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Les humeurs de FACOH : Les misères de notre classe politique

Par classe politique au Mali, on entend généralement les forces sociales qui ont combattu la dictature politico-militaire installée dans le pays depuis 1974 après une période musclée de régime sauvage appelé comité militaire de libération nationale (CMNL) qui gouverna de 1968 à 1974.

 

Ces forces en lutte contre les dictateurs militaires et civils le faisaient pour des objectifs précis dont les fondamentaux étaient l’instauration du multipartisme politique et du pluralisme syndical. Tous les partis politiques, ceux de la veille comme du lendemain, furent issus de ce cadre et, s’il y eut après des divergences, ce fut dans l’exercice du pouvoir politique après la proclamation du libéralisme politique en mars 1991. En vérité la IIIè République fondée par la Constitution de février 1992, qui n’est d’ailleurs qu’un vulgaire calque de celle de 1958 du Général De Gaulle, avait bien démarré au point de vouloir faire démentir le mythe de Sisyphe, tant l’adhésion des populations au projet politique de l’Adéma était totale. Si au début, l’objectif principal de la lutte commune était de mettre fin à la dictature, une fois cet objectif atteint, le fonctionnement de l’Etat démocratique qui, un temps se vantait d’avoir mis en place la meilleure démocratie africaine, montra des dysfonctionnements quasi insurmontables qui mirent en péril l’existence même du système.

Pourtant en des années antérieures, Jacques Chirac, alors maire de Paris, qui tout en se plaignant des odeurs et des piments des cuisines africaines dans les banlieues parisiennes, avait affirmé que la démocratie, au sens occidental du terme, était un luxe pour l’Afrique. L’expression bien sûr, avait choqué les Africains aussi bien de l’intérieur que de la diaspora mais à la manœuvre on est bien obligé de donner raison à l’ancien député de Corrèze et futur président de la République française. L’ancien maire de Paris savait de quoi il parlait pour avoir avalé quelques morceaux d’histoire de France qui avait mis presque 200 ans à construire sa démocratie.

En moins de temps qu’il ne suffit pour le dire, le parti majoritaire accoucha pour des intérêts divergents d’au moins 3 partis majeurs de contestation, à savoir le Miria, le RPM et l’URD. La parturiente pour être douloureuse, n’en montra pas moins la cupidité de la classe politique qui se déchirait pour des marchés à obtenir ou des postes d’ambassadeur à l’étranger plus pour y faire des affaires que pour s’occuper de diplomatie. Rien de sérieux dans tout cela sauf que les uns et les autres avaient oublié qu’ils avaient une nation à reconstruire après plus de 20 ans de dictature et de sous-développement aggravé.

En 2002, en cédant si facilement le pouvoir à un indépendant dont le seul mérite était d’avoir trahi son mentor de général, elle franchit le rubicond de la trahison en étalant sa vénalité par terre aux yeux du public. Le consensus de bidon vide qui en sortit acheva de discréditer tout le gotha de cette classe politique pour ce renoncement aux idéaux de Mars 1991. Depuis sa descente aux enfers se poursuit et si demain les islamistes fonçaient sur Bamako pour y instaurer un régime de charia rétrograde, la responsabilité en incomberait au premier chef à ce bordel de classe politique qui a trahi son peuple.

 

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

Mali Tribune

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