêts. Donc il est fort à parier que le réveil sera brutal pour Mountaga Tall et ses camarades. Quant à Choguel K Maiga il n’a récolté que ce qu’il a semé.
Youssouf Sissoko
L’Alternance