Le Mali est le seul pays du Sahel où éclate de façon cyclique depuis l’indépendance en 1960, une rébellion tantôt pour des motifs économiques comme en 1963, tantôt pour des raisons politiques visant l’autonomie que réclame une élite minoritaire pourtant formée aux frais de l’Etat malien.
La question n’est ni d’ordre racial, ni ethnique. Mais c’est sous cet angle que les Occidentaux la présentent souvent et font valoir la thèse d’une minorité blanche opprimée par les Noirs du Mali. Pourtant, le Mali est entouré de voisins comme le Niger, la Mauritanie, l’Algérie et le Burkina Faso qui abritent eux aussi d’importants groupes ethniques qui ne formulent pas de revendications semblables à ceux du Mali.
Beaucoup d’analystes pensent que le cas malien est plus politique et idéologique qu’autre chose et mettent l’accent sur l’immixtion de la France dans cette affaire. Ils expliquent la résurgence des rébellions au Mali par l’orientation politique des régimes maliens que désapprouve l’ancienne métropole qui, ulcérée par les choix politiques maliens, se sert des irrédentistes pour manifester son mécontentement et déstabiliser le pays.
L’option socialiste et la collaboration avec les pays du bloc socialiste, choisies par l’US-RDA après le cinglant Non de Sékou Touré en 1958, furent considérées par le général de Gaulle comme une véritable déclaration de guerre à sa patrie.
De 1960 à 1963 le gouvernement français ne fit qu’entreprendre des actions de sabotage de l’économie malienne et de soulever, sous le prétexte de la marginalisation, les Touareg en 1963 contre le gouvernement malien.
L’objectif final visé étant de se débarrasser de Modibo Kéita et de son équipe de socialistes à la solde de Moscou, cette première rébellion décrite par certains observateurs comme celle de la faim, avait bien des causes politiques cachées, d’où la solution militaire choisie par le gouvernement pour la mater.
Le lieutenant Moussa Traoré monté en selle en 1968 à la place de Modibo Kéita se fit l’élève fidèle de la France jusqu’à la Conférence de la Baule organisée par François Mitterrand en 1989 et au cours de laquelle Moussa osa s’insurger contre la France en matière d’aide au développement et de démocratie.
La suite est bien connue de tous avec l’éclatement de la rébellion de 1991 qui emporta son régime devenu impopulaire entretemps et contre lequel s’était dressé le peuple malien tout entier.
D’accord politique en Flamme de la paix, la IIIe République géra les montées d’adrénaline et les sautes d’humeur des mouvements touaregs. Mais la crise couvait et le paroxysme fut atteint en 2012 avec la chute d’ATT et l’invasion des trois quarts du territoire par les jihadistes et les narcoterroristes regroupés au sein du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ayant pris le train de la révolte en marche.
L’Opération Serval montée par François Hollande pour vider le territoire de ses ennemis, remplacée plus tard par Barkhane, mit carrément le pays sous tutelle française jusqu’en août 2020 où le président IBK fut renversé par le CNSP et une transition militaire installée.
La collaboration russe choisie par les colonels de la Transition au détriment de la France de Macron fut à nouveau dénoncée par ce dernier qui évoqua l’existence d’une compagnie de mercenaires russes au Mali pour décimer le peuple touareg.
Pendant ce temps, l’armée malienne complètement désarmée depuis les débuts de la IIIe république, fut réarmée en vue de la libération du territoire. Le 14 novembre 2023, après 11 ans d’absence, l’armée malienne fit une entrée triomphale à Kidal presque sans coup férir.
On espère qu’avec cette débandade des rebelles, cette fois-ci la tête du serpent de mer est définitivement coupée.
Facoh Donki Diarra
Écrivain
Mali Tribune