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Les enfants naturels, phénomène galopant à Bamako

« En dix ans, la proportion d’enfants nés hors mariage est passée de 2,5% à 10% ! », déclare un officier d’état-civil en fonction depuis une quinzaine d’années dans le District de Bamako. Pourquoi une telle tendance, vérifiable dans toute la capitale ? Parmi les multiples causes figurent l’urbanisation de plus en plus anarchique, synonyme de perte de repères, d’une grande permissivité allant de pair avec le libertinage, ainsi que la détérioration des valeurs traditionnelles. Le développement frénétique des nouvelles technologies est venu amplifier l’accès, sans précaution aucune, à des programmes induisant des modes de conduite incitant à la débauche, comme des vidéos pornos dans les téléphones.

 

La combinaison de tous ces facteurs a fait chuter l’âge d’initiation sexuelle. Poussés par une curiosité irrésistible ou l’appât du gain et sollicités par des adultes de plus en plus frustrés et névrosés, des enfants paumés, de 12, 11, voire 10 ans, n’ont plus peur de franchir le Rubicon. Les gamines chassées par leurs parents à cause d’une grossesse précoce sont légion dans Bamako. « Bonnes », vendeuses ambulantes, écolières en rupture de scolarité sont des proies faciles, à la portée de jeunes garçons ou d’adultes sans scrupules. Consentantes ou violées, elles peuvent devenir enceintes. Les auteurs sont rarement inquiétés, bénéficiant trop souvent de la protection de parents ou connaissances influents.

Jadis objet de honte et de déshonneur, l’enfant né hors mariage, appelé « enfant naturel » en opposition à « enfant légitime », se banalise à un rythme effarant. Il n’est pas rare de voir de très jeunes filles abandonner leur nouveau-né ou le jeter dans la nature, des cabinets, voire un caniveau, pour disparaître ensuite, se mettant ainsi à l’abri de l’opprobre. Beaucoup de ces enfants, victimes de stigmatisation et de discrimination systématiques, errent en ville, hauts comme trois pommes, vulnérables, sans attaches familiales, grossissant la cohorte des enfants de la rue ou atterrissant à la Pouponnière de Bamako-Coura ou au Centre d’accueil et de placement familial de Niamana, rattachés à la Direction nationale de la Promotion de l’enfant et de la famille (DNPEF).

Il ne manque pas d’associations caritatives pour voler au secours de ces petites victimes. C’est le cas de la Communauté des Béatitudes, une congrégation catholique, à Torokobougou, en Commune V du District de Bamako, qui, depuis 1996, accueille des jeunes filles et femmes rejetées par leurs familles. « Notre accueil porte en priorité sur les filles et mères en détresse, mais également les enfants et les jeunes filles de la rue », lit-on dans sa brochure de présentation. 

L’État malien n’est pas indifférent à ces enfants en situation plus que précaire. Le Code de protection de l’enfant a pour objectif de « préparer l’enfant à une vie libre et responsable, dans une société civile solidaire, fondée sur l’indissolubilité de la conscience des droits et des devoirs, au sein de laquelle prévalent les valeurs d’équité, de tolérance, de participation, de justice et de paix ». Vœu pieux ? Il vous suffit de faire un tour à la Pouponnière, vous n’en ressortirez pas indemnes !

Diomansi Bomboté

Journal du Mali

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