Du 10 au 12 juillet dernier, la MINUSMA, à travers sa Division des droits de l’homme et de la protection et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a appuyé le (RMDH) pour la formation des professionnels de médias sur le rôle des médias en matière de droits de l’homme durant la période électorale.
Présidé par Boukary Daou, le RMDH est le Réseau Médias et Droits de l’homme. Née le 18 avril 2015 cette association a pour but de promouvoir et renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés de la presse à travers les médias. Cette association comprend un bureau national à Bamako et des représentations régionales.
Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Résolution 2423 (2018) du Conseil de Sécurité, notamment de son point relatif à la surveillance des violations des droits de l’homme et à la contribution aux activités de prévention de ces violations et atteintes.
Issus de la presse écrite et des médias (Télévision, radio, web TV et Réseaux sociaux), ils étaient 35 participants dont quatre femmes. Ces professionnels venaient de Bamako et des régions de Koulikoro, Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao. Un représentant de la Commission Nationale des droits de l’homme et un représentant du Ministère des droits de l’homme était également présents durant les trois jours de formation.
Il est apparu dans le contexte pré et post électoral que certains médias ont pu contribuer par leurs productions, à créer des conditions propices à la violence. Certains ont relayé des messages de haine, d’autres encore ont choisi des lignes éditoriales qui n’ont pas permis à ce que la population ait accès à une information instructive et constructive. L’expérience a aussi démontré que les violences liées aux élections ont été régulièrement relayées, incitées et justifiées par les médias. Pour créer un environnement propice à une meilleure tenue des élections, soucieuses du respect des choix des électeurs et dépourvues de violences, le RMDH a souhaité avoir une activité d’imprégnation pour une compréhension commune du contexte sécuritaire, politique et des droits de l’homme dans lequel se tiendront les élections. Il a aussi été question de s’approprier du cadre légal de la presse et des élections, partager des expériences d’autres pays sur le rôle des journalistes et adopter une stratégie commune pour promouvoir, à travers les médias, des élections libres, démocratiques et respectueuse des droits de l’homme.
Lors de l’évaluation finale de la formation, le Directeur de la Division des droits de l’homme et de la protection, M. Guillaume Ngefa a animé une session pratique sur le rôle des médias dans les conflits et les crises postélectorales. À la suite de la restitution des exercices, il est ressorti que les colorations politiques des organes de presse et d’autres facteurs peuvent influencer les publications dans les médias et être à la base de crises.
M. Ngefa a conseillé les participants sur la question de l’influence des médias sur la paix et les droits de l’homme et invité les professionnels de médias à ne pas inciter à la violence, ne pas porter atteinte à la dignité et aux droits des personnes notamment des personnes mises en cause, des victimes, des témoins, et l’interdiction de l’utilisation des images des enfants etc.
« Les médias ont un rôle central à jouer surtout en période électorale, les médias ont une grande responsabilité en matière d’information et de sensibilisation du public, de manière objective et équilibrée aux niveaux national et international, » a rappelé Harouna Modibo Touré, le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication qui présidait la cérémonie d’ouverture. Face à lui, le Président du Réseau Media et droits de l’Homme, la Représentante du Directeur de la Division des Droits de l’Homme et de la Protection, le Représentant de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et la Ministre des Droits de l’Homme, Kadidia Sangaré-Coulibaly. Pour Mme Coulibaly : « le droit de pouvoir informer librement sans être l’objet de pressions ou d’intimidations a pour corollaire le devoir de délivrer aux électeurs, une information responsable c’est-à-dire objective, instructive et constructive. C’est donc un travail complexe, avec des défis à relever et des pièges à éviter qui vous attendent pour le plein respect des droits de l’homme ».
Pendant trois jours, la situation sécuritaire et politique, son impact sur les droits de l’homme, les normes des droits de l’homme applicables aux élections, les normes régissant la presse et les élections et les techniques de couverture des élections selon une approche basée sur les droits de l’homme, ont été développées par des experts chevronnés.
Minusma