Le 9 mai 2020, Professeur Clément DEMBELE, Président de la Plateforme de Lutte contre la Corruption et le Chômage (PCC), serait arrêté par les services des renseignements généraux du Mali et depuis ses proches n’ont aucune nouvelle de lui.
Le 11 mai 2020, Monsieur Nouhoum SARR, Président du Parti Africain pour le Développement (FAD), avait également été arrêté par la Brigade d’Investigation Judiciaire, traduit devant le Tribunal de Grande instance de la commune 3 et est libéré depuis avant hier 12 mai à la suite du classement sans suite opéré par le Procureur de la République.
L’AMDH rappelle que la liberté d’expression participe de la démocratie chèrement acquise en 1992 et est protégée par la constitution du 25 février 1992, notamment en son article 4 qui prévoit que «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi». La déclaration Universelle des Droits de l’Homme va plus loin dans son article 19 en ces termes : «tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit».
L’AMDH encourage le pouvoir judiciaire, gardien des libertés conformément à l’article 81 de la constitution, de veiller davantage au respect des droits et libertés définis et protégés par la Constitution et les instruments juridiques internationaux et régionaux.
Se félicitant du classement sans suite du dossier à l’encontre de Monsieur Nouhoum SARR et s’inquiétant du sort de monsieur Clément DEMBELE, l’AMDH exhorte les autorités à faire davantage preuve de discernement dans les interpellations tout en évitant les arrestations et détentions arbitraires.
Par ailleurs, l’AMDH attire l’attention des plus hautes autorités sur l’impérieuse nécessité de judiciariser les dossiers se trouvant au niveau de la Sécurité d’État en vue de se conformer aux textes en vigueur en République du Mali. En effet, plusieurs cas de personnes qui y seraient détenues depuis des mois sans nouvelle de leur famille et sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit ouverte à leur encontre, ont été signalés à l’AMDH par leurs proches et avocats.
Enfin, l’AMDH tient à réaffirmer sa détermination à la défense de la liberté d’expression et de l’Etat de droit au Mali.
Fait à Bamako, le 14 Mai 2020
Me Moctar MARIKO
Président de l’AMDH